Québec investira 1,1 milliard $ en action communautaire d’ici 2027

MONTRÉAL — Québec promet de plus beaux jours aux organismes communautaires de la province, eux qui ont particulièrement eu la vie dure au cours des dernières années de pandémie en raison d’un manque de ressources combiné à une hausse de la demande.

Le gouvernement Legault veut les aider à poursuivre leur mission et à faire connaître leur importance à la société, c’est pourquoi il investira 1,1 milliard $ au cours des cinq prochaines années pour mettre en œuvre son Plan d’action gouvernemental en matière d’action communautaire 2022-2027.

Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, a affirmé en conférence de presse samedi que cet investissement servira à bonifier et élargir l’offre des organismes communautaires, afin de les aider à accomplir leur mission.

Le plan prévoit notamment 888,1 millions $ consacrés à l’augmentation du financement gouvernemental en appui à la mission globale des organismes communautaires, tandis que 186,8 millions $ serviront à l’amélioration des conditions de travail, à la formation du personnel et à la gestion des ressources humaines.

«L’action communautaire, c’est une composante qui est vraiment essentielle pour le développement social et économique du Québec», a rappelé le ministre Boulet, surtout par le large éventail de domaines concernés: de l’itinérance à la persévérance scolaire, en passant par la violence conjugale, la toxicomanie, l’intégration et bien plus encore.

«C’est un plan qui est cohérent, qui est global et qui comprend des actions concrètes. J’étais bien content d’annoncer ça; on parle de 1,1 milliard $ sur cinq ans», a ajouté le ministre.

Le gouvernement promet d’améliorer la capacité d’agir des organismes communautaires en leur offrant un soutien financier à la hauteur de leur mission. Chaque organisme devra donc présenter sa mission à Québec, qui sera ensuite en mesure de lui offrir les subventions nécessaires à l’accomplissement de ses objectifs.

Un processus qui demeurera simple, a assuré M. Boulet en entrevue avec La Presse Canadienne: «Toutes les demandes de financement pour les organismes communautaires soutenues par mon ministère vont être simplifiées. On va travailler en collaboration avec eux pour s’assurer que tout l’aspect bureaucratique soit allégé le plus possible.»

En plus de soutenir les organismes déjà existants, Québec prévoit une enveloppe de 9,4 millions $ sur cinq ans pour aider de nouveaux joueurs à s’implanter dans leur milieu.

L’éternel défi du recrutement et de la rétention

Puisque les organismes communautaires ne sont pas épargnés par la pénurie de main-d’œuvre, le ministre Boulet a promis que des incitatifs à travailler ou faire du bénévolat chez un organisme seront mis en place.

Cela prendra notamment la forme de l’élargissement de l’accessibilité au régime de retraite et à l’assurance collective, en particulier pour les nouveaux employés, mais M. Boulet a aussi mis l’accent sur l’importance de bien former les gens qui veulent travailler dans le milieu communautaire.

Le ministre a souligné que pour bien commencer sa carrière en action communautaire, il faut d’abord profiter d’une formation adaptée à ce type d’intervention. Le plan prévoit donc 4,4 millions $ pour améliorer les formations disponibles et les rendre plus adaptées à la réalité actuelle.

Il est d’ailleurs mentionné dans le plan que du cheminement doit être fait pour que les formations soient mieux adaptées aux réalités des organisations autochtones, anglophones et à celles des personnes handicapées.

«Il faut retenir les jeunes talents qui souhaitent travailler dans le milieu communautaire, selon M. Boulet. Donc la formation, les avantages sociaux, les régimes de retraite, les assurances collectives, ils doivent y avoir accès.»

Encore du travail à faire

Le Réseau québécois de l’action communautaire autonome a accueilli favorablement le dépôt du plan du ministre Boulet, mais il estime que les investissements dédiés à la mission globale des organismes d’action communautaire autonome sont trop faibles comparativement à d’autres secteurs.

«Le problème, c’est qu’il n’y a pas assez d’argent pour la mission globale et qu’il y a des secteurs qui sont laissés pour compte, a indiqué sa coordonnatrice Caroline Toupin. C’est pourquoi plusieurs sont déçus et même en colère, car la situation est critique sur le terrain, et ce alors que les besoins de la population augmentent.»

Le ministre a répondu que le plan, bien qu’il soit prévu sur cinq ans, n’est pas fixe et pourrait être adapté en fonction des réactions du terrain.

Le gouvernement va notamment mettre sur pied une Table nationale des partenaires de l’action communautaire pour coordonner les actions entre les différents organismes.

«Ça va leur permettre de brasser des idées, de se donner une vision de l’avenir de l’action communautaire au Québec et de voir comment on peut mieux contribuer à la vitalité de la société et de l’économie québécoise», a expliqué le ministre.

Selon M. Boulet, c’est toute la société québécoise qui sortira gagnante de ces investissements pour les organismes communautaires.