Abandon massif d’animaux dans la région: un problème «grave»
Au moment où la traque de trois chiens errants à Granby fait les manchettes, Carl Girard, le directeur de la Société protectrice des animaux (SPA) des Cantons, dénonce l’abandon massif d’animaux, un problème qu’il qualifie de grave.
«Le cas des chiens errants est un bon exemple pour montrer qu’il y a un problème grave au Québec et dans la région. Ces chiens-là sont victimes d’un maître qui a dompé la chienne. Chaque année au Québec, 500 000 animaux sont abandonnés. Le gouvernement devra passer des lois», juge-t-il.
Il ne cache pas que son refuge pour animaux est constamment rempli. «On est débordé. Ce n’est pas normal qu’une SPA dans les Cantons-de-l’Est ait jusqu’à 80 chiens et plus de 100 chats. Ce n’est pas le centre-ville de Montréal, dénonce M. Girard. Il va falloir s’asseoir ensemble et régler le problème.»
La période d’abandons estivale étant passée, la SPA accueillait, au moment d’écrire ces lignes, 24 chiens et une cinquantaine de chats. En temps de crise ou lorsque les familles de la région ne se massent pas aux portes pour adopter un compagnon à quatre pattes, l’organisme est forcé d’envoyer des bêtes en Ontario.
Pour mettre un terme à cette situation-là, il croit qu’une règlementation unique, destinée à l’ensemble des municipalités de la province, serait de mise. «Ça rendrait notre travail beaucoup plus facile. Il faut que les gens comprennent qu’un chien, c’est pour 15 ans, pas pour trois mois. Notre rôle, c’est de les remettre en adoption dans le cas où le maître ne peut plus s’en occuper», dit-il, faisant notamment référence à des problèmes de santé.
Malheureusement, ce n’est cependant pas la réalité. Carl Girard raconte qu’il trouve régulièrement des bêtes dont la laisse est attachée à la galerie de la SPA, située sur la rue Sud à Cowansville. Des chiens sont aussi abandonnés en bordure de route ou dans des stationnements.
Une règlementation bien définie
«C’est simple, ça prend un règlement clair qui définit c’est quoi un chien dangereux, un chenil, une chatterie, des animaux de ferme, des animaux exotiques. Ça rendrait notre travail beaucoup plus facile», enchaîne-t-il.
Selon ce dernier, qui doit appliquer les règlementations en vigueur dans les 25 municipalités avec lesquelles il est à contrat, plus il y a de définitions dans la législation, plus elle est facile à appliquer. Dans le cas contraire, «c’est sujet à interprétation».
Plusieurs municipalités de Brome-Missisquoi n’ont pas de règlementation propre en vigueur et utilisent le RM-410, un règlement concernant le contrôle des animaux adopté à l’échelle de la MRC. Selon Carl Girard, cette législation est plutôt difficile à appliquer. «Il n’y a pas de définition de chien dangereux et il ne dit pas quoi faire avec un chien dangereux. S’il est errant, je peux l’euthanasier, mais dans le cas contraire, je ne peux rien faire», cite-t-il en exemple.
Pour ce faire, il suggère à la MRC de revoir sa législation ou conseille aux municipalités d’adopter un règlement pour le contrôle animalier.
Gatineau reçoit la palme
Dans la région, la palme de la meilleure règlementation municipale en matière de contrôle animalier revient aux villes de Farnham, Roxton Pond et Upton, selon le directeur de la SPA des Cantons-de-l’Est. «Mais la meilleure au Québec, c’est Gatineau. Toutes les définitions sont présentes et complètes. Les définitions font une grosse différence et précisent les soins apportés aux animaux», explique M. Girard. À lui seul, ce règlement fait quelque 20 pages.
Selon Carl Girard, la Ville de Sutton pourrait amender sa règlementation cet automne. «Il y a des discussions. Il y a plusieurs affaires avec lesquelles on s’est posé des questions», avise-t-il pour expliquer cette réforme.