Faites vos mises pour l’œuvre d’Alfred Pellan

MUNICIPAL.  Trop onéreux à déplacer et à restaurer, le dessin réalisé par Alfred Pellan qui enrichit le mur extérieur de l’édifice de la MRC de La Haute-Yamaska sera offert aux enchères, a statué le conseil de ville de Granby.

Les élus en sont arrivés à ce constat, lundi soir, après avoir pris connaissance des coûts d’enlèvement, de remisage et de restauration de l’œuvre qui vacilleraient entre 80 000  et 160 000 $. Bien qu’elle porte la signature du réputé peintre Alfred Pellan, l’œuvre aurait été finalement réalisée par l’artiste Claude Théberge, soutient-on à la Ville de Granby. Un détail notable qui influencerait sa valeur estimée entre 50 000 et 80 000 $, d’après les avis d’experts consultés par la Ville.

Propriétaire du 142, rue Dufferin où loge la MRC, la Ville veut en fin de compte se départir de l’œuvre puisque le bâtiment passera sous le pic des démolisseurs dans les prochains mois. Rappelons que la MRC planche sur un important projet de construction d’un tout nouveau bâtiment.

«L’immeuble du 142, Dufferin est bourré d’amiante et tout le monde le sait.  Alors on ne peut pas simplement enlever l’œuvre. On a regardé toutes les possibilités…l’enlever avant, pendant la démolition (…). C’est compliqué parce qu’on a une œuvre qui est avancée en âge et qui se retrouve sur un mur d’amiante», a expliqué le maire Pascal Bonin.

Pour le premier magistrat, l’idée de devoir assumer des frais trois fois supérieurs à la valeur de la mosaïque n’a pas sa raison d’être.

«La saine gestion nous dit quoi…que ça n’a pas de bon sens. À un moment donné, il faut savoir s’arrêter. Et le compromis que le conseil propose, c’est de la mettre aux enchères afin de voir s’il n’y aurait pas quelqu’un qui serait preneur pour l’œuvre.»

Ouvert à aider les artistes

Selon le maire Bonin, tous les efforts ont été faits de la part de la Ville pour tenter de trouver une seconde résidence à l’œuvre d’Alfred Pellan dans un autre bâtiment municipal, mais en vain.

«Je pense que le conseil actuel a sauvé beaucoup de patrimoine. L’église Notre-Dame (aujourd’hui le centre Notre-Dame), entre autres. On a fait des pieds et des mains, mais cette œuvre (de Pellan) représente un niveau de difficulté extrême.»

Dans le même ordre d’idées, Pascal Bonin s’est dit plutôt disposé à soutenir directement d’une manière ou d’une autre les artistes d’ici qui ont été touchés par la crise sanitaire.

«Si on me demande de mettre des sous dans un appel de projets en arts (…), moi, je suis partant. Je n’ai aucun problème avec ça. Par contre, allez donner 160 000 $ pour une œuvre qui en vaut 60 000 $ et qui n’est pas originale, mon choix est facilement fait.»

La gestion de la vente aux enchères du portrait de Pellan sera assurée par la Société IEGOR (iegor.net) pour un montant de 15 000 $.