Entreprises de moins de 500 employés: 35 % des employés insatisfaits de leur emploi

MONTRÉAL — Plus de 35 % des travailleurs dans les entreprises de moins de 500 employés ne seraient pas satisfaits de leur emploi et plus de 37 % ne travailleraient pas pour leur employeur actuel dans un an, s’il n’en tenait qu’à eux.

Ces constatations ressortent d’une étude réalisée par la Chaire de recherche Relief en santé mentale, autogestion et travail, de l’Université Laval, auprès de 2500 employés dans les entreprises de moins de 500 employés au Canada. Des résultats ont été présentés jeudi à l’occasion d’une conférence de presse à Montréal, en compagnie d’acteurs du milieu du travail.

Bien des entreprises laissent la santé mentale des employés de côté, ne comprennent pas son importance, a expliqué Martin Énault, président du conseil d’administration de Relief, un organisme qui soutient ceux qui vivent avec des problèmes d’anxiété, de dépression, par exemple.

Quantité excessive de travail, pression pour travailler rapidement, surveillance au travail, emploi exigeant émotionnellement, plusieurs  raisons sont données pour expliquer cette pression mentale au travail, qui aboutit parfois à de l’anxiété, de la dépression.

L’économie a changé: des employés travaillent côte à côte dans des centres d’appel où il devient difficile de se concentrer; d’autres travaillent dans des milieux où il n’y a plus de places assignées, ce qui dépersonnalise le travail.

«Si on remonte à il y a 40 ans, il n’y en avait pas de risques psychosociaux, ou beaucoup moins. Ce sont des risques qui ont émergé avec la tertiarisation de l’économie», a expliqué le ministre du Travail, Jean Boulet.

Les entreprises doivent se préoccuper davantage de ces enjeux de santé mentale au travail. «Ces enjeux ont des conséquences sur la productivité des entreprises, s’ils ne sont pas bien adressés, et sur les coûts d’opération des entreprises. Alors il y a là un angle économique important, pour notre organisation, de faire en sorte que le travail qui est mené par Relief — entre autres avec les outils qui ont été présentés avec Relief affaires — puisse être généralement déployé auprès de tous les employeurs, pour qu’on puisse réduire les enjeux reliés à la santé mentale», a réagi Karl Blackburn, président du Conseil du patronat du Québec.

Télétravail

Le télétravail aide à relâcher cette pression, confirme l’étude.

«Plus les employés passent de leur temps de travail en télétravail, plus ils perçoivent un environnement de travail favorable.» Ils se sentent mieux reconnus, plus autonomes.

«Les gens, lorsqu’ils sont à la maison en télétravail, ils ont leur chez-soi, ils ont leur cocon. Alors que quand on arrive en entreprise et qu’on n’a pas d’objet, pas de plante; le bureau peut appartenir à une autre personne et on n’a pas de sentiment de sécurité, ça peut être nuisible», a expliqué Jean-Rémy Provost, directeur général de Relief.

Le télétravail n’est pas tout positif ni tout négatif; cela dépend des individus, indique l’étude de la chaire de recherche.

«Il faut donc s’intéresser aux besoins spécifiques des employés, puisqu’une approche universelle au soutien des employés en télétravail ne conviendrait pas à toutes et tous.»

Et les employés ont aussi leur bout de chemin à faire en la matière, notamment par des pratiques d’autogestion du stress et de leur santé psychologique en général, fait-on valoir dans l’étude.