De l’arsenic dans l’eau d’une école

La dernière rentrée scolaire s’est fait sous le signe des bouteilles d’eau et des abreuvoirs condamnés à l’école primaire Joseph-Poitevin. De récentes analyses faites par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP), dont GranbyExpress.com a obtenu copie, ont dévoilé la présence d’arsenic dans l’eau de l’institution d’enseignement. Un avis de non-consommation de l’eau a été émis le 27 août dernier et restera en vigueur, dans le meilleur des scénarios, jusqu’à la prochaine rentrée scolaire.

Dans une fiche d’information affichée à l’école primaire Joseph-Poitevin et distribuée à l’ensemble des parents de l’établissement, la commission scolaire du Val-des-Cerfs (CSVDC) explique la raison de l’avis de non-consommation. «Jusqu’au 29 février 2012, le MDDEP acceptait la présence d’arsenic dans l’eau jusqu’à 0,025 mg/l. Cette norme a été réduite en mars 2012 à 0,01 mg/l. Alors une analyse physico-chimique effectuée en août 2012 à l’école Joseph-Poitevin a révélé la présence d’arsenic de 0,011 mg/l, soit nettement en dessous de l’ancienne norme», écrit la CSVDC. L’organisation a voulu se faire rassurante en précisant, en caractères gras, qu’il n’y avait «aucune raison de s’alarmer».

Le Règlement sur la qualité de l’eau potable du MDDEP vient confirmer les allégations de la CSVDC. «Avant, il était admis une présence de 0,025 mg/l. Maintenant, l’arsenic est limité à 0,01 mg/l. Le MDDEP exige, qu’une fois l’an, qu’entre le 1er juillet et le 1er octobre, les responsables de réseaux envoient des échantillons pour analyse», explique Renée Plamondon, directrice adjointe régionale de la Montérégie et de l’Estrie au Centre de contrôle environnemental du Québec.

Six ans de délais

Depuis mai 2006, Santé Canada recommande que la quantité d’arsenic soit limitée à 0,01 mg/l. Il a fallu près de six ans avant que Québec emboite le pas. «Je suis embêtée par rapport à cette question. Ça a effectivement été long. Entre temps, on ne peut pas se permettre de diminuer une norme lorsque les équipements de filtration adéquats ne sont pas disponibles. C’est une question de santé publique. Statistiquement, je ne sais pas ce que peut faire le microgramme de plus sur la santé», dit Mme Plamondon.

«Ce sont des recommandations seulement basées sur des études. Les provinces ont l’option de les suivre ou de ne pas les suivre», ajoute Stéphane Shank, porte-parole de Santé Canada. Mme Plamondon confirme toutefois que c’est à la suite de la recommandation de Santé Canada que Québec a décidé d’abaisser la norme à 0,01 mg/l.

De nombreuses mesures

Les résultats de l’analyse physico-chimique des eaux de l’école située sur la rue Saint-Hubert ont donc forcé la mise en place de mesures afin d’éviter que les enfants ne consomment cette eau. Chacun des abreuvoirs de l’école a été recouvert d’un sac de poubelles et des points de distribution d’eau en bouteille ont été installés aux quatre coins du bâtiment. Les valves des robinets ont aussi été fermées. Si de petits verres coniques sont mis à la disposition des élèves, les parents sont invités à fournir à leur enfant une bouteille d’eau.

La CSVDC précise aussi avoir eu l’autorisation du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) pour utiliser l’eau courante à des fins de lavage de main et de vaisselle.

«C’est sûr qu’on reste surpris, mais ce n’est pas grave. On s’organise», a lancé une mère qui désire garder l’anonymat, dont l’enfant fréquente l’école Joseph-Poitevin.

Manon Courchesne, une autre maman, ne s’est pas dite inquiète de la situation à l’école, mais se pose des questions. «Je me demande si c’est pareil chez nous! On va faire analyser l’eau. Pour l’école, les enfants ont une gourde réutilisable. Ce n’est pas grave!»

Pas avant août 2013

Dans un scénario idéal, l’avis de non-consommation pourrait être levé en août 2013. De nombreuses étapes doivent cependant être franchies avant d’en arriver là. La CSVDC a mandaté la firme Nordikeau pour développer un système de traitement de l’eau qui devra être approuvé par le MDDEP.

Une fois l’étape des plans et devis passée, le MDDEP analysera le tout avant de lancer un appel d’offres le 15 février 2013. «La fabrication et la production du système devraient avoir lieu du 1er avril au 15 juillet 2013 pour une mise en service au début du mois d’août 2013, mentionne Jean Perrault, porte-parole de la CSVDC. On est à la merci du gouvernement.»

 

L’arsenic en bref  

– C’est un élément naturel.

– N’a pas de goût, ni d’odeur.

– La seule façon de le détecter est de faire une analyse chimique.

– L’absorption se fait par ingestion.

– À forte concentration, peut causer le cancer.

– Santé Canada recommande que la norme maximale soit fixée à 0,010 mg/l.