La réflexion d’Alain Faucher
SPORTS. À la barre du Challenger; aujourd’hui les Championnats Banque Nationale, depuis 2006, Alain Faucher carbure aux défis. Après toutes ces années, il voit encore grand pour l’événement sportif qu’il chérit tant. À 73 ans, bien que sa santé soit précaire, le Granbyen a encore quelques idées dans son sac qu’il compte bien vendre en temps et lieu aux instances concernées. Oui, le Granbyen aime son sport et sa ville.
Alors qu’il pourrait se contenter de regarder les jeunes pousses et les professionnels plus aguerris de l’ATP et de la WTA comme la Russe Daria Kasatkina (elle trône au 10e rang mondial…rappelons-le), Alain Faucher s’active toujours dans les coulisses du tournoi. Un mandat qu’il réalise depuis une quinzaine d’années avec sa garde rapprochée de collaborateurs et une horde de bénévoles. Sans cette contribution, rien de tout cela ne serait possible. Le principal intéressé le sait très bien et nous le rappelle d’ailleurs à quelques occasions lors de l’entrevue.
La présentation de la Coupe Davis, l’entrée en scène des femmes, les bourses paritaires pour les hommes et les femmes, la refonte du site. Bien des projets ont été accomplis ces dernières années sous son règne. Mais voilà que le nom de sa ville figure aujourd’hui sur la même liste que Melbourne, Lyon, Budapest, Istanbul, Prague et Séoul avec l’arrivée d’un tournoi catégorie 250 (chez les dames). Un nouveau partenariat avec la WTA qui vient avec son lot d’exigences. À quelques coups de raquette de la fin de l’édition 2022, l’heure du bilan approche.
«Notre réflexion de cette année sur ce qu’on a fait va être plus détaillée qu’en temps normal et c’est certain qu’on va avoir une rétroaction de la part de la WTA et de Tennis Canada», confie Alain Faucher. «On a un nouveau conseil municipal et une nouvelle mairesse qui ont besoin aussi d’être plus informés à cause des challenges qui s’en viennent» , ajoute-t-il. En d’autres mots, tôt ou tard, la Ville et les divers partenaires assis autour de la table vont devoir statuer sur l’avenir des installations du Tennis Saint-Luc. La partie de tennis n’est plus la même avec des joueuses du top 100 et des joutes diffusées dans 165 pays. Une transformation majeure du site actuel? Un complexe de tennis flambant neuf. Pour l’heure, le PDG du tournoi est en mode écoute. «On va voir les exigences d’un peu tout le monde, mais certain qu’il va y avoir une bonne réflexion à faire.»
Bien qu’il soit à l’écoute des requêtes de la WTA et de l’ATP, Alain Faucher vit très bien avec les commodités du Tennis Saint-Luc. Du moins, pour le moment. «Le site, on ne peut pas le changer en une année et en venant ici, la WTA savait très bien dans quoi elle s’embarquait (…). Mais si on veut être des gens responsables, il faut commencer à penser à des alternatives, car on a de la pression.» Entre les lignes, on comprend que d’autres villes canadiennes font déjà de l’oeil à Tennis Canada.
Du tennis de qualité et la suite
Entre deux poignées de main et quelques dossiers à régler, Alain Faucher a eu la chance d’observer le talent présent à Granby cette semaine. «C’est magique (…). La 10e joueuse au monde (Daria Kasatkina, je l’ai regardé jouer à l’étranger et cette semaine, elle est à Granby. Et d’avoir des joueuses en bas du top 100, c’est fort. Mais je n’ai pas vu assez de matchs à mon goût. C’est le prix à payer pour organiser tout ça.»
Pour la suite des Championnats Banque Nationale, Alain Faucher n’a toujours pas annoncé ses couleurs. L’homme de tennis aime son sport et son organisation, mais sa santé demeure sa priorité. Et à 73 ans, on le comprend. «Je suis en grosse réflexion. Je ne veux pas que ce qui m’arrive prenne trop de place (…). Je souhaite qu’on puisse m’étirer. On ne peut plus me sauver, mais on peut m’étirer. Je touche du bois.»
Le PDG du Challenger et des Championnats s’amuse encore en dépit de la maladie et on le sent. Des idées, des plans, des propositions. Il avoue en avoir plein les tiroirs. Oui, Alain Faucher voit encore grand pour le tennis à Granby.