L’ambitieux souhait environnemental de Sandrine Chabert

INNOVATION. Soucieuse de l’avenir de la planète, Sandrine Chabert s’attaque à un gros morceau: le coton-tige. Alors que de grandes chaînes abandonnent la paille en plastique, le retrait définitif du petit bâtonnet aux deux petites boules de coton est envisageable d’après la Granbyenne.

Après avoir consacré son temps au développement d’une gamme de maquillage biologique alors qu’elle résidait à Saint-Armand, Sandrine Chabert se tourne cette fois vers la commercialisation d’oriculis écologiques pour le nettoyage d’oreilles. Un projet d’affaires né d’un besoin personnel qui mène finalement à la création de Culture Sauvage; une entreprise basée à Granby.

«L’oriculi, on l’utilise en Asie depuis des siècles et je l’ai rendu disponible. À l’origine de ça, c’est mon fils qui a des conduits auditifs qui se bouchent beaucoup et qui sont douloureux. Donc, au départ, c’était un problème de maman», raconte Mme Chabert.

C’est lors d’un voyage en Europe que la Française d’origine découvre un nettoyeur d’oreilles en bambou muni d’une minuscule cuillère à l’extrémité. Sandrine Chabert l’adopte et propose depuis 18 mois cette solution non polluante dans près d’une cinquantaine de boutiques à travers la province. «Un oriculi en bambou, c’est bon à vie tant et aussi longtemps qu’on ne le met pas en contact avec de l’eau. Et c’est compostable à 100%.»

Pour les défenseurs de l’achat local, un oriculi en bois recyclé existe. Mme Chabert s’est tournée vers Joël Robert, un jeune ébéniste de Bedford, pour la conception de ce produit Made in Québec.

«Ce qui fait peur à tous les ébénistes, c’est la petite cuillère (très amincie). Mais j’ai trouvé un jeune ébéniste et je lui ai dit: je rêve et je rêve d’avoir un oriculi fait au Québec. Et ça lui a pris trois mois pour en sortir cinq. Mais il a relevé le défi.»

Bientôt interdit en Europe

De l’autre côté de l’Atlantique, les bâtonnets pour se nettoyer les oreilles, qui ne sont pas compostables ni biodégradables, seront interdits à la vente dès 2020. Les micro-plastiques représenteraient entre 15 et 31 % des 9,5 millions de tonnes de plastique répandues dans les océans, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature. Une conjoncture qui interpelle la Granbyenne au point d’amener les consommateurs d’ici à prendre conscience des effets néfastes du coton-tige sur l’environnement.

«Je joue à la marchande. C’est un jeu et je m’amuse beaucoup», affirme Sandrine Chabert. L’idée de vanter les bienfaits d’un nettoyeur d’oreilles écologiques paraît utopique, mais la femme d’affaires a fait fi des critiques et des avertissements.

«On m’a dit de ne pas me lancer dans le maquillage et je me suis dit: je vais le faire pareil. J’ai la tête dure et j’ai la chance d’avoir un mari qui croit beaucoup en ce que je fais. »

En plus de brasser des affaires, la Granbyenne développe et prêche les alternatives environnementales. Une mission personnelle affirme la principale intéressée. «Je suis très heureuse de faire ma part. Si je réussis à faire prendre conscience qu’il existe des solutions (pour remplacer le coton-tige), c’est tant mieux. L’importance, c’est d’avoir semé un doute dans l’esprit des gens et de les amener à réfléchir.»