Postes Canada dévoile un timbre à l’effigie de Mona Parsons en Nouvelle-Écosse

HALIFAX — Une Canadienne qui a été emprisonnée dans l’Allemagne nazie pour avoir aidé des équipages alliés à s’échapper des Pays-Bas occupés est honorée sur un timbre-poste.

Le timbre du jour du Souvenir montrant une photo de Mona Parsons a été dévoilé lundi lors d’une cérémonie à Wolfville, en Nouvelle-Écosse, où Mme Parsons a grandi.

Le timbre montre également une image des North Nova Scotia Highlanders, dont Mme Parsons a rencontré les troupes après s’être évadée d’une prison allemande en 1945 et avoir marché 125 kilomètres jusqu’à la frontière néerlandaise.

Née en 1901 dans la vallée de l’Annapolis, Mona Parsons vivait aux Pays-Bas avec son mari néerlandais avant la guerre. Lorsque l’occupation nazie débuta en mai 1940, le couple assista la résistance néerlandaise en cachant les aviateurs alliés dont les avions avaient été abattus, et leur maison servit de point d’arrêt au réseau de la résistance.

Cependant, en 1941, un informateur livra le couple aux nazis, et celui-ci fut arrêté.

Un communiqué de Postes Canada indique que Mme Parsons a été condamnée à mort par un peloton d’exécution. Elle a fait appel de la décision et a obtenu que la peine soit commuée en travaux forcés à perpétuité. Elle a passé trois ans à être la seule Canadienne à être emprisonnée par les nazis pendant la guerre.

Après s’être échappée lors d’un bombardement aérien, Mme Parsons entreprit une longue marche jusqu’aux Pays-Bas, où elle rencontra les soldats de la Nouvelle-Écosse, surpris de trouver une jeune Canadienne si près des lignes de front.

Au moment où elle a rencontré les soldats, ses pieds étaient gravement infectés et elle était extrêmement maigre, ne pesant que 87 livres (39,4 kilos).

Finalement, Mme Parsons est retournée en Nouvelle-Écosse, où elle a vécu jusqu’à sa mort en 1976.

Une histoire inconnue à raconter

Doug Ettinger, directeur général de Postes Canada, a déclaré lors d’un entretien téléphonique que le timbre est l’un des 12 timbres spéciaux émis chaque année axés sur «les Canadiens qui ont fait preuve de courage ou ont réalisé une percée quelconque».

Il a souligné que l’histoire de Mme Parsons était restée «largement inconnue au Canada».

«Nous pourrons amplifier son histoire à travers le Canada grâce à notre réseau, à travers les médias, à travers les réseaux sociaux», a-t-il déclaré lundi.

«Nous aimons raconter les histoires de grands Canadiens que les gens ne connaissent peut-être pas, et je pense qu’elle fait partie de ces personnes», a dit M. Ettinger, qui estime qu’environ 1,5 million de timbres seront imprimés.

Andria Hill-Lehr, qui a écrit la biographie «Mona Parsons: Du privilège à la prison, de la Nouvelle-Écosse à l’Europe nazie», a déclaré lundi dans une entrevue que sa réaction au timbre est similaire à la réaction exprimée par Mme Parsons lorsqu’elle a pu écrire à son père et sa belle-mère en Nouvelle-Écosse pour leur dire qu’elle s’était enfuie.

«(Mona Parsons) a écrit: « La joie est presque trop lourde à supporter », et je trouve que c’est tout simplement une joie écrasante. J’ai aussi le sentiment qu’elle continue de recevoir la reconnaissance qui lui est due depuis si longtemps», a-t-elle témoigné.

Mona Parsons était la fille du colonel Norval Parsons, lui-même reconnu pour ses services distingués pendant la Première Guerre mondiale.

Ses aspirations à devenir actrice l’ont amenée à étudier et à enseigner l’art dramatique, et finalement à travailler dans la chorale des Ziegfeld Follies dans les années 1920 à New York. Après la mort de sa mère, elle a décidé de devenir infirmière et a travaillé à New York jusqu’à ce qu’elle rencontre Willem Leonhardt, un riche homme d’affaires néerlandais. Ils se sont mariés en 1937 et se sont installés en dehors d’Amsterdam, dans un domaine connu sous le nom d’Ingleside.

Mme Parsons et son mari furent tous deux arrêtés et emprisonnés en 1941. Ils seront envoyés dans diverses prisons allemandes, sans jamais savoir si l’autre était vivant ou mort.

Retrouvant son mari à Ingleside après la guerre, elle a reçu des éloges pour sa bravoure de la part des forces alliées et du chef de l’air Marshall Tedder de la Royal Air Force pour ses activités de résistance.

Mme Parsons a soigné son mari, dont la santé avait été affectée par son séjour en captivité, jusqu’à sa mort en 1956. Un an plus tard, elle est revenue au Canada, s’est remariée et s’est réinstallée dans sa maison d’enfance de Wolfville.

Le timbre Mona Parsons sort en carnets de 10 timbres. Les objets de collection sont disponibles sur le site web de Postes Canada et dans les comptoirs postaux partout au Canada.