Une voix pour les victimes au Conseil de la magistrature, se réjouissent des groupes

MONTRÉAL — Des groupes de femmes se réjouissent d’un aspect passé inaperçu du projet de loi déposé par le ministre de la Justice, qui donnera plus de voix aux victimes.

Le projet de loi du ministre Simon Jolin-Barrette, déposé mercredi, a surtout fait parler de lui pour les modifications apportées aux petites créances et à la médiation.

Mais il comporte aussi une clause ayant pour effet de modifier la composition du Conseil de la magistrature, afin d’y ajouter un membre nommé après consultation d’organismes oeuvrant auprès des victimes d’actes criminels.

En présentant son projet de loi, le ministre Jolin-Barrette a dit vouloir ainsi donner une voix au chapitre aux victimes.

En entrevue jeudi, Manon Monastesse, directrice de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes, s’est félicitée de ce qu’elle voit comme «un aspect central et très important» du projet de loi pour les victimes.

Faire de la place à un représentant des victimes permettra d’«apporter un point de vue beaucoup plus humain, beaucoup plus réaliste des enjeux», croit Mme Monastesse.

Bien que des juges puissent déjà entendre le point de vue d’une victime lors d’un procès, par exemple lorsqu’elle témoigne ou qu’elle lit une déclaration sur les répercussions d’un acte criminel sur sa vie, une place au Conseil de la magistrature apporte une autre dimension.

«Ce qu’on apporte, c’est une vision sociale, une vision globale de tous les enjeux que les victimes peuvent vivre et de toutes les limites, aussi, au niveau de leur témoignage, quand elles vont témoigner qu’elles ont vécu des traumas et que ça va impacter leur témoignage. La personne (au Conseil de la magistrature) va amener une vision d’ensemble des enjeux, des conséquences et des limites aussi que les victimes vivent dans le processus judiciaire», a expliqué Mme Monastesse.

De son côté, le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale y voit aussi une très bonne nouvelle.

«En effet, dans la mesure où le Conseil de la magistrature a la responsabilité d’établir les programmes d’information et de perfectionnement des juges, une personne issue des organismes œuvrant auprès des victimes pourra participer aux débats du Conseil, en apportant un point de vue original et sensible à la réalité que vivent les victimes dans le cadre du processus judiciaire.»

«Il va sans dire qu’accueillir une personne ayant une fine connaissance des réalités des victimes apportera un point de vue essentiel pour l’amélioration du processus judiciaire pour les victimes de violence», a ajouté Louise Riendeau, coresponsable des dossiers politiques au Regroupement.