Congrès conservateur: Poilievre se présente comme la seule autre option à Trudeau

QUÉBEC — Le chef conservateur Pierre Poilievre a présenté vendredi soir sa formation politique «guidée par le gros bon sens qui défend ces Canadiens qui travaillent fort afin qu’ils gagnent plus et paient moins pour la nourriture, l’essence et le logement», comme l’alternative aux libéraux.

La seule autre option est, selon lui, de voter pour «Justin Trudeau et le Bloc qui punissent votre travail, prennent votre argent, taxent votre nourriture et doublent le prix de votre logement».

Dans son discours à portée nationale livré au centre d’une salle comble de militants conservateurs survoltés réunis en congrès à Québec, M. Poilievre n’y est d’ailleurs pas allé de main morte dans ses attaques envers le Bloc québécois à qui il reproche son appui au prix fédéral sur la pollution qu’il nomme «taxe sur le carbone».

«Ça coûte cher voter Bloc. Oui ça coûte très cher voter Bloc, a-t-il déclaré. J’ai un message pour messieurs Blanchet et Trudeau: dans les régions les gens ont besoin de leurs camions et leurs voitures pour leur quotidien et vous n’avez pas le droit de piger dans leurs poches encore.»

Et M. Poilievre a promis de couper une autre «taxe», celle de l’inflation.

«Lorsque les gouvernements impriment de l’argent pour financer leurs déficits, ils augmentent les prix. (…) C’est la pire taxe, parce qu’elle est sournoise, a-t-il soutenu. C’est celle qui fouille dans le portefeuille de la grand-mère âgée à l’épicerie, car ses 100 $ ne lui permettent d’acheter que 80 $ d’épicerie.»

Durant son discours, M. Poilievre est allé jusqu’à pousser timidement la chansonnette après avoir comparé l’accès au logement «après huit ans de Justin Trudeau» à «une dégénération… comme la chanson de Mes Aïeux».

Ses messages aux francophones étaient parfois moins subtils. «Je serai toujours un allié du Québec, du peuple acadien et de tous les francophones à travers le pays, leur a-t-il promis. Un plus petit gouvernement central fera la place à un plus grand Québec et des plus grands Québécois.»

M. Poilievre est monté sur scène après avoir été présenté par son épouse, Anaida, que les conservateurs mettent particulièrement de l’avant depuis la séparation du couple Trudeau. Mme Poilievre a enchaîné les références au Québec, qu’elle a décrit comme «mon chez-moi», et à ses origines d’immigrante.

L’ambiance au congrès est à l’optimisme, suite à un certain nombre de sondages qui donnent aux conservateurs une avance considérable sur les libéraux au pouvoir. Même si aucune élection n’est imminente, ces coups de sonde remontent le moral des troupes, qui réclament un retour au pouvoir après huit ans dans l’opposition.

Ce congrès a lieu presque un an jour pour jour après la victoire éclatante de M. Poilievre, au premier tour de scrutin, dans la course à la direction du Parti conservateur du Canada.

Appel à l’unité de la droite

Plus tôt en journée, l’ancien ministre Peter MacKay a appelé les délégués conservateurs à soutenir les idées du chef Pierre Poilievre et parler d’une seule voix, alors qu’il livrait un discours destiné à démontrer l’unité du parti après des années de luttes intestines.

«S’il n’y a qu’une seule chose dont vous devriez vous souvenir dans ce discours aujourd’hui, c’est que pour bâtir un Canada uni, nous devons rester unis au Parti conservateur», a déclaré M. MacKay.

«Je suis particulièrement optimiste aujourd’hui, car sous la direction de Pierre Poilievre, notre parti aura l’unité, comme je l’ai mentionné, qui est nécessaire pour gagner la confiance des Canadiens dans toutes les régions du pays.»

L’unité a été un objectif délicat pour les hommes qui se sont succédé à la tête de ce parti, non seulement au sein du caucus, mais aussi de la base militante de la droite canadienne. Mais jusqu’ici, la capacité de M. Poilievre à gérer son parti et son caucus, ainsi que la popularité dont il continue de jouir dans les sondages lui confèrent une confiance que beaucoup de ses prédécesseurs n’ont pas connue depuis des années.

La présence de Peter MacKay à ce congrès devait illustrer cette unité, ou était à tout le moins considérée comme une sorte de retour au bercail pour l’ex-ministre de Stephen Harper, et brièvement chef du Parti progressiste-conservateur en 2003-2004.

Présenté par les organisateurs du congrès comme l’un des cofondateurs du parti, faisant référence à son rôle dans la fusion du Parti progressiste-conservateur avec l’Alliance canadienne en 2004, M. MacKay représente une aile plus modérée de la droite canadienne.

C’est cette faction «progressiste-conservatrice» qui, selon les opposants de M. Poilievre, risquait de quitter le parti après sa victoire à la chefferie — ou, pire, rester chez elle le jour du scrutin. 

La présence de M. MacKay vise à démontrer le contraire. L’ancien ministre avait «sauté» le congrès politique virtuel en 2021, après sa défaite dans la course à la direction de 2020, considérée comme humiliante alors qu’il avait été le favori.

Sa présence cette fois-ci à Québec, où plus de 2500 partisans sont rassemblés en fin de semaine, a également alimenté des rumeurs selon lesquelles il reviendrait à la politique active — des rumeurs qu’il s’est bien gardé de faire taire dans son discours.

– Avec des informations de Stephanie Taylor