«À chacun sa bande riveraine»
Attrayantes, efficaces et productives, les bandes riveraines ne doivent plus être perçues comme de l’espace perdu dans les champs, mais par une opportunité d’apporter une valeur ajoutée à la terre. Pour convaincre les agriculteurs, un tout nouveau guide «À chacun sa bande» vient de voir le jour.
Au cours des 20 dernières années, la qualité de l’eau de la rivière Yamaska s’est améliorée sur plusieurs paramètres, a rappelé le coordonnateur en environnement de la Ville de Granby Serge Drolet. Un succès attribuable aux nombreuses mesures adoptées par les producteurs agricoles.
Parmi celles-ci, on compte l’aménagement de bandes riveraines protectrices. Malgré qu’on en parle depuis déjà bon nombre d’années, certains agriculteurs hésitent encore à redonner à la nature des bandes de trois mètres de leur champ.
«C’est comme en couture. On s’est fait de beaux champs, alors là, c’est comme si on avait une robe et qu’on était rendu à faire la bordure», compare l’agronome Isabelle Martineau derrière le projet de guide.
Pour aider les producteurs agricoles, le Club-conseil Gestri-sol publie donc un document de référence qui propose sept types de bandes riveraines, leurs techniques d’implantation, ainsi que leurs caractéristiques.
«Ce qu’on dit aux agriculteurs c’est, il t’en faut une bande, laquelle tu veux?», lance Mme Martineau. Les sept modèles sont l’extra miel, la prairie riveraine, la «panic» générale, l’extra biomasse, l’arbustive, l’arborescente et la «trois services». Ce qui permet de choisir une bande qui convient au type de sol, à la culture du champ et au genre d’entretien qu’on veut y faire.
Une initiative saluée par Catherine Demers, attachée politique du député François Bonnardel et environnementaliste engagée. «C’est bien beau de réglementer, mais ça ne sert à rien de faire des règlementations si on ne donne pas les outils qu’il faut aux agriculteurs», a-t-elle rappelé.
À la Ferme Spani, de Granby, Werner Spani a opté pour un hybride entre l’arbustive et la prairie riveraine. Dans son cas, c’est un important affaissement de terrain qui l’a incité à protéger sa bande riveraine.
«Il y a 10-15 ans, j’étais revenu de vacances et il y avait une partie de sol d’environ 20 mètres qui était partie dans l’eau», raconte-t-il. Depuis, il a laissé la nature reprendre ses droits et il se contente de faucher les hautes herbes une fois l’an. «Je pense que l’eau est une richesse commune qui se doit d’être protégée», témoigne le producteur laitier de la rue Cowie.
Pour d’autres agriculteurs, la bande riveraine peut même devenir une source de revenu d’appoint. Les modèles «Panic» générale et extra biomasse permettent de récolter et vendre les végétaux qui seront transformés en biocombustible.
Les documents, conçus en partenariat avec la Ville de Granby et les gouvernements provinciaux et fédéraux, doivent être distribués aux 300 conseillers en agroenvironnement du Québec.
À chacun sa bande riveraine
L’extra miel: mélange d’espèces de fleurs pour les pollinisateurs.
La prairie riveraine: large bande de plantes fourragères pour récolte de foin.
La «panic» générale: plantation de panic érigé pour production de biomasse.
L’extra biomasse: bande de saules arbustifs pour production de biomasse.
L’arbustive: rangée d’arbustes, possibilités de récolte de petits fruits.
L’arborescente: rangée d’arbres en bordure du talus.
La «trois services»: rangée d’arbres, rangée d’arbustes et bande herbacée.