Annie Gaudreau: du cœur au ventre et des éclats de rire
PERSONNALITÉ 2017. Devenue figure de proue d’un mouvement visant à sauver de la fermeture le CHSLD Horace-Boivin de Waterloo, la responsable d’un service de garde en milieu familial, Annie Gaudreau, s’est bien malgré elle retrouvée sur la sellette. Parce qu’elle a fait entendre ses convictions avec cœur et authenticité jusqu’au bureau du ministre de la Santé, la Sheffordoise est la personnalité féminine de l’année 2017 du GranbyExpress.
Si elle a toujours porté en elle cette étincelle de militantisme et a notamment touché au syndicalisme, ce n’est qu’en juin, lorsque la nouvelle tombe, que Mme Gaudreau se jette dans la mêlée. On rend publique la fermeture éventuelle du centre d’hébergement, où réside depuis maintenant quatre ans son frère handicapé physiquement et mentalement de 49 ans. Loin de constituer un simple établissement de santé vétuste aux yeux de ses membres, le CHSLD est plutôt l’endroit paisible et stimulant choisi par la famille de Stéphane pour qu’il puisse s’épanouir près de siens.
«C’est sûr que ça a vraiment touché ma corde sensible quand on m’a dit que le bâtiment n’était plus bon et que ce monde-là serait séparé et irait on ne sait trop où. On parle d’êtres humains, pas de chaises que l’on déplace. […]C’est venu me chercher bien comme il le faut», se souvient Mme Gaudreau.
Organiser la résistance
S’entourant d’autres personnes qui ont la cause à cœur, Mme Gaudreau forme rapidement un comité de sauvegarde pour défendre le dossier. L’enjeu dépasse son entourage et les intérêts de son grand frère: c’est pour le bien-être de tous les bénéficiaires qu’elle se battra aux côtés du maire de l’époque, Pascal Russell, d’un résident, Marcel Brien et d’un employé du centre, Alain Lafond. Le nouveau maire de Waterloo, Jean-Marie Lachapelle, se joint par ailleurs au regroupement sitôt élu.
Supportée par ses alliés, la maman de trois jeunes adultes lance au courant de l’été 2017 une pétition et multiplie en région les demandes de soutien, de lettres d’appui et de résolutions, découvrant à la volée les rouages de la politique et la sphère médiatique. Si le document sera en novembre jugé irrecevable en vue d’un dépôt en bonne et due forme à l’Assemblée nationale, il est néanmoins signé par 5000 personnes. «J’ai senti dans ma démarche que beaucoup de gens se rejoignaient en moi. J’ai fait de belles rencontres. Je n’ai pas reçu une seule remarque méchante, négative ou pessimiste. Personne n’a tenté de me décourager», se réjouit-elle, admettant néanmoins qu’elle en a sans doute dérangé quelques-uns au passage.
Rester soi-même
Transparente, rieuse et expressive, la citoyenne sera restée entièrement elle-même tout au long de son combat, qui l’a menée jusqu’au bureau du ministre de la Santé, Gaétan Barrette, le 19 septembre. Avec ses acolytes, Mme Gaudreau s’y est déplacée pour plaider en faveur du maintien du CHSLD. Jamais elle n’aurait pu imaginer, un an plus tôt, prendre part à un tel face-à-face, ni se faire suggérer par des concitoyens de se lancer en politique municipale.
«Je n’ai pas de sympathie ou de capital politique à aller chercher, ni rien d’autre à gagner», fait valoir celle qui désirait simplement voir Stéphane évoluer dans le meilleur environnement qui soit.
S’avouant très intense et faisant montre d’un optimisme hors du commun, cette dame originaire de Cowansville a néanmoins douté en cours de route. «Parfois, je me suis demandée si j’allais trop loin, ou si je devais me calmer le pompon. Chaque fois, il s’est passé quelque chose qui m’a fait réaliser que je ne pouvais pas arrêter», explique-t-elle.
Au moment d’acheminer ce texte sous les presses, la décision promise par le ministre Barrette n’avait pas encore été rendue ; le sort du CHSLD Horace-Boivin n’était ainsi pas encore connu.
Qu’à cela ne tienne et quelle que soit l’issue de sa croisade, Annie Gaudreau ne «décrochera pas». Animée par une cause qui la touche en plein cœur, elle continuera à frapper aux portes… et à les défoncer.