Shefford aussi développe en haute montagne

Alors que le débat fait rage pour préserver le développement des sommets dans la montagne de Bromont, certains citoyens s’interrogent sur le sort de la montagne voisine à Shefford. Les résidents de la rue des Cimes ont été surpris de voir apparaître une nouvelle rue à travers les boisés.

Le nouveau développement en question se trouve tout au bout de la rue du Grand Royal Est. Ce tronçon qui se terminait auparavant en cul-de-sac redescend maintenant la pente de l’autre côté pour rejoindre la rue des Cimes. Des travaux de déboisement et d’aménagement de route sont en cours sur le lien routier d’environ 500 mètres.

Au total, le projet de développement du promoteur compte 18 résidences, mais une seule sur le lien routier déboisé qui rejoint la rue des Cimes. «On a imposé ce lien routier au promoteur pour des raisons de sécurité. On ne veut pas que le chemin se termine en cul-de-sac, il faut qu’il y ait une voie de sortie», justifie le directeur de l’urbanisme Éric Salois.

À la direction générale, on souligne que le projet en question respecte la réglementation en vigueur et que le propriétaire est dans son droit. «La montagne est zonée blanche (résidentiel), tous les terrains appartiennent à des promoteurs privés. Ils ont travaillé longuement leur projet pour que tout soit conforme», explique la directrice générale Sylvie Gougeon.

Celle-ci ajoute que la municipalité dispose déjà d’une réglementation sur le développement immobilier des plus serrées. «Nos normes sur l’abattage d’arbres sont très sévères et on oblige de grandes superficies de terrains», insiste-t-elle.

Une position que partage le maire André Pontbriand. Selon lui, la municipalité ne peut rien faire de plus actuellement. «C’est déjà très contrôlé, mais c’est une zone construisible, on ne peut pas faire grand-chose si les propriétaires respectent les lois», indique-t-il à son tour.

Déjà, la municipalité de Shefford exige que la devanture des terrains en haute montagne présente une largeur minimum de 60 mètres et que la superficie totale couvre au moins 6 000 mètres carrés. Ces normes passent à 10 000 mètres carrés sur le terrain en question présente une pente de plus de 12%.

«Je n’ai pas de problème à ce que les gens se plaignent en ce moment, mais ils sont bien chanceux eux autres d’avoir pu se bâtir dans la montagne et il y en a d’autres qui voudraient bien être chanceux aussi!», réplique-t-il.

Ce qui lie les mains de la municipalité c’est le zonage de la montagne. Outre la zone du parc Jean-Paul Forand, elle a acquis un secteur de 52 acres qui deviendra le parc des Montagnards, mais elle ne peut pas en faire plus.

«On peut toujours faire plus, mais pour le faire il faudrait acheter des terrains et ça c’est des taxes. Les gens n’aiment pas payer plus de taxes», fait remarquer André Pontbriand.

Des arguments peu convaincants

Pour Sylvain Poirier, résident du développement de la Seigneurie de Shefford depuis 1997, les arguments avancés par le maire n’ont rien de bien convaincant. «Je pense qu’ils sont bien contents de voir des grosses résidences et de nouvelles taxes», avance-t-il.

Le citoyen déplore surtout l’absence de consultation et la méthode de développement «en catimini» de Shefford. «Le nœud, c’est qu’ils nous mettent devant le fait accompli. Ils auraient au moins pu consulter la population», reproche M. Poirier.

Malgré le fait que la montagne soit en zone résidentielle, le résident de la rue des Cimes ne comprend pas que les élus se contentent de ce constat. Il aimerait plutôt voir les représentants chercher des solutions originales pour parvenir à protéger le caractère écologique du sommet.

«On a choisi de s’installer à Shefford parce qu’on voulait quelque chose de différent de Bromont et là ça ressemble pas mal à ce qui se passe à Bromont», ajoute-t-il.