Armes à feu: Biden voit la possibilité d’une approche républicaine «rationnelle»

WASHINGTON — Le président des États-Unis Joe Biden a déclaré lundi que le «deuxième amendement n’a jamais été absolu» et qu’après la fusillade dans une école primaire du Texas, il pourrait y avoir un soutien bipartisan pour resserrer les restrictions sur le type d’armes de grande puissance comme celle utilisée par le tireur.

«Je pense que les choses sont devenues si mauvaises que tout le monde devient plus rationnel, du moins c’est mon espoir», a mentionné M. Biden aux journalistes avant d’honorer les morts de la nation lors du Memorial Day au cimetière national d’Arlington.

Joe Biden s’est rendu dans la communauté brisée d’Uvalde, au Texas, pleurant en privé pendant plus de trois heures avec des familles angoissées par la mort des 19 enfants et des deux enseignants qui ont péri dans la fusillade. À la sortie d’un service religieux, devant des slogans: «faites quelque chose», M. Biden s’est engagé en répondant : «Nous le ferons.»

Après le voyage à Uvalde, le président Biden a passé dimanche soir chez lui dans le Delaware. Alors qu’il arrivait à la Maison-Blanche pour les événements du Memorial Day, on lui a demandé s’il était maintenant plus motivé pour voir de nouvelles limites fédérales être imposées aux armes à feu.

«J’ai été assez motivé tout au long, a-t-il assuré. Je vais continuer à pousser et nous verrons comment cela se passe.»

Au Congrès, un groupe bipartisan de sénateurs a discuté au cours du week-end pour voir s’ils pouvaient parvenir à un compromis, même modeste, sur la législation des armes à feu après une décennie d’efforts pour la plupart infructueux. Cela impliquait d’encourager des lois auprès des États pour éloigner les armes à feu des personnes souffrant de problèmes de santé mentale.

«Le deuxième amendement n’a jamais été absolu, a déclaré M. Biden. Vous ne pouviez pas acheter un canon lorsque le deuxième amendement a été adopté. Vous ne pouviez pas sortir et acheter beaucoup d’armes.»

Plus tard, le président et la première dame Jill Biden ont été rejoints par la vice-présidente Kamala Harris, le deuxième gentleman Doug Emhoff, le secrétaire à la Défense Lloyd Austin et le président des chefs d’état-major interarmées, Mark Milley, au cimetière national d’Arlington pour une cérémonie de dépôt de couronnes de fleurs à la Tombe du Soldat inconnu.

Au garde-à-vous sous un ciel sans nuage dans la chaleur de la fin mai, M. Biden a fait un salut après avoir déposé devant la tombe la couronne de fleurs multicolores enveloppées de ruban rouge, blanc et bleu. 

Prononçant une allocution en l’honneur des militaires décédés, il a dit que «le jour du Souvenir est toujours un jour où la douleur et la fierté se mêlent.»

«Aujourd’hui, nous sommes libres parce qu’ils ont été courageux», a-t-il ajouté. 

L’expérience de la nation en matière de démocratie reste menacée, à la fois à l’étranger, sous la forme de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, autant à l’intérieur du pays. Il a dit que le maintien de la démocratie était «la mission de notre temps».

«Notre mémorial ne doit pas être juste un jour où nous nous arrêtons et prions, a déclaré M. Biden. Cela doit être un engagement quotidien d’agir, de se rassembler, d’être digne du prix qui a été payé.»

Dans ses déclarations précédentes aux journalistes sur les armes à feu, Joe Biden a mentionné qu’il n’avait pas parlé aux républicains de la question, mais il supposait qu’ils allaient devoir s’y pencher sérieusement. 

Il n’y a pas assez de soutien de la part des républicains du Congrès pour des mesures plus larges sur les armes à feu populaires auprès du public – comme une interdiction des armes de type assaut ou encore des vérifications universelles des antécédents sur les achats d’armes à feu. Pourtant, les défenseurs démocrates espèrent que des mesures significatives pourront encore être adoptées.

M. Biden a dit qu’il avait pris des mesures exécutives sur les armes à feu, mais il souligne qu’il «ne peut pas interdire une arme» et ne pas «changer les vérifications des antécédents».

Le président affirme qu’il ne sait pas où en sont les négociations au Congrès, mais «qu’il y a une prise de conscience de la part des républicains rationnels» par rapport au fait que nous ne pouvons pas continuer comme cela. 

Avant de retourner à Washington, le président et la première dame, dont le fils vétéran Joseph R. Biden, dit Beau Biden, est décédé d’un cancer au cerveau en 2015, sont allés à l’église lundi matin et ont déposé des fleurs sur la tombe de leur fils.

«Aujourd’hui, c’est le jour où notre fils est décédé», a indiqué M. Biden à Arlington, disant aux familles qu’il sait que des souvenirs comme celui de lundi peuvent «rouvrir ce trou noir» de douleur.

Il a poursuivi en disant qu’en raison de leur engagement envers les principes de l’Amérique, «une partie d’entre eux est toujours avec nous, peu importe depuis combien de temps nous les avons perdus.»

Les Bidens ont également organisé un petit-déjeuner dans la salle Est de la Maison-Blanche avec environ 130 membres d’organisations d’anciens combattants, des groupes de familles de militaires et de hauts responsables du département de la Défense et autres administrations. 

Le président, la première dame et des représentants de cinq familles Gold Star – familles qui ont perdu des proches au combat – ont également planté un magnolia sur la pelouse sud de la Maison-Blanche. L’arbre provenait d’un jeune arbre d’un magnolia voisin planté par le président Andrew Jackson en 1835.

Plus tard, lui et la première dame ont tenu la main de ceux rassemblés en cercle autour de l’arbre et ont prié en silence.