Temps d’écran et jeunes: le Parti québécois exige un plan d’action d’ici juin
QUÉBEC — Le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) a rejeté à 70 voix contre 30, jeudi, la motion du Parti québécois (PQ) sur la surexposition des jeunes aux écrans.
Cette motion réclamait que le gouvernement dépose un nouveau plan d’action numérique d’ici juin, pour une mise en oeuvre dès la prochaine rentrée scolaire. La CAQ rappelle qu’il existe déjà une stratégie québécoise sur l’utilisation des écrans 2022-2025.
Les troupes de Paul St-Pierre Plamondon invitaient les parlementaires à prendre connaissance d’une nouvelle étude australienne qui confirme l’effet nocif des écrans sur le développement des enfants en bas âge.
Le parti soulignait aussi qu’une étude longitudinale de l’Institut de la statistique du Québec a démontré une corrélation entre l’exposition aux écrans en bas âge et les performances scolaires au primaire.
La surexposition aux écrans a une incidence démontrée sur le développement des capacités cognitives, sur la santé, notamment les troubles de la vue, et sur les troubles de l’attention et du comportement des jeunes, selon le PQ.
Il demandait que l’Assemblée nationale constate que de nombreux pays ont agi, dont la France, les Pays-Bas et des pays scandinaves, pour corriger cette problématique.
La motion affirmait que la surexposition des jeunes aux écrans représente un enjeu de santé publique, et que le Plan d’action numérique en éducation et en enseignement supérieur, échu depuis 2023, est insuffisant.
En conséquence, elle demandait au gouvernement de déposer un nouveau plan d’action bonifié «pour mieux encadrer l’exposition des jeunes aux écrans avant la fin de la présente période de travaux parlementaires».
Après le vote, M. St-Pierre Plamondon a déploré l’attitude de la CAQ qui accepte, selon lui, que le Québec demeure dans «l’attentisme pendant qu’un paquet d’autres pays (…) se responsabilisent».
Il a reconnu qu’il existe une Stratégie québécoise sur l’utilisation des écrans et la santé des jeunes, mais plaidé qu’elle réfère au plan d’action en éducation, lequel est échu depuis 2023.
«Pour moi, c’est un sujet qui m’attriste et qui vient plus me chercher parce que ce sont des enfants dont le développement et la santé s’en trouvent vraiment touchés», a-t-il déclaré.
L’Ontario poursuit, le Québec devrait faire de même, selon PSPP
Dans un même ordre d’idées, le chef péquiste a encouragé le gouvernement du Québec à imiter les quatre conseils scolaires de l’Ontario qui poursuivent les sociétés mères de Facebook, Instagram, SnapChat et TikTok.
Les poursuites affirment que les plateformes ont été conçues pour un usage compulsif, et qu’elles ont modifié la façon dont les enfants pensent, se comportent et apprennent, laissant les enseignants et les écoles gérer les conséquences.
Elles ajoutent que les étudiants traversent une crise d’attention, d’apprentissage et de santé mentale en raison de l’utilisation prolifique et compulsive des médias sociaux.
«Les répercussions de l’utilisation compulsive des médias sociaux parmi les élèves exercent des pressions considérables sur les ressources limitées des quatre conseils scolaires», ont déclaré les conseils scolaires dans un communiqué de presse, jeudi.
Ils réclament des dommages-intérêts de plus de 4 milliards $ pour perturbation de l’apprentissage des élèves et du système éducatif.
Les allégations contenues dans les poursuites déposées devant la Cour supérieure de l’Ontario n’ont pas été prouvées. Tonya Johnson, porte-parole de Snap, a déclaré à La Presse Canadienne que Snapchat aide ses utilisateurs à rester en contact avec leurs amis.
«Ce matin, des conseils scolaires de l’Ontario poursuivent Meta, Snapchat et TikTok exactement pour les raisons que j’ai nommées hier en Chambre», a réagi en point de presse M. St-Pierre Plamondon.
Selon lui, le gouvernement du Québec devrait emboîter le pas aux conseils scolaires de l’Ontario.
«On devrait aller là, a-t-il affirmé. Ça me fait drôlement penser aux premières poursuites contre les compagnies de tabac, quand on s’est réveillé sur le fait que c’était une habituation par la nicotine qui entraînait la mort des gens.
«Là, on a un produit très très addictif, qui cible les jeunes qu’on devrait protéger, (…) et qui entraîne des problèmes de santé mentale, de santé physique, d’anxiété et des problèmes de démocratie hyper graves dans notre société. Donc oui, on devrait envisager de poursuivre.»