Développement numérique: Ottawa et Québec investissent 18 M$ dans le commerce du détail

ÉCONOMIE. Un financement paritaire des deux gouvernements est accordé à l’Association québécoise des technologies (AQT) pour stimuler la transformation numérique d’environ 5 000 détaillants possédant moins de 100 employés, avec l’appui opérationnel de l’École des entrepreneurs du Québec (ÉEQ).

 Le projet intitulé Virage numérique bleu d’une valeur de 22 millions de dollars vise à offrir des services spécialisés aux acteurs du commerce du détail dont les revenus ont baissé de 30 à 40 % au moment où 85 % des Canadiens sont réduits aux achats en ligne en temps de pandémie. Selon la ministre du Développement économique et des Langues officielles, Mélanie Joly, et le ministre québécois de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon,

chaque palier de gouvernement va apporter une contribution non remboursable de 9 007 929 $.

«Au cours des prochaines semaines, c’est plus de 50 millions de dollars qui seront attribués par notre gouvernement, dans le cadre de l’Offensive de transformation numérique, pour soutenir des projets visant la numérisation des entreprises», a promis le ministre Fitzgibbon, plaidant pour une nouvelle économie axée sur les technologies d’avenir.

Pendant 3 ans, l’EEQ devra renforcer ses 8 campus de la province pour impacter en moyenne 20 % des établissements du commerce de détail dans chaque région. La Montérégie est la deuxième région la plus dense après Montréal avec 3836 établissements. L’école s’engage à accompagner 154 détaillants sur 827 en Mauricie et 132 établissements sur les 726 enregistrés dans le Centre-du-Québec selon son directeur général, Michel Fortin.

 «Il faut amener les entreprises à aller au-delà de leur propre territoire, pour vendre partout à travers le Québec et le Canada», a soutenu la ministre JolY, expliquant que plus de 60 % des entreprises du commerce de détail n’avaient pas de site web transactionnel avant la pandémie.

Une approche personnalisée

 Les difficultés varient selon les profils et les parcours. Certaines entreprises pourraient bien avoir des sites transactionnels alors qu’elles pêchent par la mauvaise gestion des inventaires ou une stratégie de marketing mal adaptée. «C’est pour cela que Pierre Fitzgibbon et moi voulions avoir une organisation qui serait en mesure de nous offrir des solutions personnalisées, c’est-à-dire une approche pour les gens d’ici par des gens d’ici», a souligné Mme Jolie en entrevue.

L’école des entrepreneurs du Québec qui se déploie au Canada et dans le monde depuis 2003 s’est engagée à procéder au questionnement préalable les compétences et la maturité numériques du détaillant pour offrir un service personnalisé selon M. Fortin qui annonce la mise en place d’une plateforme d’information dans les prochaines semaines.

À l’issue de la transition numérique du modèle d’affaires, le détaillant doit être capable, entre autres, de répondre 24 h/24 aux multiples demandes en ligne, au réseau de distribution, aux paiements en ligne ou de s’arrimer à la sécurité informatique. La cible sera sensibilisée à travers de nombreux partenaires comme les conseils du commerce du détail, le réseau des SADC ou encore les fédérations des chambres de commerce.

À armes égales contre les géants du web

Le virage numérique devrait aussi permettre à terme aux PME d’affronter les leaders du commerce en ligne selon la ministre Jolie. Elle s’est appuyée sur les mesures incitatives qui visent en fin de compte le nombre de vingt-cinq mille entreprises.

«On a imposé la TPS sur les produits numériques dans la mise à jour économique. On impose les compagnies numériques étrangères. Les négociations se poursuivent avec l’OCDE et on a dit que si elle n’arrivait pas à une solution d’ici un an, on y allait nous-mêmes tous seuls, c’est un engagement du gouvernement », a-t-elle mentionné énergiquement au sujet des appels de l’opposition sur les géants du web, ajoutant que « c’est sûr et certain qu’on veut qu’il y’ait une équité fiscale et que nos entreprises puissent être à armes égales.»

Quant à l’accès à Internet haut débit qui serait encore une préoccupation, Ottawa s’en est remis à l’accompagnement du Québec, promettant de travailler sur l’infrastructure. Michel Fortin y a ajouté qu’en plus d’acquérir une stratégie coordonnée, les détaillants pourraient surfer sur « la volonté des Québécois d’encourager le commerce local ou d’avoir une expérience personnalisée en contribuant au développement de leur communauté. »

«Dans le fond, nos petits détaillants sont actuellement dans un mode de survie où ils comptent davantage à la fin du mois qu’à la fin de l’année et nous voulons être là pour les aider à voir plus loin, pour rebondir plus haut», a conclu Mélanie Joly.