Tribune libre: Un salaire minimum suffisant pour vivre dignement

OPINION. Mercredi dernier, le Ministre Boulet a annoncé une hausse du salaire minimum québécois à 15,25 $ de l’heure. Cette hausse a fait réagir la Coalition Minimum 18 pour qui, vous l’aurez compris, le salaire minimum devrait se chiffrer au moins à 18$ de l’heure. La Table d’action contre l’appauvrissement de l’Estrie et Illusion Emploi veulent aussi ajouter leur voix à celles qui s’indignent de ce choix politique, qui appauvrit encore et toujours les travailleuses et les travailleurs au salaire minimum.

Cette hausse de 1$ de l’heure avoisine les 7%. Or, dans la dernière année, on a vu une inflation de 11 % sur notre facture d’épicerie et des hausses des loyers disponibles sur le marché, de 26% à Sherbrooke et jusqu’à 54% à Granby (selon le rapport Sans loi ni toit). Les personnes qui travaillent à bas salaire dépensent la grande majorité, voire l’entièreté de leur revenu pour le strict minimum, qui augmente encore plus rapidement que le reste. C’est l’appauvrissement qui les guette !

Le rôle d’un gouvernement aurait été de fixer le salaire minimum à un taux qui permette aux personnes qui travaillent à temps plein de sortir de la pauvreté, pas à un taux qui les y enfoncent encore davantage. Depuis 2019, le nombre de personnes qui ont un emploi et qui fréquentent les banques alimentaires a bondi de 37% selon le Bilan-faim, une conséquence directe des trop bas salaires. Encore une fois, c’est trop peu trop tard et il est certain que ce nombre de travailleurs et de travailleuses qui sont obligé.es de demander de l’aide alimentaire faute de pouvoir se nourrir ne fera qu’augmenter dans la prochaine année.

Pendant que les plus pauvres deviennent plus pauvres et plus nombreux, les plus riches s’en mettent plein les poches. Leurs revenus sont exponentiels et la richesse mondiale ne fait que s’accumuler entre leurs mains. On apprenait même en début d’année qu’en 25 ans, les plus grands dirigeants d’entreprises sont passés d’environ 100 fois le salaire moyen à presque 250 fois. En 43 minutes à peine, les 100 dirigeants d’entreprises les plus riches au Canada font l’équivalent du salaire annuel moyen au du pays.

Ce n’est donc pas par manque de ressources que nous forçons des travailleuses et des travailleurs à vivre dans la pauvreté, c’est par choix politique. La pauvreté n’est pas une fatalité et les moyens pour l’endiguer, on les connaît : il faut se donner les moyens d’aller chercher la richesse là ou elle se trouve et d’assurer une redistribution plus équitable.

Le fait de laisser des personnes vivre dans la pauvreté alors que d’autres monopolisent toutes les ressources est d’une violence inouïe, et cette violence s’intensifie et se perpétue par des décisions politiques comme celle de la CAQ de refuser d’adopter un salaire minimum décent.

Nous nous devons de changer notre vision fataliste et responsabilisante à l’égard des personnes qui vivent cette pauvreté et d’exiger, collectivement, que la dignité et les droits humains de toutes et tous soient respectés.

La Table d’action contre l’appauvrissement de l’Estrie et Illusion Emploi