Un club de lecture pas comme les autres

COMMUNAUTAIRE. Permettre à un individu touché par l’aphasie de retrouver le plaisir de lire et de s’exprimer oralement après une atteinte au cerveau causée par un AVC, une tumeur ou un traumatisme crânien. Voilà l’une des missions de l’Association des personnes aphasiques de Granby-Région (APAG) qui vient tout juste de lancer son club de lecture adapté Les Anges de la bibliothèque.

À l’APAG, la réhabilitation de la clientèle aphasique passe par l’action. L’arrivée des Anges de la bibliothèque en est un bel exemple. À raison d’une rencontre aux deux semaines, les membres, qui désirent améliorer leur condition par l’entremise de la lecture, se donnent rendez-vous au Centre -Saint-Benoit. En compagnie d’intervenants, les participants s’amusent à leur rythme en mettant le nez dans les livres sans se soucier du regard des autres. La semaine dernière, le GranbyExpress s’est rendu dans les locaux de l’organisme où l’on y tient les activités du nouveau club de lecture. Lors de notre visite, Madeleine Dufour (bénévole) et Geneviève Lapierre (animatrice) animaient une discussion avec des participants à propos d’une oeuvre d’Agatha Christie.

« Tous les participants sont appelés à proposer des textes puis lorsque nous n’avons pas de textes, nous prenons un chapitre d’Agatha Christie. Chaque histoire est nouvelle, les deux protagonistes sont les mêmes (…). C’est amusant et c’est un casse-tête pour certains (participants) », raconte Madeleine Dufour qui encadre les activités du club de lecture. «Et chacun d’eux à se prononcer sur la lecture qu’il a faite. Souvent, on se permet de lire un peu plus longuement chacun son tour pour se remémorer en même temps l’histoire qu’on a lue au cours du mois. »

Briser l’isolement

Pour lancer Les Anges de la bibliothèque, l’APAG a bénéficié d’une aide financière de 2500 $ du programme du -Soutien à l’action bénévole en vertu d’un appel de projets promeut par la députée de Brome-Missisquoi et ministre déléguée à l’Éducation, Isabelle Charest. Invitée par la direction de l’organisme, la politicienne a pu constater les bienfaits de cette initiative sur le quotidien des participants. « On vient ici pour pratiquer », répond Robert Messier du tac au tac après avoir été interrogé par la députée au sujet des retombées de la lecture pour une personne aphasique.

Rappelons que l’aphasie peut entraîner plusieurs difficultés, entre autres, au niveau du langage oral, de la lecture et de l’écriture.

« Ici, on ne fait pas rééducation, mais on favorise le maintien des acquis. On travaille plus la communication dans sa globalité. On utilise notre corps, nos expressions faciales et on développe des codes de communication les uns avec les autres. C’est une façon de reprendre confiance dans sa communication, car ici, c’est un lieu de parole où on est en sécurité (…). Plusieurs de nos membres nous disent régulièrement que notre club de lecture est le seul endroit où ils parlent », explique la directrice générale de l’APAG, Diane Charrette.

«Moi, j’ai fait un bouquet d’AVC », ironise Diane Lévesque. «Présentement, j’ai de la difficulté avec l’une de mes mains, mais je suis capable de tricoter », mentionne la dame, dont le dernier AVC remonte à nombre dernier. Dans la vie de tous les jours, son aphasie se manifeste par la quête constante des bons mots avant d’entamer une discussion. En dépit de sa condition, la Granbyenne prend plaisir à lire avec ses camarades. Au-delà des mots et des phrases prononcés en groupe, le fait de sortir de chez elle lui procure le plus grand des bonheurs. « C’est ma deuxième famille. On retrouve le même monde toutes les semaines et on s’amuse», avoue-t-elle.

Pour en savoir plus sur le club de lecture adapté et l’APAG : apag.ca.