Déboisement sur la rue Providence: les Ami.e.s des boisés de Granby reviennent à la charge

ENVIRONNEMENT. L’abattage d’arbres sur le site en construction qui doit recevoir la future maison des aînés sur la rue Providence, à Granby, continue de faire râler les résidents qui ne décolèrent pas. Ces derniers soutiennent avoir été bernés par la Société québécoise des infrastructures (SQI) et le CIUSSS de l’Estrie-CHUS concernant la bande de protection de cinq mètres qui devait être conservée pour réduire les impacts visuels. Or, rien de cela n’a été fait, allèguent-ils. Pour les Ami.e.s des boisés de Granby, cette erreur écologique doit être corrigée par la plantation de plus de 6000 arbres aux frais de la SQI pour compenser la perte de ce milieu naturel.

Interpellé par des résidents, le regroupement Les Ami.e.s des boisés de Granby suit de près le dossier du déboisement sur la rue Providence depuis les derniers mois. De récentes informations ont cependant incité les porte-parole de l’organisme de protection à faire une sortie médiatique, vendredi, afin de dénoncer les agissements de la SQI.

«Il y a eu des consultations avec la Ville et le CIUSSS de l’Estrie afin de conserver une bande boisée de cinq mètres au nord et à l’est du terrain. Vous remarquerez qu’il en reste très peu. Par ce fait, on veut dénoncer la SQI qui, avec la loi 66, a eu tous les pouvoirs pour faire ce qu’elle veut», a déclaré le président des Ami.e.s des boisés de Granby, Patrick Parent.

Adoptée en décembre 2020 durant la pandémie, la Loi concernant l’accélération de certains projets d’infrastructure (loi 66) permet au gouvernement d’activer à vitesse grand V des chantiers gouvernementaux notamment les maisons des aînés en dépit des règlementations municipales en vigueur.

«Quand on coupe un arbre mature, il en faut 23 petits (arbres) pour capter les gaz effets de serre. Si on regarde les 377 arbres coupés ici, selon le rapport de l’ingénieur forestier, et qu’on multiplie par 23, on pourrait facilement demander (à la SQI) une compensation de 6000 à 9000 arbres. Et ces arbres pourraient être plantés ici ou ailleurs en ville sur des terrains municipaux ou gouvernementaux», a exprimé M. Parent.

Médecin spécialiste en microbiologie-infectiologie, la Dre Mirabelle Kelly se désole de la disparition d’autant d’arbres alors que la préservation de la biodiversité est sur toutes lèvres au moment où se tient la COP-15 à Montréal. «On se trouve dans un secteur où il y a la maladie de Lyme. C’est un indice qui nous démontre que les changements climatiques s’en viennent. Tout ce qui se fait pour préserver notre environnement, ç’a un impact direct sur notre santé. Et si je suis ici, c’est pour supporter les Ami.e.s des boisés de Granby parce que ça nous concerne tous. On veut que nos boisés restent pour le bien de notre santé.»

Une lettre dénonciatrice au nom des Ami.e.s des boisés de Granby a été récemment acheminée au bureau du député et ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel. Pour l’heure, la communication est restée lettre morte. Le regroupement a également tenté d’obtenir des réponses de la SQI après qu’une résidente ait déposé une plainte à la société gouvernementale, mais en vain. «Dans la réponse qu’elle (résidente) a reçue en août, ça disait qu’ils (SQI) s’engageaient à protéger une bande qui était déjà coupée. C’est ce qu’on a eu comme réponse», a confié Clément Roy, membre des Ami.e.s des boisés de Granby.

Des voisins déçus

Forêt rasée, perte de quiétude, disparition de la faune, baisse de la valeur des propriétés, disparition d’un milieu de vie. Des citoyens, qui résident aux abords du chantier, en ont gros sur le coeur depuis les coupes d’arbres matures survenues en juillet dernier.

« Ce que je déplore, c’est le manque de transparence », a déclaré Jacques Caron. Le citoyen du secteur soutient même avoir vu retontir une bûche sur le toit de sa maison lors des travaux de déboisement. « Les gens (SQI, CIUSSS, entrepreneur) ne prennent pas acte de ce qu’ils font. Tu vas les voir et on rit quasiment de toi. Tu appelles au Ministère et on se fait dire qu’on ne peut rien faire. Ils se foutent un peu de nous », a déclaré le Granbyen.

Propriétaire d’une résidence qui se retrouve à proximité de la zone en travaux, Mélanie Arsenault-Elliott avait elle aussi bu les belles paroles promises par les promoteurs concernant la protection d’une partie du boisé. La Granbyenne a toutefois vite déchanté. « Si vous voyez à l’arrière (de sa maison), il y a à peine un arbre de large. Ce n’est pas cinq mètres. » « À long terme, c’est plutôt de perdre cet espace qui était utile qui me déçoit. On perd un poumon pour la ville et c’est très décevant. »

Tout comme son voisin, Mme Arsenault-Elliott déplore également la mauvaise gestion de ce dossier. « Les délais de communication sont très longs avec le gouvernement et il y a un manque de transparence. » Quant à la promesse de la SQI de reboiser les environs de la maison des aînés au terme de la construction, elle n’y croit pas un instant. « Je n’ai pas très confiance que ça va être fait. C’est une déception pour moi et le quartier. »