Centre équestre Cheval Bleu : s’unir en quête d’un rêve

PASSION. En 2016, Carole Sansoucy et Camille Gendron mettent leur retraite en  veilleuse et investissent dans l’achat d’un centre en faillite. Ils plongent alors tête première dans l’immense projet de leur fille Florence, entraîneuse de compétition. Moins de deux ans plus tard, ils possèdent, à trois, le Centre équestre Cheval Bleu de Saint-Joachim-de-Shefford et y font leur propre élevage de futurs champions.

«On lui a dit qu’on lui donnait trois ans de notre temps», lance d’emblée Mme Sansoucy, qui a littéralement été contaminée par la grande passion qu’a développée sa fille, dès l’enfance, pour l’univers équestre.
Alors qu’il est plus commun de voir l’enfant marcher dans les traces de ses parents, c’est le phénomène inverse qui s’est imposé chez les Sansoucy-Gendron. Tous deux dans la soixantaine, les parents se consacrent désormais à épauler leur cadette dans la réalisation de son plus grand rêve.

Tandis que l’ex-maître électricien veille à l’entretien du terrain et des nombreux bâtiments, celle qui œuvrait comme éducatrice en milieu scolaire aide, entre autres, à l’organisation des camps, en plus de s’assurer du bien-être des bêtes.

Au final, les trois membres de la famille, qui vivent à ce jour sous le même toit, forment une excellente équipe. Mais au Cheval Bleu, ce ne sont pas les parents qui ont le dernier mot. «Je ne suis pas la mère ici. Je dis toujours aux gens de demander à Florence, que c’est elle qui décide», lance Mme Sansoucy en riant.

Florence Sansoucy-Gendron possédait déjà sa propre école, Équitation Sansoucy ; elle a notamment œuvré à Dunham puis à Sutton dans les dernières années. Or, l’entrepreneure  devait composer avec une facture annuelle d’environ 30 000 $ pour seulement louer les installations lui permettant de gagner sa vie grâce aux cours d’équitation qu’elle dispense.

L’accès au financement permettant de lancer un centre équestre étant pour le moins ardu à obtenir, ses parents sont en quelque sorte venus à sa rescousse. «Ça fait un peu peur de se lancer dans un gros projet comme celui-là et dans un aussi gros investissement financier. Je n’avais que 23 ans, à l’époque», rappelle la jeune femme, qui dirige le site.
Après un investissement d’un demi-million $ pour acquérir les lieux et l’injection de quelque 100 000 $ supplémentaires pour diverses remises à niveau, leur propre centre, qui abrite désormais l’école d’équitation de Florence, se concrétise en avril 2016.

Le site de 55 acres compte deux manèges extérieurs ainsi qu’un autre intérieur, chauffé et isolé. Trois écuries s’ajoutent aussi à la résidence où le trio a élu domicile.

La famille a d’ailleurs accueilli chez elle ses deux premières compétitions de l’Association équestre régionale de l’Estrie l’été dernier ; d’autres rendez-vous sont déjà prévus au calendrier estival 2018.

Élever des champions

Si 28 chevaux, dont 14 pensionnaires, résident actuellement au Cheval Bleu, ce chiffre sera sans doute amené à fluctuer au cours des prochaines années. Les copropriétaires ont en effet choisi de se lancer dans la production équine afin d’élever eux-mêmes de futurs champions. «On ne se le cachera pas, des super chevaux de compétition de saut d’obstacles, on n’est pas capable d’acheter ça», résume Mme Sansoucy. Sa fille précise d’ailleurs que la facture peut «facilement atteindre 75 000$» pour un seul de ces équipiers  et grimper jusqu’à… un million $.

Leur tout premier rejeton, Alpha Roméo, né de la poulinière Victory Gallop en août dernier, ne fait donc qu’ouvrir la marche. Un deuxième rejeton est attendu pour août prochain. L’entreprise aimerait, éventuellement, voir naître plus d’un poulain par année chez eux. Ces nouveau-nés pourront s’ajouter à ceux appartenant déjà à la famille ou être vendus, que ce soit dès sa naissance ou plus tard, une fois son entraînement achevé.

«On voudrait développer une super équipe de compétition et pour cela, ça nous prend des bons chevaux. On aimerait avoir de belles lignées de chevaux variés qui seront capables d’être performants à des bons niveaux», explique la maman.

Notons que le centre équestre s’est joint à l’Union des producteurs agricoles (UPA) en 2017. En Haute-Yamaska, 21 producteurs équins y sont actuellement inscrits. Ce chiffre comprend  toutefois les entreprises œuvrant dans la production de viande chevaline.

Un destin déjà tracé

Si ses parents n’avaient pas prévu travailler activement dans le domaine équestre, Florence, elle, y était on ne peut plus destinée. La cavalière a littéralement «du sang de cheval», lance sa mère en s’esclaffant. Cette dernière le remarque d’abord lors d’une visite dans une fête de village de Stanbridge East. Sa fille n’est alors âgée que de sept ans.

«Il y avait un poney. Ça coûtait une piastre et le monsieur partait et l’amenait faire un tour. Elle a demandé une autre piastre, une autre piastre, et une autre piastre…tellement, que le monsieur était tanné et lui a dit que le poney devait se reposer», se souvient Carole Sansoucy. Dès lors, le destin de Florence était tracé. Celle qui possède des talents indéniables de pédagogue en plus d’avoir été sacrée championne provinciale de saut d’obstacles l’an dernier n’avait besoin, au final, que d’un petit coup de pouce familial.