Fréchette a été époustouflée par la victoire de Simoneau aux Mondiaux aquatiques

La légendaire nageuse artistique Sylvie Fréchette peinait à supporter le suspens qui a précédé l’annonce de la conquête du titre mondial de la Québécoise Jacqueline Simoneau aux Championnats du monde de sports aquatiques de Doha, au Qatar. 

Fréchette, la dernière athlète canadienne à avoir remporté l’or au solo libre en natation artistique aux Mondiaux aquatiques, agissait en tant qu’analyste pour Radio-Canada mardi et n’a pu regarder que la diffusion des épreuves en duo et par équipe. 

Les secondes semblaient éternelles alors qu’elle attendait la mise à jour en ligne des résultats du solo libre féminin. 

«Vous auriez dû me voir assise à la table, en train de cliquer sans relâche pour rafraîchir la page», a dit Fréchette en s’esclaffant. 

Puis, finalement, les résultats ont été confirmés. Simoneau a mis un terme à une longue disette canadienne en devenant la première athlète à grimper sur la plus haute marche du podium aux Mondiaux aquatiques dans cette discipline depuis Fréchette à Perth, en Australie, en 1991. 

«Trente-trois ans? On dirait qu’il était temps, a dit Fréchette mercredi de Mont-Sainte-Anne. Voilà, et qui d’autre aurait pu y parvenir? J’admire Jacqueline. Je l’adore. J’adore sa personnalité, son travail, sa carrière. C’est toute une femme.

«Donc, je me suis dit: ‘Vous savez quoi? Vas-y, ma fille, a-t-elle poursuivi. Prends le flambeau, et avec un peu de chance ça ne prendra pas 33 autres années (pour obtenir une autre médaille d’or).»

Simoneau, de Chambly, a dominé la colonne du coefficient de difficulté ainsi que celle de l’exécution pour obtenir un pointage de 264,8207 points. La Grecque Evangelia Platanioti a suivi en deuxième place, à 11,5374 points. 

«Elle sera une championne pour le reste de ses jours, a noté Fréchette. Ce qu’elle offre à notre discipline et à notre pays, ça n’a pas de prix. C’est formidable.»

Fréchette avait reçu sept notes parfaites de 10 et avait établi un pointage record aux Mondiaux de 1991. La Québécoise était âgée de 23 ans à l’époque, soit quatre ans plus jeune que Simoneau actuellement. 

«Ça fait longtemps, mais je m’en souviens comme si c’était hier», a-t-elle assuré. 

Fréchette avait ensuite décroché la médaille d’argent l’année suivante aux Jeux olympiques de Barcelone, mais elle avait été promue championne après que la Fédération internationale de natation eut admis avoir commis une erreur de pointage. 

Elle a aussi gagné l’argent dans l’épreuve par équipe aux Jeux olympiques d’Atlanta en 1996. Fréchette a été intronisée au Panthéon des sports canadiens en 1999. 

«Je voulais absolument devenir championne du monde, et je me souviens que ça m’avait frappée de plein fouet, a-t-elle évoqué. Soudainement, tu réalises que tu es au sommet de la pyramide. Toi. 

«Il n’y a qu’une personne au sommet, et soudainement c’était moi… J’étais si reconnaissante», a-t-elle poursuivi. 

Après avoir été finalement en mesure d’observer la performance de Simoneau, Fréchette a décrit son niveau de difficulté comme étant «stratosphérique». 

«Elle n’a pratiquement pas respiré pendant sa routine, a noté Fréchette. Elle a tout donné. C’était comme si elle s’était dit: ‘Je gagne ou je me noie’. Ça passe, ou ça casse. Elle avait tout à perdre, et tout à gagner à la fois. Et vous savez quoi? Elle y est parvenue.

«Je suis si fière d’elle et tellement heureuse pour elle et toute la communauté», a conclu la Montréalaise âgée de 56 ans.