Synthia s’en va en guerre

SOLIDARITÉ. L’aide vient parfois d’une source insoupçonnée, Synthia Harnois peut en témoigner. À 38 ans, la maman monoparentale entame une deuxième traversée du désert, cette fois contre une récidive de cancer extrêmement agressive ayant pris son foie en grippe. Et c’est un homme qu’elle connaît depuis dix mois à peine, Jean Guy Gagné, qui remue actuellement ciel et terre pour que la Granbyenne puisse vivre ce combat décisif à l’abri des soucis.

«Il me reste environ quelques mois à vivre et je dois faire de la chimio pour essayer de prolonger ma vie. Je vais tout donner dans ce combat et essayer de dépasser les pronostics». Voilà une partie du message texte qu’envoie la massothérapeute à l’homme de 60 ans, rencontré quelques mois plus tôt dans une activité de réseautage. Nous sommes le 22 février, il est 15h24; le duo s’apprêtait, dans les 48 heures suivantes, à officiellement lancer leur projet entrepreneurial commun, l’Équipe Vision.

C’est plutôt le combat d’une vie qui débute pour Synthia. Si elle a survécu, il y a environ deux ans, à un cancer logé dans son œil droit, la maladie s’est cette fois attaquée à son foie;  on y dénombre à ce jour plus de 30 tumeurs, dont certaines atteignent six à sept centimètres. Le mal a aussi atteint d’autres organes, dont sa glande surrénale. «On m’a dit que les gens atteints à mon niveau ne survivent pas, qu’ils pouvaient essayer de prolonger mon espérance de vie, mais qu’il n’y aurait pas de suite», résume-t-elle, sur un ton calme.

En dépit de la douleur qui l’afflige, Synthia Harnois a réuni l’énergie nécessaire et a rencontré, samedi matin, la presse locale en compagnie de son ami et partenaire d’affaire Jean Guy Gagné.

La bataille est commencée

Si elle est sereine, Mme Harnois est bien loin de se laisser abattre par de si sombres prédictions: elle compte bien survivre encore cette fois-ci, même si on ne lui donne que 5 % de chances d’y parvenir. «Ce que j’ai vécu il y a deux ans, c’est comme si ça m’avait préparée à ce bout-là. Il y a plein de deuils et de peurs que je n’ai pas parce que j’ai déjà passé à travers», ajoute celle qui n’a pas dit son dernier mot.

Retournée vivre chez ses parents qui la soutiennent dans cette nouvelle épreuve, la maman de deux garçons de 10 et 12 ans a débuté un «traitement-choc» en deux volets, l’un en immunothérapie visant à stimuler son système et l’autre, en chimiothérapie, chargé de s’attaquer aux métastases.

«Ça s’est super bien passé», se réjouit-elle, précisant que le premier traitement, récemment subi, était toutefois moins puissant que les trois autres qui l’attendent encore. Cette combinaison de soins est la seule option s’offrant à la malade. En raison de sa condition, toute possibilité d’opération ou de greffe a été écartée par le corps médical.

Une armée derrière elle

Jean Guy Gagné avait remarqué, bien avant de recevoir le texto fatidique du 22 février, que sa partenaire d’affaires composait avec des ennuis de santé. Ses symptômes s’apparentaient à l’époque à ceux de la grippe. Jamais, exprime-t-il les yeux dans l’eau, il ne s’est toutefois attendu à un tel diagnostic. «Ça a fessé», avoue-t-il.

Impressionné par le courage dont fait preuve sa nouvelle amie, M. Gagné a alors pris les rênes de ce qu’il baptisera «l’équipe de cœur», réunissant autour de lui des contacts qu’il possède ainsi que des proches de sa chère Synthia. Considérant la Granbyenne comme sa fille, il s’est ni plus ni moins donné comme «mission de vie» de tout faire pour que la travailleuse autonome ait les munitions financières pour passer à travers ce qui l’attend. «Si je ne faisais pas ça pour elle ou pour n’importe qui proche de moi, je le regretterais toute ma vie», confie-t-il au GranbyExpress, la voix étranglée par l’émotion.

La petite armée se battant désormais derrière Synthia multiplie les projets afin de mobiliser la communauté à sa cause. Une campagne de sociofinancement GoFundMe intitulée Supportons Synthia la Guerrière a en ce sens été lancée le 1er mars dernier. Si le premier objectif a été fixé à 10 000 $, son instigateur espère que la générosité des donateurs atteindra des sommets encore plus hauts. «J’aimerais être capable d’aller chercher 50 000 $», lance M. Gagné, précisant que tout l’argent amassé sera versé pour le bien-être de Synthia et celui de ses deux garçons. Au moment d’écrire ces lignes, un peu plus de 3700 $ avaient déjà été récoltés via la plate-forme.

Un album de musique expressément conçu pour Synthia par le compositeur français et pianiste Yves Ruhlmann est également en cours de préparation. Fin prêt, il sera remis aux bons samaritains ayant offert 20 $ ou plus pour supporter la Granbyenne. Un spectacle-bénéfice, sur lequel planche actuellement Production sur un fil, sera également présenté à Granby. M. Gagné vise rien de moins que le Palace comme lieu d’accueil de cet événement d’envergure.

Enfin, une soirée festive «hymne à la vie» est également dans les cartons pour venir en aide à la maman, qui s’avoue quelque peu dépassée par tous ces gestes de générosité posés à son endroit.

Pour tout savoir des activités organisées, visitez le www.synthia-la-guerriere.com ou la page Facebook Synthia la guerrière.