Accidentée de la route en 2016: «je me bats contre le gouvernement»_Tammy Domingue

DOSSIER. Tammy Domingue mène une bataille de tous les instants contre la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) afin d’obtenir réparation. Le point en litige: la reconnaissance de ses séquelles subies à la suite d’un accident de la route survenu à Granby en août 2016. Un long calvaire qui n’en finit plus, dénonce la Granbyenne.

Le 21 août 2016, en direction du travail, Tammy Domingue est impliquée dans une collision de la route à l’angle des rues Mountain et Bergeron. Sans le savoir, son cauchemar s’amorce: douleurs multiples, traumatisme crânien léger, choc post-traumatique, diagnostic d’une fibromyalgie, hospitalisations et la fin de sa carrière d’agente de sécurité.

L’automobiliste reçoit alors des indemnités de la SAAQ  qui prennent subitement fin le 15 mars 2018. Surprise, la Granbyenne entame des démarches auprès de la société d’État pour tenter de faire corriger la situation, mais en vain. Malgré ses demandes de révision de son dossier, Mme Domingue obtient une fin de non-recevoir. Dans une communication acheminée à l’accidentée de la route tout juste avant les Fêtes, l’organisme soutient que «les blessures orthopédiques acceptées étaient résorbées depuis le 9 août 2017, que la condition psychologique (…) était stable le 28 février 2018. Puisque vous ne conservez pas de limitation fonctionnelle, vos capacités ne vous empêchent pas de faire les tâches liées à cet emploi (d’agent de sécurité) à compter du 15 mars 2018.»

«Du jour au lendemain, je n’ai plus de salaire ni d’indemnisation. La seule affaire qui me reste, c’est mon psychologue qui m’aide à traiter mon choc post-traumatique», raconte celle qui vient de déposer une requête introductive contre la SAAQ au Tribunal administratif du Québec.

Jours difficiles

Sans revenu depuis près d’un an, Tammy Domingue a dû se rabattre sur l’assistance sociale pour subvenir à ses besoins, le mois dernier. Une nouvelle épreuve qui s’ajoute aux tristes événements.

«Je suis rendue sur l’aide sociale. Je n’ai pas eu le choix de faire une demande. J’ai essayé de ne pas me rendre-là, mais (…).»

Aux dires de l’automobiliste, sa vie de tous les jours n’a plus la même valeur à ses yeux. «Ça m’enrage. Je passe d’agente de sécurité à prestataire de l’aide sociale.» «Je venais d’avoir ma classe un. En raison de mon état de santé, mon médecin de famille m’a dit de faire une croix là-dessus.  Ma carrière, c’est fini. Quand il y a de la neige, de la pluie ou dès qu’il fait noir, je ne suis pas capable de conduire, car j’ai peur. J’ai la crainte de la route et de la conduite des autres.»

Aux prises avec des maux physiques et psychologiques, Mme Domingue doit désormais se préparer à défendre son dossier devant les tribunaux. «Je me bats contre le gouvernement. Et comme je n’ai pas les moyens de me payer un avocat, je vais me défendre seule. Mais le pire dans tout ça, c’est d’être dépendante de mes deux filles. Je me sens inutile et la lumière au bout tunnel, bien honnêtement, je ne la vois pas. Ce qui me tient en vie, c’est ma famille. Je suis une fonceuse et je vais me battre», conclut la dame.

Du côté de la SAAQ,  le porte-parole de l’organisme, Mario Vaillancourt, n’a pas voulu expliquer les raisons justifiant un arrêt d’indemnisation en raison de la judiciarisation du dossier de Mme Domingue.

«D’une façon générale, les gens sont indemnisés et c’est du cas par cas, selon la gravité des blessures. Le but, c’est que la personne puisse retrouver, dans la mesure du possible, son emploi. Tout dépend de la particularité de l’emploi»,  a commenté le porte-parole de l’organisme.