Cannabis: un programme «made in Shefford» sur la table à dessin
STUPÉFIANTS. Le centre de traitement des dépendances l’Envolée de Shefford planche actuellement sur un nouveau programme destiné aux automobilistes condamnés pour avoir conduit sous l’influence du cannabis. Si l’initiative fait ses preuves, la direction espère même la voir prendre une ampleur provinciale.
Le directeur général du centre, Nicolas Bédard, est catégorique. S’il est actuellement très complexe pour les autorités policières de détecter la consommation de cette substance chez un conducteur, il croit que ces dernières, poussées par l’imminente légalisation de cette substance, se doteront sans tarder de moyens plus poussés. «Il va y avoir une hausse significative du nombre de gens à tout le moins arrêtés, accusés et éventuellement condamnés», lance-t-il, convaincu.
Devant ce constat, l’Envolée veut être proactif et proposer un programme offert à l’externe et destiné à ces personnes judiciarisées. Il n’y a pas de temps à perdre, estime M. Bédard: «Il y a des gens qui vont avoir des problèmes de consommation et il ne faut pas attendre que ça fasse un an que la légalisation soit effective […]».
Une alternative inspirée des Américains
Inspiré par des programmes similaires développés au New Hampshire et dans l’État de New York, le directeur veut mettre en place une série de douze ateliers obligatoires s’étendant sur trois mois. «Il y aurait entre autres un cours donné par un avocat sur toutes les mesures légales […] et les sanctions. Il y aurait aussi un autre volet sur l’aspect financier, par exemple les coûts reliés à l’assurance automobile qui décuplent pour ceux qui se font prendre», ajoute Nicolas Bédard.
L’idée est de sensibiliser aux risques de la conduite avec facultés affaiblies, mais également de dissuader les personnes visées de récidiver. Le programme se veut aussi une alternative aux 1000 $ d’amende et aux trois mois d’interdiction de conduite dont écopent généralement les fautifs lors d’une première offense.
Des visées nationales
Le centre de désintoxication espère d’abord convaincre les autorités concernées par la question d’autoriser un projet pilote d’un an et de le mettre en branle dès le premier juillet, date à laquelle sera légalisée la consommation du cannabis au Canada. S’il porte ses fruits, il pourrait certainement s’appliquer à la grandeur de la province, croit M. Bédard.
«Si l’on construit un programme qui fonctionne et qu’on réussit à sauver des vies et faire en sorte que moins de gens prennent la voiture quand ils consomment […], c’est sûr que le développer partout va faire partie de nos priorités». Des ententes pourraient ainsi se faire, par exemple, avec d’autres centres de la province pour que le programme étende ses tentacules grâce à de nouvelles personnes formées.
Le projet, sur lequel les intervenants du centre travaillent déjà à l’interne, devrait être fin prêt pour être proposé au ministère de la Justice en mars. Pour l’heure, les seules dépenses encourues relèvent des heures consacrées à sa préparation. M. Bédard estime qu’un projet pilote tel que souhaité coûterait quant à lui entre 50 000 $ et 60 000 $, un montant bien peu élevé considérant les énormes bénéfices qui pourraient découler du programme, c’est-à-dire sauver des vies.