Eva: l’innovation d’un Granbyen a le feu vert de Québec

INNOVATION. L’annonce tant attendue par le Granbyen Dardan Isufi s’est enfin concrétisée: Eva, l’application de covoiturage basée sur la chaîne de blocs qu’il a cofondée aux côtés du Saguenéen Raphaël Gaudreault, pourra officiellement s’attaquer au monopole que détenait jusqu’à tout récemment Uber.

Les deux comparses sont sortis dans les médias, cet automne,  pour dénoncer l’impossibilité, pour les jeunes pousses québécoises, de concurrencer le géant américain en raison du projet pilote Uber du provincial. Cette situation est désormais chose du passé: une modification à l’arrêté ministériel mise de l’avant par le gouvernement Legault, annoncée jeudi, ouvre enfin et officiellement la porte aux activités d’Eva.

L’heure est littéralement à la célébration pour les jeunes entrepreneurs. «On est vraiment soulagés et heureux. On pense que c’est une bonne décision qui a été prise, parce que ça favorise une saine compétition, ça fait en sorte que finalement,  les consommateurs, les Québécois et les Québécoises, ont plus d’alternatives», explique Dardan Isufi, chef d’orchestre opérationnel d’Eva.

C’est précisément ce qu’a souligné le député de Granby et ministre des Transports, François Bonnardel, dans un communiqué émis vendredi: «L’arrivée d’un nouveau joueur est dans l’intérêt des usagers de la route qui auront une option supplémentaire pour leurs déplacements. Avec cette annonce, nous permettons à une nouvelle entreprise québécoise de démarrer ses activités. De plus, le modèle coopératif d’Eva amènera une valeur ajoutée au projet pilote».

La nouvelle technologie pourra opérer sur le même terrain de jeu qu’Uber, c’est-à-dire à Montréal, Québec et Gatineau. Alors que quelques détails administratifs doivent encore être réglés, le coup d’envoi de la version commerciale devrait être d’abord donné dans la Métropole vers le début de février. Les deux autres territoires devraient suivre d’ici la fin de 2019.

Comme son alter ego américain, Eva permettra aux passagers de faire connaître leurs besoins en termes de covoiturage aux autres usagers et d’obtenir un transport. «On aimerait avoir un temps d’attente inférieur à quatre minutes pour le membre passager. On aimerait aussi avoir au moins un membre conducteur par 25 membres», explique M. Isufi. Quelque 300 membres sont déjà inscrits sur l’application mobile, puisqu’une version béta, c’est-à-dire un prototype, avait été lancée en novembre.

Précisons qu’une fois en opérations, Eva empochera 15 % à chaque course effectuée (contre 25 % pour Uber), une part qui sera réinvestie dans la coopérative enregistrée localement. La nouvelle application devra toutefois répondre aux mêmes critères qu’Uber, que l’on parle de formation des chauffeurs ou de vérification de leurs antécédents judiciaires.

Un message positif

S’il avait le sentiment d’être freiné par son propre gouvernement il y a quelques mois à peine, le duo s’est dit surpris de la rapide évolution de son dossier. Le feu vert leur est octroyé 100 jours seulement après l’élection du gouvernement caquiste, le 1er octobre dernier.

«C’est un beau message que l’on envoie à nos entrepreneurs et à nos innovateurs, qui autrement, pourraient être portés à aller s’installer ailleurs. Ce que l’on dit, c’est que le Québec est ouvert et favorable à l’innovation technologique, poursuit le chef d’orchestre opérationnel. C’est super encourageant».

Leurs déboires sous le règne des libéraux auront néanmoins contribué à faire connaître, à l’échelle internationale, l’option que les Québécois proposeront sous peu. «Ça nous a aussi permis d’avoir plus de temps pour solidifier notre technologie, même si on était prêts à l’origine. Quand on créé une application comme ça, on doit penser à beaucoup de choses», admet Raphaël Gaudreault, chef d’orchestre logiciel.

Le modèle économique de l’application pouvant aisément se transporter d’un endroit à un autre, l’équipe derrière la coopérative compte, à terme, s’implanter dans les centres urbains de 60 000 habitants et plus, dont Granby. Les liaisons interurbaines sont également dans sa mire, tout comme une implantation au Burundi, en Algérie et aux États-Unis.

Pour connaître le moment exact du lancement des opérations de l’application de transport collaboratif, visitez la page Facebook Eva. Les personnes intéressées à l’utiliser peuvent déjà télécharger l’application et finaliser leur inscription en vue du jour J.