Climatiseurs et piscines: un printemps fou chez les commerçants de la région

AFFAIRES. Le confinement  causé par la pandémie et les récentes journées de chaleur ont donné bien des maux de tête à plusieurs commerçants de la région. Le téléphone ne dérougit pas, les commandes fusent de toute part. Les climatiseurs et les piscines ont la cote ces temps-ci et pour plusieurs, on se dirige vers du jamais vu.

«C’est probablement le plus gros printemps qu’on aura jamais eu, admet Éric Labbé, président de Réfrigération et climatisation Luc Therrien. […] Les gens veulent vraiment organiser leur maison pour être confortable. […] La demande est très forte. Je dirais même qu’actuellement, ce n’est même plus une question de prix, c’est une question de délai d’installation qui est le nerf de la guerre. Les compagnies qui sont en mesure d’installer très rapidement ont un avantage.»

Le contexte actuel est peut-être propice à une hausse des chiffres d’affaires, mais la pénurie de main-d’œuvre joue dans le rendement de l’entreprise alors que les délais d’installation des climatiseurs sont plus longs qu’à la normale.

«La demande est assez forte pour être capable d’engager deux équipes de plus, confie M. Labbé.  Il y aurait du travail à temps plein. En fait, je suis obligé de ralentir la cadence volontairement parce que mes équipes ne fourniraient pas à les installer.»

Le retour au travail tardif a aussi eu pour effet de retarder les installations ou bien les réparations. Administratrice chez J. Claude Quintal climatisation et chauffage, Brigitte Quintal souligne que «c’est relativement assez fou».

«On n’avait pas le droit de travailler avant le 11 mai, rappelle-t-elle. Pendant  un mois et demi, tu n’avais pas le droit d’installer, de réparer une thermopompe; tu n’avais pas le droit de toucher à ça. Donc, [on s’est] ramassé avec un mois et demi d’appels si tu veux. Et là, bien on repart avec deux semaines de grosse chaleur.  Habituellement, je suis à jour et je vous dirais que je n’ai pas encore appelé mon monde pour mes soumissions […].»

Mme Quintal estime qu’il est bien possible que des gens aient décidé d’investir dans la climatisation plutôt que d’aller en vacances.

«Effectivement, ça peut avoir un impact, fait-elle valoir. J’ai été chez beaucoup de clients qui me disent qu’ils vont être obligés de travailler de la maison encore tout l’été. Le monde […] ne veut pas travailler à la maison pas de climatiseur. Je l’ai entendu de quelques clients qui m’ont appelée. La chaleur a fait comme un gros bang. C’est juste parce que ça arrive en même temps.»

Malgré les circonstances, Linda Ross, présidente de Ventilation Moderne, s’attend cependant à ce que les activités ou bien l’achalandage ressemblent à la dernière année puisqu’aussitôt qu’il fait chaud, les gens veulent des climatiseurs, précise-t-elle. Chez Réfri-Ozone, la propriétaire se serait attendue à une plus grande hausse des demandes, mais elle confirme qu’elle est tout de même débordée.

«Les techniciens travaillent tous sauf que c’est sûr qu’il y a des délais d’attente, mais on a des délais moins pires qu’on a dans des chaleurs équivalentes, note Kathleen Neault. On est tous débordés, c’est normal, on est tous en pénurie de main-d’œuvre quand il fait chaud. Les étés où la chaleur commence de bonne heure, habituellement, c’est excellent pour nous autres. Récession, pas récession.  C’est sûr que si les chaleurs persistent, nos ventes vont être très bonnes.»

Les piscines aussi populaires

Si la vente des climatiseurs bat son plein dans l’ensemble pour les commerçants de la région, il est de même pour les piscines. Chez Trévi Granby, on se dirige sans équivoque vers la meilleure des années.

«C’est une année qu’on n’a jamais vécu, affirme la directrice Amélie Chagnon. On s’adapte à cette situation-là. Au niveau du <@Ri>rush<@$p> de ce qu’on vit en ce moment, assez souvent dans un été normal, on va le vivre pendant environ trois fins de semaine. Là, […] ça fait comme un mois qu’on vit un rush continuellement.»

«On n’a pas vraiment eu le temps de s’adapter, poursuit-elle. Même quand on était fermé, on était là au magasin pour essayer de répondre à la demande. Ça a commencé  même avant qu’on puisse rouvrir.»

«On ne peut pas aller plus que ce qu’on peut parce que les industries de fabrication ont été arrêtées, donc, ça donne quand même un retard sur toute la production, ajoute pour sa part le président, Ghislain Chagnon. On a comme un vide d’approvisionnement pour plusieurs semaines dans beaucoup de matériel.»

Et cette réalité est la même aussi du côté du Club Piscine Super Fitness Granby.

«Actuellement, il y a trois fois plus de clients que d’habitude pour nos magasins parce que les clients ont le temps de s’occuper de leur piscine, relate le copropriétaire, Marco Bernier. Mais malheureusement, avec la PCU [Prestation canadienne d’urgence] qui a été offerte à tous les étudiants, ça a été très difficile d’engager, voire impossible. La demande étant trois fois plus importante avec un staff réduit, c’est très chaotique présentement dans nos succursales. Ce qui fait qu’il y a des délais d’attente, surtout en raison du COVID, qui nécessite de prendre beaucoup de précautions en succursale.»

L’approvisionnement pour le commerce est aussi en enjeu. Et on se dirige vers une année record. Cependant, M. Bernier confie qu’il aurait aimé avoir le personnel en place pour répondre mieux à la demande.

«C’est dur de fournir à la demande, indique le principal intéressé. On n’est même pas capable de décrocher le téléphone tellement qu’il y a du monde en magasin.  Si j’avais pu faire le même chiffre d’affaires que l’année passée, j’aurais été bien content aussi. On n’est pas staffé pour réussir à répondre à cette demande-là.  Donc, présentement, c’est vraiment difficile de donner un service comme on aimerait donner.»