La Chaufferie: des milliers de litres de désinfectants préparés à Granby

AFFAIRES. Productrice d’alcool, la Distillerie de la Chaufferie ne se voyait pas rester là sans rien faire alors que la pandémie a engendré une pénurie de désinfectants à mains. L’entreprise a plutôt réorganisé ses installations et voilà que depuis, elle a livré des milliers de litres de Granby jusqu’en Gaspésie.

«Au début, notre plan original, c’était vraiment juste de donner [le désinfectant], a indiqué en entrevue téléphonique le distillateur en chef, Vincent Van Horn. On a fait une grande journée de donation à Granby.  Ça s’est répandu un peu partout.  Étant un producteur d’alcool, je n’allais pas m’asseoir à ne rien faire pendant qu’on a une  pénurie d’alcool au Québec.»

Ainsi, quand la Distillerie de la Chaufferie a annoncé qu’elle mettait l’épaule à la roue dans la fabrication de désinfectants, le téléphone s’est mis à sonner, et ce, d’un peu partout au Québec.

«On n’a pas réalisé à quel point c’était énorme la pénurie, a fait remarquer le principal intéressé. Aussitôt qu’on  a annoncé qu’on allait faire du  désinfectant, le téléphone n’a pas arrêté de sonner. C’est plusieurs semaines sans arrêt à répondre au monde et à essayer de leur expliquer qu’on fait de son mieux pour fournir le plus qu’on pouvait parce qu’il n’y en avait plus nulle part.»

À ce jour, le distillateur a produit au moins de 3 000 à 4 000 litres de désinfectants. Pour y arriver, il a dû apporter plusieurs modifications pour gérer le volume important de production. Il a même fait appel à des partenaires de son réseau pour qu’ils viennent lui donner un coup de main afin de répondre à la demande.

«On opérait à une certaine vitesse et on s’est mis en overdrive pour essayer de produire plus et plus rapidement, a expliqué M. Van Horn.  On a laissé tomber la qualité un peu parce qu’en effet, ce n’est plus de l’alcool pour boire, c’est de l’alcool dénaturé. J’ai changé la manière que j’opérais. On a fait quelques modifications au bâtiment pour être capable de mieux gérer ça. Je n’ai jamais pensé en faire autant qu’on en a fait [du désinfectant].»

Trouver la bonne recette

La crise sanitaire n’a pas seulement provoqué une pénurie de désinfectant, mais aussi d’alcool. Parce que la Distillerie de la Chaufferie est «parmi les rares microdistilleries au Québec qui fabriquent réellement son alcool», elle a pu contribuer à l’effort de guerre.

«Parce que la demande a augmenté tellement partout autour du  Canada [les grands joueurs] ne fournissaient plus, a relaté Vincent Van Horn. On s’est dit qu’on avait de l’espace dans notre production et qu’on allait commencer à produire de l’alcool industriel de basse gamme pour voir si on peut combler ce besoin à court terme.»

Pour sa recette, la Chaufferie a suivi celle de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) afin que tout soit fait dans l’ordre.

«On a fait tout le travail pour avoir notre recette approuvée par Santé Canada pour bien sûr le faire légalement et dans les normes de l’art, a assuré le distillateur en chef. Ça a été un petit défi de trouver les bouteilles et les autres ingrédients qu’on n’utilise pas normalement. On a pu le faire. On est très content qu’on ait pu combler le besoin localement pour le désinfectant à main et l’alcool industriel.»

Est-ce que la Chaufferie pourrait continuer de produire du désinfectant après la crise? «Ça va être à observer, a confié M. Van Horn. Parce qu’on va le faire jusqu’à ce qu’il n’y ait plus une demande. Mais, il faut savoir qu’en temps normal, on est une microdistillerie. Ça nous coûte plus cher faire l’alcool que les grands joueurs. En temps normal, on n’est pas compétitif. Pour l’instant, il y a encore un marché et il y a encore un besoin et on continue à le faire. On va observer le jour qu’on ne sera plus nécessaire. On va être content de dire qu’on a fait notre part. On continue à mettre notre effort pour faire la meilleure qualité de spiritueux qu’on peut.»