Les Loutres réinventent la natation

NATATION. Qui a dit que la natation ne pouvait pas se pratiquer sur place? Forcé de réinventer le sport en raison de la pandémie et des mesures de distanciation sociale, le club des Loutres de Granby a découvert récemment une toute nouvelle ceinture à deux sangles permettant de travailler la technique, la poussée et la vitesse sans nager d’un bout à l’autre de la piscine.

«Pour le moment, on découvre, on crée, explique l’entraîneuse des Loutres, Nadine Rolland. On est les premiers nageurs au monde qui nagent avec ça parce que la ceinture est commercialisée pratiquement juste ici au Québec. Je n’en avais jamais entendu parler.»

Avant chaque séance à l’extérieur, Nadine Rolland installe les sangles des ceintures à la clôture de la piscine Horner. (Photo: Granby Express-Vincent Lambert)

Le déconfinement du sport annoncé par le gouvernement a amené l’organisation à regarder les outils qu’elle avait en place pour respecter les consignes sanitaires et de distanciation sociale. Résultat: elle a transporté un produit destiné à tous les nageurs de plaisance et l’a adapté dans un milieu compétitif.

Même si les activités ont pu récemment reprendre dans les installations intérieures, les Loutres ont fait le choix de continuer de s’entraîner à la piscine extérieure Horner. La découverte de la ceinture XOLLOX -conçue bien avant la pandémie- est arrivée à point puisque le site ne possède aucun câble ni de lignes pour séparer les athlètes.

«Techniquement, c’est difficilement utilisable pour un club de natation de compétition pour de l’entraînement, fait valoir l’ancienne Olympienne. […] On a essayé de réfléchir à un projet là-dessus. J’ai découvert ça; je l’ai essayé personnellement dans notre piscine. J’ai découvert les bénéfices de cette ceinture-là. Tu peux faire le même type d’entraînement que tu fais habituellement dans une piscine [de compétition].»

Un laboratoire à l’essai

La ceinture XOLLOX n’a peut-être pas été créée à la base pour les clubs de natation, mais son impact est immédiat, se réjouit Nadine Rolland.

«Elle a vraiment été créée pour quelqu’un chez lui et qui nage sur place, indique-t-elle. […] On est un peu les testeurs de ça. C’est un peu un laboratoire qu’on a en ce moment. On teste les fonctions, les ajustements. Tu peux nager all out. Le nageur est dans son espace et il peut plus réfléchir sa technique. Le style allonge. Avec la ceinture, tu es obligé de bien nager.»

La ceinture permet aux athlètes de travailler encore plus fort. (Photo: Granby Express-Vincent Lambert)

Bien que la piscine Horner ne soit pas la plus grande, l’organisation des Loutres réussit à faire bouger tout de même simultanément 10 nageurs alors que les 10 autres sont en dehors de l’installation et réalisent différents exercices. Et aucun ne se touche grâce à ce nouveau concept dont la Ville a donné son aval. Vitesse, technique et point d’appui peuvent être peaufinés.

«On a des sangles qui sont accrochées à la clôture, explique Nadine Rolland, qui précise que le club possède vingt ensembles. Je peux les mettre à différentes hauteurs et les nageurs nagent sur place. C’est la deuxième semaine qu’on travaille avec [elle], j’essaie différents types d’entraînements. Avec cette technologie-là, on a décidé de réimaginer la natation.»

Chez les jeunes athlètes, la ceinture a aussi la cote alors qu’elle leur permet de travailler encore plus efficacement.

«Je trouve que c’est le fun, raconte Manuel Asselin. Tu as plus d’appui dans l’eau. Tu peux plus sentir l’eau. Ça donne toujours un challenge.» «On se sent plus grand dans l’eau, ajoute pour sa part Samuel Desloges. Tu as aussi de la petite résistance, donc on travaille plus. C’est plus musculaire, je trouve. Quand les entraînements [intérieurs] vont reprendre, avoir une partie avec cette ceinture-là, ce serait bénéfique, je pense.»

Un outil à conserver

Nadine Rolland est dans le domaine de la natation depuis des années. Et rapidement, elle est tombée sous le charme du produit 100 % québécois, qui a été adapté sur mesure pour les besoins des Loutres.

Les entraîneurs des Loutres, Frédérick Asselin et Nadine Rolland. (Photo: Granby Express-Vincent Lambert)

«Tu peux faire ce que tu veux avec [la ceinture], admet la principale intéressée, qui est maintenant porte-parole de cet équipement. J’ai vraiment trippé. Ça m’a pris une fois à l’essayer dans ma piscine personnelle pour dire que là, on avait quelque chose.»

Lorsque la pandémie sera passée, les Loutres souhaitent continuer d’utiliser ce nouvel outil de travail puisque son impact est bénéfique dans le développement des nageurs. D’ici là, le club continuera d’amasser des données.

«C’est tellement nouveau que tout ça n’a pas été fait, note Mme Rolland. Chacun a son espace de travail et peut rentrer dans son style, s’allonger. La prise d’appui est définitivement meilleure parce que tu as une résistance […] qui te fait travailler plus fort que si tu nageais librement. On découvre des choses qui vont pouvoir être améliorées pour que ce soit plus fonctionnel pour les clubs de natation. Une innovation comme ça à Granby, c’est intéressant.»