Une alliée de la communauté policière

PORTRAIT. Depuis une douzaine de mois, les policiers et les policières du Service de police de Granby (SPG) ont une nouvelle coéquipière. Interventions en santé mentale, appels pour des cas de violence conjugale. La travailleuse sociale Noémi Maltais peut être appelée en renfort lorsqu’une situation exige son expertise pour soutenir les effectifs déployés. Un virage professionnel à 180 degrés pour celle qui jadis oeuvrait à la protection de la jeunesse pour le CIUSSS de l’Estrie-CHUS.

Porter assistance à un enfant vivant une situation de maltraitance ou diriger une victime de violence conjugale vers une ressource adéquate. Ce geste d’altruisme fait partie de l’ADN de la travailleuse sociale, Noémi Maltais, aujourd’hui à l’emploi du SPG. Mais l’univers policier est un monde à part et elle l’a vite compris dès ses premiers pas dans les couloirs du poste de police.

«Ma première année, ç’a été de prendre le pouls de la situation et de répondre à la pièce aux besoins des policiers et de l’organisation. Mon mandat au début a été assez large justement pour essayer de tester des choses. Ma première année, ç’a été aussi mon intégration. Je suis partie d’une organisation majoritairement féminine à une organisation majoritairement masculine. La dynamique est différente et la façon de gérer les émotions est différente», raconte Noémi Maltais.

Le vocabulaire policier, les termes juridiques, la santé mentale et la violence conjugale sous le regard des agents, les politiques d’une organisation policière, le code criminel. Le nouvel univers de travail de la travailleuse sociale vient avec son lot d’ajustements, avoue Noémi Maltais. 

Préparation et animation de formations, approche et collaboration avec les organismes du milieu, démystification du travail de policier. Oui, les derniers mois de la travailleuse sociale ont été très occupés, mais pour le mieux, assure-t-elle. Désormais bien en place dans ses nouvelles fonctions, Noémi Maltais savoure chaque moment au SPG.

«Travailler dans un poste de police, ça peut être confrontant sur plein d’aspects surtout pour une travailleuse sociale. On est là pour aider le monde et parfois on est heurté par des lois et des balises.»

Une intervenante sur le terrain

Noémi Maltais n’a rien de l’image de l’intervenante «9h à 5h» derrière son bureau. De jour, de soir, de nuit et même parfois le week-end. Son horaire de travail est modulable en fonction des requêtes et des besoins de son employeur. En plus de l’aspect clériral de ses fonctions, la jeune femme s’est aussi rendue sur le terrain à plus d’une reprise au cours des derniers mois pour soutenir des agents et des agentes réclamés d’urgence par des citoyens. «Je suis une travailleuse sociale, je ne suis pas policière. Les techniques d’autodéfense, je ne les connais pas et l’observation des dangers du milieu, je n’ai pas ce réflexe bien que les policiers m’aient sensibilisé.»

Une expérience «terrain» enrichissante qui lui a permis de voir le travail des policiers d’un autre oeil. «Ma vision des policiers a beaucoup changé. Je suis beaucoup plus douce envers ma perception des policiers et de leur travai. Je me rend compte qu’on leur en met beaucoup sur leurs épaules. Ils peuvent passer d’un cas de violence conjugale à une histoire de suicide et terminer leur journée en allant parler à une personne qui va leur jaser de sa fraude de 50 $.» «On leur demande de faire beaucoup d’interventions psychosociales et ce n’est pas nécessairement leur mandat.»

Après avoir apprivoisé son nouvel environnement dans les derniers mois, Noémi Maltais compte désormais profiter de 2023 pour poursuivre le développement d’outils de formation pour les policiers et prioriser son rôle en matière de violence congugale. 

«2022 a été une belle année d’apprentissage personnel et professionnel et j’ai pu assimilier la culture policière tout en faisant ma place. Pour l’an deux, je veux embrayer à la deuxième vitesse et m’investir dans tout ce qui touche la violence conjugale (…). J’adore ça ici. Je ne me plains pas. Ça arrive que j’ai des petites émotions de découragement, mais j’y travaille», conclut-elle.