Zones scolaires: Guilbault n’écarte pas de resserrer les règles

QUÉBEC — Le gouvernement Legault n’écarte pas d’imposer jusqu’à neuf points d’inaptitude aux conducteurs qui ne respectent pas la vitesse et les règles dans les zones scolaires. 

La ministre des Transports, Geneviève Guilbault, a évoqué cette option vendredi matin, après avoir été interpellée par des enfants qui lui demandaient d’améliorer la sécurité routière autour des écoles.

Le débat sur la circulation autour des écoles fait rage depuis la mort, en décembre, d’une fillette de 7 ans d’origine ukrainienne qui se rendait à pied à l’école lorsqu’elle a été fauchée par un chauffard. François Legault avait alors dit que «la majorité des Québécois respectent les limites de vitesse dans les zones scolaires».

«Parfois, les voitures ne s’arrêtent même pas au “petit bonhomme” (le clignotant au passage piéton)», a dit la jeune Maïra, en conférence de presse vendredi matin avec des parents et des représentants des trois partis d’opposition, dans le hall de l’Assemblée nationale.  

«J’ai failli me faire écraser une fois. Un monsieur m’a poussé juste à temps avant que la voiture ait failli m’écraser. Il faut changer les règles pour qu’on soit en sécurité.»

Dans un débat sur cet enjeu au Salon bleu, Mme Guilbault a donné l’exemple de la sanction imposée aux automobilistes qui ne s’arrêtent pas lorsque les feux d’un autobus scolaire clignotent, soit 9 points d’inaptitude, sur un total de 12. Elle serait prête à modifier le Code de la sécurité routière en conséquence.  

«C’est quelque chose qu’on regarde aussi. C’est quand même salé comme sanction: tu y penses deux fois avant d’aller trop vite, à côté d’un autobus scolaire. Alors, pourquoi ne pas appliquer le même principe au fait de ne pas respecter (les règles)?» 

Avant le débat, la ministre est allée dans le hall de l’Assemblée à la rencontre du groupe d’élèves.

Le jeune Alexis Tremblay a remis à la ministre un petit cône orange sur lequel il avait dessiné des routes et des personnages. 

«Certainement, il y a des parents qui ont trop peur» pour emmener leurs enfants à l’école à pied, a témoigné une mère, Ann-Julie Rhéaume, durant la conférence de presse.

Et cela contribue d’ailleurs à un «cercle vicieux», a affirmé le député Étienne Grandmont, de Québec solidaire (QS), durant le débat en Chambre.

En effet, il y a de plus en plus de parents qui reconduisent leurs enfants à l’école en auto, ce qui accentue la circulation aux abords des établissements. 

Alors que le nombre d’accidents graves ou mortels impliquant des automobilistes tend à diminuer avec les années, le bilan pour ce qui est des piétons et des cyclistes ne diminue pas.

«On n’arrive pas à abaisser le plancher, le plateau», a-t-il dit au Salon bleu. Et pourtant, de moins en moins de jeunes marchent pour aller à l’école.

«Il y a 10 % des jeunes qui se dirigent à l’école, aujourd’hui, à pied. Moi, quand j’étais jeune, c’était 80 % des jeunes qui allaient à l’école à pied. Il y a eu un renversement complet de la tendance.»

Autant le Parti libéral (PLQ), que QS et le Parti québécois (PQ) demandent notamment des changements au Code de la sécurité routière, mais surtout des aménagements rapides autour des écoles pour ralentir la circulation.

«Ce sont des trottoirs vers toutes les écoles, des saillies, des intersections surélevées, des rues-écoles, des dos d’âne», a dit un des parents, Jean-François Gagné.

Il avait, en main, les résolutions d’une cinquantaine de municipalités qui demandent au ministère des Transports de soutenir et de financer ces aménagements.  

Au cours du débat, Mme Guilbault a rappelé que le gouvernement avait mis sur pied pour les municipalités un programme qui finance jusqu’à 50 % des dépenses admissibles pour des aménagements autour des écoles: «dos d’âne, traverses lumineuses», etc.

Les parents mobilisés et les oppositions demandent également d’installer des radars photo pour chacune des 2000 écoles au Québec, alors que seulement 54 écoles en ont dans leur voisinage actuellement. 

La ministre a répondu toutefois que ce type d’équipement «monopolise beaucoup de ressources humaines» dans les corps policiers.