Le nouveau président Gabriel Gervais veut que le CF Montréal retrouve sa pertinence

MONTRÉAL — Un jour est venu où Joey Saputo a fait un constat perturbant, voire inquiétant: son organisation sportive a perdu de sa pertinence dans son marché. C’est une situation qu’il veut corriger, et il compte y arriver avec la contribution du nouveau président et chef de la direction du CF Montréal, Gabriel Gervais.

Vingt-quatre heures après l’annonce de sa nomination et presque 20 ans après avoir joué son premier match avec l’Impact de Montréal, Gervais a rencontré les médias pendant environ 45 minutes mardi matin au Centre Nutrilait.

«Nous étions à la recherche d’une personne qui incarne les valeurs de ma famille et celles de cette organisation. Un leader mobilisateur qui possède les compétences opérationnelles et stratégiques pour gérer une organisation comme le CF Montréal. Nous voulions aussi une personne qui connaît et comprend bien le soccer, la gestion d’entreprise et le Québec Inc. Gabriel répond à tous ces critères», a déclaré Saputo, qui voit Gervais jouer un rôle de chef d’orchestre pour atteindre les objectifs de l’organisation.

D’apparence détendue, comblé d’être de «retour à la maison» et disant réaliser un nouveau rêve, Gervais a répondu généreusement et sans se défiler à toutes les questions qui lui ont été posées.

Ça inclut celles portant sur la fameuse identité de l’équipe, un dossier qui continue de faire jaser et de susciter une certaine forme de controverse parmi les fans de l’équipe, plus d’un an après le fameux «rebranding».

Gervais l’a également fait en rappelant un élément fondamental. Après presque 13 ans passés chez Deloitte, une entreprise où il occupait le rôle d’associé et qu’il adore encore même s’il vient de la quitter, l’homme de 45 ans aura besoin de temps pour apprendre à connaître tous les rouages de l’organisation et de la ligue, ainsi que tous les gens avec lesquels il travaillera sur une base quotidienne dans les bureaux du stade Saputo.

«À court terme, je veux me familiariser avec les opérations, rencontrer nos employés, rencontrer notre équipe technique. Hier (lundi), j’ai rencontré les employés et ce matin, j’ai rencontré l’équipe technique et les joueurs. Ce furent deux rencontres très stimulantes pour moi. Je veux aussi rencontrer toutes les parties prenantes qui gravitent autour du club ainsi que la MLS», a-t-il d’abord précisé.

«On va travailler très fort comme organisation afin de retrouver notre place, notre pertinence dans le marché pour qu’on puisse rayonner. Je suis conscient que nous devons être enracinés et visibles dans la communauté. Et il n’y a pas une autre façon de le faire», a ajouté l’ancien défenseur et ex-numéro 8 de l’Impact.

Avant 2021

C’est dans son message de présentation de son nouveau président que Saputo a fait allusion à l’importance de regagner de la pertinence dans le marché du club. En fait, Saputo a carrément dit qu’il s’agissait de la mission de Gervais.

Invité à préciser quel est l’état actuel de cette pertinence, Saputo s’est exprimé avec lucidité, tout en reconnaissant que certaines réponses lui échappent encore.

«Quand on est entré en MLS et qu’il y avait un match le samedi après-midi au stade Saputo ou au Stade olympique, on voyait des gens dans la ville avec des maillots de l’Impact. On savait que quelque chose se passait dans la ville. On était plus présent avec nos partenaires, on était plus présent dans la ville comme tel», a-t-il d’abord rappelé.

«Je dirais qu’en 2012, 2013, 2014, ça allait bien et tranquillement, on a perdu ça. Il faut regarder pourquoi. On ne parle pas seulement de 2021 à cause du changement de nom, du logo. Ç’a commencé avant ça. (…) Il y a beaucoup de facteurs auxquels on pourrait attribuer ça, mais c’est quelque chose que l’on doit analyser avec plus de profondeur.»

Quant à l’identité de l’équipe, Gervais a avoué qu’il s’agit d’un dossier sensible pour tous et qu’il l’avait été pour lui aussi.

«Quand j’ai appris la nouvelle (du changement de nom et du logo), ça m’a frappé. Je ne comprenais pas et je vous dirais que ç’a été dans la façon que ç’a été communiqué», a-t-il déclaré.

«La façon dont le nom a été changé de l’Impact vers le CF Montréal, c’était dans une vision de mettre la ville, la communauté, au centre de l’équipe. Je le comprends parfaitement. Et d’utiliser une appellation, une nomenclature plus internationale, globale du soccer, moi je suis correct avec ça. Donc, ce que je peux vous dire aujourd’hui, c’est que le nom CF Montréal est là pour rester», a fait savoir Gervais.

Par ailleurs, Gervais avoue que l’organisation n’a peut-être pas bien communiqué l’histoire de l’organisation dans le cadre de ce changement d’identité.

«On avait l’impression, moi étant le premier, qu’on tournait un peu le dos sur toute notre histoire. Ce n’était pas intentionnel de faire ça, loin de là. Comme vous avez vu dans la campagne de marketing, il y a beaucoup d’éléments de notre histoire qui ressortent. Le ‘Allez, allez, allez’, ça m’a donné des frissons, honnêtement. Je me rappelle de ces chants-là quand on jouait à Claude-Robillard la première année. On est à l’écoute des partisans, de nos supporters, de nos partenaires pour ramener davantage, si l’on veut l’histoire du club. Et il y a déjà des démarches qui ont été mises en place avant mon arrivée pour avoir une réflexion sur le logo», a aussi révélé le nouveau président et chef de la direction.

Cette nouvelle appellation et le nouveau logo ont créé des déchirements avec certains partisans qui ont fait du fracas. Une section derrière l’un des filets a même été fermée et certains partisans se sont fait refuser l’accès au stade Saputo la saison dernière.

Gervais veut restaurer une relation harmonieuse avec l’ensemble des partisans de l’équipe et instaurer un dialogue avec eux car il sait, dit-il, à quel point l’appui du public à un groupe de joueurs peut s’avérer inspirant.

«Ultimement, on veut que les tous les supporters soient au stade. C’est le but du club, je vous le garantis. Il y a un projet, il y a des réflexions qui sont en train de se faire, à savoir comment on peut unifier nos supporters.

«Je vais poser une question mais je connais la réponse. Préférez-vous avoir 1000 ou 2000 des supporters les plus passionnés de notre club derrière le but adverse pour que le gardien ait vraiment 45 minutes d’enfer ou vous préférez qu’ils soient éparpillés dans le stade? Nous, on souhaite unifier tous nos supporters. Ultimement on est tous ici pour aider le club. Et c’est ça qu’on veut.»