Animateur de radio et ex-ministre péquiste: Bernard Drainville candidat de la CAQ

QUÉBEC — L’ex-ministre péquiste devenu animateur radiophonique Bernard Drainville choisit de refaire le saut en politique, cette fois-ci avec la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault.

Il sera au nombre des candidats-vedettes de la CAQ lors du prochain scrutin. L’annonce officielle sera faite ultérieurement, mais elle a été confirmée en coulisses vendredi.

Figure marquante pendant des années du Parti québécois (PQ), M. Drainville aura donc choisi de tourner le dos à son ancienne formation politique pour lui préférer la CAQ.

Ancien député de Marie-Victorin, M. Drainville pourrait cette fois porter les couleurs de la CAQ dans Lévis, une circonscription qui s’est libérée le jour même avec le départ annoncé précipitamment du président de l’Assemblée nationale, François Paradis, qui ne sollicitera pas un troisième mandat.

Le populaire animateur de radio au 98,5 depuis six ans a annoncé jeudi soir à la direction de Cogeco qu’il quittait ses fonctions, pour répondre à l’appel de l’action politique.

La rumeur voulant que François Legault le courtisait ardemment pour faire partie de son équipe circulait depuis plusieurs mois. Le principal intéressé a pourtant toujours nié catégoriquement son intérêt pour la CAQ, affirmant jusqu’à tout récemment qu’il venait tout juste de renouveler son contrat avec Cogeco, un contrat fort lucratif.

Père de la controversée charte des valeurs, M. Drainville a été ministre dans le cabinet de Pauline Marois, de 2012 à 2014.

Longtemps journaliste à Radio-Canada, Bernard Drainville, qui habite la région de Québec, aura 59 ans la semaine prochaine. Il a été élu quatre fois député péquiste de Marie-Victorin, en Montérégie, de 2007 à 2014. Il avait quitté la politique en 2016.

En 2014, après la défaite du Parti québécois aux élections générales et le départ de Pauline Marois, M. Drainville avait tenté sa chance pour devenir chef du PQ. Mais il avait choisi de se désister en cours de route, constatant qu’il n’avait aucune chance contre Pierre Karl Péladeau, auquel il s’était rallié.

Réactions diverses

Dans le camp péquiste, l’adhésion à la CAQ de l’ancien compagnon de route a été accueillie comme une douche froide.

Selon le député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, l’ancien animateur de radio a fait preuve de complaisance, systématiquement, au cours des dernières années envers le gouvernement Legault dans ses chroniques quotidiennes visant à commenter l’actualité politique.

Il estime que Bernard Drainville a choisi de servir ses propres «ambitions politiques» au lieu de rester fidèle à ses convictions, compte tenu que la CAQ, contrairement au PQ, a le vent dans les voiles.

«J’affirme, sans aucune ambiguïté, qu’il a été complaisant et s’est toujours préservé d’attaquer directement la CAQ depuis plusieurs années», a soutenu M. Bérubé, en mêlée de presse.

Le chef parlementaire péquiste, Joël Arseneau, a renchéri pour dire que M. Drainville était «très proche du gouvernement dans ses propos» en ondes.

Le député solidaire Gabriel Nadeau-Dubois s’est dit quant à lui convaincu que cette candidature était la preuve que François Legault avait l’intention de faire porter la prochaine campagne électorale sur l’interdiction des signes religieux et l’immigration. 

Du côté libéral, on juge que ce «farouche indépendantiste» viendra confirmer la «gouvernance péquiste» et la «démarche séparatiste» de François Legault, selon le député Marc Tanguay.

Ce dernier dit que «l’agenda souverainiste» du premier ministre Legault «est de moins en moins facile à cacher».

C’est un fait que le chef de la CAQ aime bien recruter en terre souverainiste. Dimanche, il rendra officielle la candidature dans Sherbrooke de l’ex-députée bloquiste Caroline St-Hilaire, longtemps active au PQ et conjointe de l’ex-ministre péquiste Maka Kotto. 

Au conseil des ministres et dans le caucus caquiste, où on trouve plusieurs fédéralistes, cette situation est de nature à créer un certain malaise. Dans les corridors, vendredi, certains tenaient à se faire rassurants. «La CAQ n’est pas souverainiste. Notre caucus ne fera pas la promotion de la souveraineté», a prévenu le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon.  

Lors d’une brève mêlée de presse, M. Legault n’a pas voulu commenter l’arrivée de M. Drainville dans son camp.

Ce dernier n’a pas donné suite aux demandes d’entrevue.