Eva: reculer pour mieux se déployer

TECHNOLOGIE. Eva, cette application de covoiturage basée sur la chaîne de blocs cofondée par le Granbyen Dardan Isufi, recule d’un pas pour mieux rebondir. L’initiative qui a pour ambition de concurrencer le géant américain Uber sur l’île de Montréal a finalement été lancée en version bêta, mais sans transactions réelles, le 29 octobre dernier.

Les choses se sont succédé à vitesse grand V pour M. Isufi  et son partenaire Raphaël Gaudreault, les deux jeunes hommes derrière l’application, depuis la publication, dans le GranbyExpress, d’un article portant sur leur intention de lancer Eva coûte que coûte en l’absence du feu vert requis.

Deux rencontres avec des hauts placés du ministère des Transports (MTQ) ont eu lieu; à ce jour, le dialogue est officiellement ouvert avec les autorités gouvernementales. «L’idée, c’est de trouver une manière de se conformer à la législation en vigueur», explique Dardan Isufi, chef d’orchestre opérationnel d’Eva.

Il a été convenu avec le gouvernement actuel que les instigateurs de l’application, qui ne sont pas parvenus à se faire entendre de l’administration Couillard, reformuleraient une nouvelle demande dans le cadre du projet-pilote Uber, afin de voir de quelle façon leur initiative pourrait s’y intégrer.

«On était dans une situation où on n’avait jamais eu de réponse. Là, on a eu une approche. On s’est donc dit qu’on se calmerait au niveau du lancement et qu’on prendrait un peu de recul», explique M. Gaudreault, chef d’orchestre logiciel.

Bonnardel veut régulariser la situation

Le député de Granby et nouveau ministre des Transports, François Bonnardel, est bien au fait du dossier; il a d’ailleurs rencontré ses fondateurs il y a plusieurs mois déjà. L’élu a récemment fait savoir au GranbyExpress son souhait de voir l’instance qu’il dirige désormais explorer les différentes avenues possibles. Il avait d’ailleurs demandé que l’ancien gouvernement examine la question.

«J’étais persuadé que le ministère des Transports avait donné son aval au moins pour les rencontrer et préparer un plan de match, mais ça n’a pas été fait. Pour nous, ça va être important d’évaluer toutes les options et de régulariser le cas d’Eva», lance celui qui a remplacé André Fortin.

«On a des jeunes qui sont plus qu’innovants qui veulent rentrer dans un marché extrêmement important. Moi, je ne suis pas là pour mettre un frein au développement, je veux que tout le monde y participe», fait valoir le ministre caquiste, qui estime qu’il est important de trouver une niche pour les différents joueurs en matière de transport de personnes.

D’ici la fin de l’année?

Les conducteurs et passagers ne pourront pas immédiatement collaborer sous l’égide d’Eva et conclure de réelles transactions. «Il faut attendre, mais on pense que c’est pour le mieux. Ça va assurer une pérennité à l’entreprise, d’avoir une image publique qui soit favorable. On ne veut pas agir comme Uber et utiliser, par exemple, des tactiques d’intimidation», complète le Granbyen d’origine.

S’il s’avère hasardeux de prédire quand l’innovation pourra enfin être mise au service de la population, M. Isufi aimerait que le tout débloque officiellement d’ici la fin de l’année. «Le plus tôt sera le mieux, parce qu’on est prêts. Encore là, encore faut-il que le projet soit accepté, ce qui n’est pas assuré», nuance-t-il, conscient que le dossier doit suivre son cours.

En attendant, le prototype sera éprouvé et amélioré si des difficultés sont rencontrées en cours de route. «C’est une période de test pour l’équipe, qui va pouvoir peaufiner le produit, analyser les potentiels bogues et les comportements de l’expérience utilisateur qui peuvent être moins agréables», explique M. Gaudreault.

Rappelons qu’Eva compte, une fois en opération, empocher 15 % à chaque course (contre 25 % pour Uber), une part qui sera réinvestie dans la coopérative enregistrée localement. Pour plus d’information, consultez la page Facebook Eva.