Projet de loi sur l’aide médicale à mourir: Dubé retire un article controversé

QUÉBEC — Le ministre de la Santé cède aux critiques et accepte de retirer un article controversé de son projet de loi sur l’élargissement de l’aide médicale à mourir (AMM).

Christian Dubé a annoncé jeudi en point de presse à l’Assemblée nationale qu’il retirait le pan concernant l’admissibilité des personnes atteintes d’un handicap neuromoteur grave, comme la quadriplégie.

Ce recul survient moins de 24 heures après la présentation du projet de loi.

Le ministre a expliqué qu’il avait entendu les préoccupations des partis d’opposition, et qu’il retirait l’article sur les handicaps afin de ne pas faire «déraper» le projet de loi.

«J’ai un objectif, c’est d’avoir un projet de loi qui rassemble tout le monde», a-t-il déclaré. «On va aller avec le consensus», a ajouté le premier ministre François Legault.

La veille, les partis d’opposition avaient accueilli le projet de loi 38 avec étonnement, en insistant que jamais la question des handicaps n’avait été débattue au Québec.

Ils ont qualifié cet article dans le projet de loi de «lapin sorti du chapeau» du ministre, dénonçant plus tard le travail «brouillon» de Christian Dubé dans ce dossier excessivement délicat.

«Mais c’est donc bien du niaisage. Pourquoi ils l’ont mis dans le projet de loi? On vient de perdre 48 heures. On n’a pas de temps à perdre, là, regardez le calendrier», a rouspété Vincent Marissal, de Québec solidaire.

Jeudi, M. Dubé s’est défendu d’avoir commis une erreur, disant avoir écouté le Collège des médecins qui «poussait beaucoup» pour que les handicaps neuromoteurs graves soient inclus dans le projet de loi.

«Il y a un flou juridique entre le fédéral et le Québec qui est très malaisant pour les médecins, a-t-il expliqué. Si mon erreur c’est d’avoir écouté ce que les gens vivent sur le terrain…, voilà.»

M. Dubé a raconté qu’il avait appelé le président du Collège des médecins, le Dr Mauril Gaudreault, jeudi matin.

«J’ai expliqué au Dr Gaudreault (…) que je ne pouvais pas prendre un risque de faire déraper ce projet de loi là. (…) Je lui ai dit que c’était partie remise. On reviendra avec ça lorsque (…) les Québécois seront prêts.»

Le projet de loi 38 comporte une cinquantaine d’articles.

Il vise dans l’ensemble à permettre aux personnes atteintes d’Alzheimer, par exemple, de faire une demande anticipée pour l’AMM, ce qui fait l’objet d’un consensus au Québec.

Pour l’heure, il faut être apte à consentir au moment d’obtenir l’AMM, sauf exception.