Des entreprises forcées de faire autrement

AFFAIRES. Que l’entreprise soit bien établie ou jeune, le coronavirus représente une tempête pas facile à traverser. On peut parler de pertes de revenus, de baisse de production ou même de surplus d’inventaires difficile à liquider. Dans tous les cas, les organisations tentent d’être créatives et de plancher sur d’autres projets en attendant que le confinement prenne fin. Le Granby Express s’est entretenu avec deux gestionnaires de la région pour parler de leur réalité en temps de crise.

Installée à Granby depuis plusieurs années, l’entreprise Polyform a vécu la demande de fermeture pour trois semaines du gouvernement comme un «coup de barre».

La chef d’entreprise chez Polyform, Danielle Béliveau. (Photo: Gracieuseté-Polyform)

«On s’y attendait, mais pas aussi vite, a confié au bout du fil la présidente et chef de la direction, Danielle Béliveau. Il a vraiment fallu se virer de bord immédiatement. C’est sûr que la première chose qui me préoccupait, c’était vraiment l’impact sur les employés. On a vraiment pris le temps de les rencontrer. Ça s’est fait quand même assez bien.  Il n’y a pas eu de frustration.  Je pense que tout le monde s’y attendait.»

Les deux premières semaines de fermeture ont été «les plus turbulentes». La gestion ne se faisait pas au quotidien, mais bien tous les heures puisqu’il y avait de petites crises un peu partout. «C’était vraiment de tout bord, a raconté Mme Béliveau. C’était de gérer ça et d’être très réactif à tout ce qui se passait. On fait affaire avec des clients des États-Unis, de l’Ontario, des Maritimes […] Il y avait comme un décalage par rapport au confinement qui était demandé aux entreprises. […] Ça devenait très difficile de gérer cette logistique-là.»

Agissant comme maillon dans la chaîne d’approvisionnement pour les entreprises prioritaires, Polyform a ainsi pu continuer d’honorer ses commandes.

«On a fermé deux semaines, mais par la suite, on a pu commencer à continuer à desservir les clients prioritaires soit par les inventaires qu’on avait déjà ou soit en faisant des commandes qui étaient nécessaires pour eux, a fait remarquer Danielle Béliveau en mentionnant que du télétravail a été instauré. Depuis la réouverture de la construction […] on a des clients qui s’ajoutent à la liste. On a quand même un niveau d’activité, mais il est à son minimum. Ce n’est pas repris à 100 %.»

Polyform a dû réagir rapidement, comme bien d’autres, pour prendre les bonnes décisions. La planification financière a été mise à jour et repensée et les pratiques ont été revues. On s’est aussi occupé d’informer et de rassurer les employés. Bien que le contexte actuel soit difficile, l’entreprise granbyenne prône le positivisme, surtout à l’arrivée éventuelle du déconfinement.

«Le beau temps va revenir un jour, a noté Mme Béliveau, en précisant qu’un gestionnaire doit être en alerte 24h sur 24 et 7 jours sur 7. Je vois [le déconfinement] d’un bon œil. Je sais que ça va être un peu compliqué. Ça ne va pas plaire à tout le monde. C’est sûr que ça va être différent d’avant, mais je suis en accord qu’il faut que les gens recommencent à prendre leurs activités progressivement. Je ne pense pas qu’on puisse rester chez nous pendant un an, ça n’a pas de bon sens. Il va falloir qu’on apprenne à cohabiter avec l’existence du virus ou de la maladie malheureusement.»

Une opportunité de se réinventer

La fermeture des lieux publics, comme les salles d’entraînement ou bien les centres d’escalade, a également compliqué les opérations de la jeune entreprise Bon vivant, de Granby, qui se spécialise dans la fabrication de barres énergétiques à base de chanvre biologique.

Les cofondateurs de Bon vivant, Darko Popovic et Jérémie Aubut. Photo: Gracieuseté-Bon vivant)

Parce que les sportifs et les gens généralement actifs ont cessé de fréquenter ces endroits, l’entreprise a perdu la majorité de ses ventes récurrentes en «un claquement de doigts» et s’est retrouvée avec un surplus de production.

«Notre production, on ne l’avait pas calculée en fonction que, du jour au lendemain, on allait perdre nos clients, a confié le cofondateur, Darko Popovic, en entrevue téléphonique. Notre entreprise va bien normalement […] même si on est jeune. Il a fallu se retourner de bord, se réinventer. On fait beaucoup plus de ventes en ligne qu’on en fait habituellement. Il faut pallier notre perte de ventes directes. C’est une chose de perdre de l’argent, mais c’en est une autre beaucoup plus grave, à notre avis, de risquer un gaspillage alimentaire.»

Ainsi, pour ne pas voir son surplus d’inventaires être gaspillé, l’entreprise a, entre autres, offert certains de ses produits au personnel médical du centre hospitalier de Granby. Et d’autres idées mijotent toujours…

«On continue de brainstormer là-dessus pour en donner dans des banques alimentaires et autre, a ajouté M. Popovic. Ça va être important pour nous de pousser dans ce sens-là parce qu’on veut que les gens profitent de nos barres même si on en prend un coup du côté financier. On essaie d’être créatif à travers ça parce qu’à chaque fois qu’il y a une crise, il y a toujours une opportunité.  C’est comme ça qu’on essaie de voir les choses.»

Bon vivant souhaite profiter de la turbulence du coronavirus pour développer de nouveaux produits avec notamment un approvisionnement plus local «qui vont peut-être bien correspondre à la réalité des gens quand ils vont sortir du confinement». Et la compagnie a aussi développé des capsules informatives pour renseigner la population…