L’heure des choix pour Tyson Jacob

NATATION. Âgé de 15 ans, le paranageur Tyson Jacob arrive bientôt à la croisée des chemins. Après avoir battu plusieurs records canadiens,  il devra maintenant décider quels sont ses objectifs: nager pour le plaisir ou atteindre les plus hauts niveaux?

«Là, on est en train, avec ses parents, d’enseigner un peu ce qui s’en vient parce que je pense que pour tout le monde, c’est arrivé tellement vite qu’il y a tout l’aspect acquis, souligne Frédérick Asselin, directeur général du club des Loutres. C’est agréable tout ce qui se produit, mais il faut quand même ramener les pieds sur terre.»

Présentement, Tyson Jacob s’entraîne de deux à trois fois semaine avec Les Loutres de Granby, qui comptent une centaine de nageurs. De nature réservée et timide, le jeune athlète affiche un large sourire sur son visage quand on lui parle de natation.

«Dans la natation, ce que j’aime vraiment, c’est l’ambiance du groupe, commente le paranageur, sans indiquer toutefois s’il souhaite avoir une longue carrière. Ce n’est pas un sport individuel où tu nages tout seul. C’est un sport [dans lequel] tu es en équipe  et tout le monde autour t’encourage. C’est vraiment devenu une passion pour moi.»

Si Tyson Jacob souhaite devenir un jour un athlète de haut niveau, Frédérick Asselin estime qu’il devra augmenter la cadence de ses pratiques et trouver un équilibre.

«Ce n’est plus le programme récréatif d’il y a quatre ans quand on a reçu Tyson, fait-il remarquer. Pour qu’on puisse mieux le supporter, là, ça devient plus: c’est quoi tes objectifs? Que veux-tu faire? Où allons-nous? Il faut progresser; à deux ou trois fois semaine, j’ose dire que c’est beaucoup plus difficile.»

Selon le directeur général des Loutres, il ne fait pas de doute que si Tyson Jacob choisit de s’y mettre, il atteindra ses objectifs en raison du potentiel qu’il a démontré depuis qu’il s’est joint au club.

«Pendant son parcours, on va l’assister; on va voir où ça s’en va, assure Frédérick Asselin. On ne force pas personne dans la vie, mais il va falloir qu’il prenne la décision de s’investir. Je ne peux pas dire aujourd’hui si ce sera la décision qui sera prise.»

Un «hype» autour de Tyson

Reclassé par Natation Canada, en janvier, dans une catégorie moins élevée, Tyson Jacob a fracassé des records canadiens.

«Au début, Natation Canada pensait que son bras gauche et sa jambe gauche reviendraient, explique Nadine Rolland, entraîneuse en chef des Loutres. Après deux ans, ils [gens de l’organisation] se sont aperçus que non. Dès qu’ils ont fait le changement, avec les temps que Tyson faisait à l’époque, on s’est aperçu qu’il était collé aux records canadiens.»

«C’est super intéressant, poursuit l’ancienne olympienne. C’est un jeune homme de 15 ans  qui fait des records canadiens seniors; ça veut dire que s’il continue de s’améliorer comme ça, il va rebattre ses propres records.»

Tyson Jacob se sent choyé de travailler avec Nadine Rolland et Frédérick Asselin. «Ils prennent vraiment soin de moi; ils me traitent comme leur enfant, admet celui qui apprend à rester positif et à ne jamais perdre confiance. Je veux garder la natation vraiment pour avoir du plaisir, ça m’aide à me relaxer. Mais c’est sûr que des fois, il faut que je me pousse à faire des performances dans des compétitions.»

Nadine Rolland le confirme: il y a encore de la place pour raffiner la technique et pour monter de niveau avec davantage de séances d’entraînement. Peu importe la décision de Tyson Jacob, Les Loutres vont le soutenir. Cependant, elle ne cache pas que des ouvertures s’ouvriront s’il plonge à fond dans l’aventure.

«Comme athlète, on sait aussi saisir les opportunités quand elles se présentent, indique-t-elle. Quand tu vois une porte qui est entrouverte et qu’un athlète est décidé, il va aller te l’ouvrir et rentrer dedans. Avec Tyson, on voit ces portes-là, elles ne sont peut-être pas là demain matin, mais il y a une ouverture qui se passe.»

Une adaptation

Nadine Rolland et Frédérick Asselin n’avaient jamais travaillé avec un nageur comme Tyson Jacob, mais ils se sont adaptés pour offrir le meilleur encadrement possible au jeune homme en lui transmettant leur passion.

«L’idée était de le faire sentir bien, qu’on développe des affinités et [qu’on forme] une famille, note Nadine Rolland. C’était ça un peu l’approche. La natation, c’est plus tu es dans l’eau, meilleur tu deviens; il n’y a pas de secret.»

Si au début de sa jeune carrière Tyson Jacob était limité dans ses mouvements, maintenant le paranageur est capable de réaliser plusieurs choses dans la piscine, au grand bonheur des personnes qui l’encadrent.

«C’était un challenge que je voyais plutôt que quelque chose qui serait impossible, admet pour sa part Frédérick Asselin. C’est inspirant; je voyais ce qui se passait et je me disais, dans les six premiers mois, qu’il y [avait] quelque chose à faire. Je sentais une petite souche de compétitif. Ç’a été facile de l’accepter.»

Nadine Rolland et Frédérick Asselin ne savent pas encore dans quelle direction nagera Tyson Jacob au cours des prochaines années. Par contre, ils aimeraient bien que le jeune homme aille jusqu’au bout.

Dans quelques mois, Tyson Jacob ira prendre de l’expérience aux essais olympiques à Toronto, du 30 mars au 5 avril. Et dépendamment du dénouement, un plan de quatre pourrait être mis sur pied s’il le souhaite pour participer aux Jeux de 2024, «ce qui est beaucoup plus réaliste que 2020», estime Frédérick Asselin, qui rappelle l’importance de laisser Tyson Jacob aller à son rythme.