Les proches aidants plus nombreux sur le marché du travail

SANTÉ. Concilier le travail, la famille, les loisirs et le rôle de proche aidant n’est pas toujours de tout repos. La Société Alzheimer Granby et Région peut en témoigner puisqu’elle a noté, cette année, une augmentation de proches aidants qui se trouvent sur le marché de l’emploi et qui lui demandent de plus en plus de soutien. 

«Quand on a le diagnostic, c’est un choc, fait remarquer Sophie Foisy, directrice générale de la Société Alzheimer Granby et Région. On a toujours peur pour la personne qu’on accompagne. C’est une crainte constante.»

Pour bien des gens, leur quotidien bascule quand ils apprennent qu’un membre de leur famille est atteint de la maladie d’Alzheimer. «On a de plus en plus de demandes de gens qui sont dans la génération sandwich, donc qui sont encore au travail, qui s’occupent des enfants, mais aussi des parents vieillissants, indique Mme Foisy. Ils doivent concilier tout ça dans leur horaire. Dès qu’on a le diagnostic, on sait que ça va être dégénératif. Ce n’est pas juste un moment, c’est du long terme.»

Parce que le rôle de proche aidant est important et demande beaucoup de temps, la Société Alzheimer Granby et Région tient à conscientiser la population, mais aussi les entrepreneurs puisque cela peut apporter des employés à s’absenter plus régulièrement en raison du processus médical par exemple.

«On veut que les entrepreneurs comprennent cette réalité-là et travaillent avec leurs employés [proches aidants] parce qu’il ne faut surtout pas qu’ils s’isolent, commente la directrice générale de l’organisme. Ils ont besoin de travailler et de se changer les idées. Avec la pénurie de main-d’œuvre, on n’a pas les moyens de perdre de bons employés et on ne sait pas à qui ça va arriver. Dans les équipes de travail, on devient proche aidant du jour au lendemain.»

Le vieillissement en accélération

La MRC de La Haute-Yamaska vit présentement une accélération du vieillissement de sa population comparativement d’autres. Depuis 2014, la courbe des gens de 65 ans et plus et celle des 0-15 ans se sont croisées, ce qui est prévu seulement en 2022 pour le reste du Québec.

«Le vieillissement est vraiment en progression, confirme Mme Foisy, qui est en poste depuis le mois de juin. Au recensement de 2006, l’âge moyen était de 41 ans et dans nos aînés, on avait presque 11 000 personnes, ce qui représente 13 % de la population. En 2016, on était rendu à 20 % d’aînés dans la population, donc, s’il y a plus d’aînés, il y a plus de personnes qui peuvent être diagnostiquées.»

«On sait qu’il s’agit d’une maladie qui est apparentée au vieillissement, ajoute-t-elle. Au Canada, on a quand même 16 000 personnes de moins de 65 ans [qui sont atteintes d’une maladie cognitive]. Ça veut dire que ça arrive de façon précoce chez certaines personnes. La recherche essaie de trouver pourquoi c’est eux plus que d’autres. Souvent, c’est génétique.»

Vivre avec une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer est un deuil au quotidien puisque le proche aidant doit gérer différents scénarios possibles comme des départs sans laisser de trace. Ainsi, depuis 35 ans, la Société Alzheimer Granby et Région offre du soutien, un service de répit et de l’information afin d’éviter de «s’épuiser parce que la maladie d’Alzheimer est vraiment une crainte 24/7».

«On est là tout au long du parcours avec notre équipe d’intervention, souligne Sophie Foisy. Les gens viennent chercher des services gratuits. C’est important qu’ils viennent chercher des ressources pour mieux comprendre la maladie et les étapes qui vont s’ensuivre. [Ils doivent] s’enlever de la culpabilité; ils font ce qu’ils peuvent.»

Démystifier la maladie

La Société Alzheimer Granby et Région déploiera donc ses efforts d’ici le la 16e édition de son colloque annuel, qui aura lieu le 4 octobre prochain à La Grillade, dans le but de démystifier la maladie d’Alzheimer, qui touche directement ou indirectement 1,1 M de Canadiens.

«Ça fait partie de notre mission d’atténuer les effets sociaux et personnels de la maladie auprès des familles, mais aussi de sensibiliser la population, note Mme Foisy. On veut faire en sorte que la population soit mieux outillée et qu’elle comprenne mieux. L’Alzheimer, après le cancer, est la maladie la plus redoutée partout au Canada. Ça fait toujours peur. On sait qu’il y a trois personnes sur quatre qui connaissent au moins une personne atteinte dans son entourage. C’est énorme.»

Dans le cadre du colloque, qui aura pour thème La conciliation proche aidance et travail: pour un meilleur équilibre et attachement, la journée débutera avec une présentation de la réalité des proches aidants en 2019 et sera suivie d’une conférence sur la génération «sandwich» animée par Patsy Clapperton, psychologue organisationnelle. L’événement se terminera avec une conférence présentée par Joanie Lacroix, qui portera sur la façon de transformer des épreuves en opportunités.

«On veut vraiment que la population nous reconnaisse et nous appelle quand elle a un besoin par rapport à tout ce qui est proche aidance, insiste Mme Foisy. Il faut s’occuper de soi si on veut s’occuper de l’autre. On dit qu’il faut un village pour élever un enfant, mais il faut toute une communauté pour accompagner un aîné dans son vieillissement.»