De sommelier à artisan-designer de motos «vintage» à Saint-Alphonse-de-Granby

PASSION. Les motos «vintage» ou «café-racers», ces engins aux allures rétro, connaissent un engouement sans précédent. Guillaume Brochu en sait quelque chose. Dans son atelier de Saint-Alphonse-de-Granby, le Bromontois redonne vie à des belles d’autrefois en les transformant en de véritables œuvres d’art sur deux roues. Un savoir-faire maintenant reconnu par BMW.

Guillaume Brochu n’a rien du profil du mécano d’arrière-cour qui s’amuse à monter et à remonter des motos les soirs et les week-ends. Le gars originaire de Québec découvre les machines vintage lors d’un séjour en Italie en 2009. Une révélation pour le sommelier.

«Au lendemain d’une soirée, j’ai vu des hommes d’affaires portant le veston et la cravate sur des bolides vintage (…). Et j’ai fait ma première <I>ride<I> de moto à Milan», raconte le principal intéressé.

Sentant le besoin de nouveautés professionnelles, le diplômé en comptabilité de l’Université Laval délaisse les découvertes viticoles et démarre en affaires. En 2012, Guillaume Brochu lance sa propre marque Pure Breed Fine Motorcycles. Une entreprise spécialisée dans la restauration complète de motos. «À mes débuts, je n’avais même pas de permis de moto», avoue-t-il.

Un coup de pouce de l’ex-CLD de la Haute-Yamaska pour le démarrage de la PME, une passion et des heures et des heures à démonter et remonter des machines au look rebelle. Le mécano vintage sera d’ailleurs la tête d’affiche d’une production originale de dix épisodes de 30 minutes, Motos Cafés Racers, dès le 6 janvier à 20h30 sur la chaîne Historia.  «J’ai eu une belle parution dans La Presse en septembre 2013 et une semaine plus tard, j’ai eu un appel de Pixcom. Au début, j’ai cru que c’était une joke. Le projet n’a pas abouti avec eux, mais Urbania m’a approché. Leur approche était plus cool», explique l’entrepreneur de 29 ans.

Au cours de la série, les téléspectateurs pourront notamment découvrir l’atelier de la rue Authier, voir des essais routiers et en apprendre un peu plus sur les mordus de «café-racers».

L’art du vintage

Guillaume Brochu est un véritable magicien de la mécanique et de la restauration. Avec une vieille bécane japonaise des années 70, l’artisan la transforme de A à Z avec l’aide de son mécanicien, Bruce Allnut, et d’une multitude de fournisseurs et de sous-traitants québécois et étrangers.

«Ce sont des épaves. Je garde le frame et c’est tout.» «Je remonte la moto et dès qu’elle est terminée, je suis le premier à l’essayer. Il faut que ça soit impeccable et que ça aille bien.»

BMW et New York

En trois ans, Guillaume Brochu a réussi à créer de véritables bijoux uniques et performants. Des engins qui nécessitent entre 150 et 200 heures de travail. Pour déambuler sur les routes avec une Pure Breed Fine Motorcycles, la note à défrayer peut atteindre les 20 000 $. La somme parait faramineuse, mais les amants de ce type d’objet de collection seraient au rendez-vous. Le fabricant BMW l’observe et vient de faire appel à l’expertise du Bromontois pour développer un «café-racers» nouvelle génération. La filiale canadienne du géant allemand va proposer un engin dernier cri conçu à partir d’un châssis neuf en 2016. Le mandat: une production de 40 unités à 40 000 $ U.S, l’unité.

«C’est pas un hobby. C’est une business», avoue le jeune homme d’affaires.

Présent sur le web et les médias sociaux, le mécano-designer réussit à se faire connaître partout sur la planète moto. L’un de ses clients, un New-Yorkais, l’a d’ailleurs convaincu d’ouvrir un point de services dans la Grosse Pomme. Dès avril 2016, Guillaume Brochu et son entreprise auront un pied à terre à Brooklyn. «J’ai vendu une première moto ce printemps (2015) et l’acheteur va être mon partenaire d’affaires. C’est cool et New York, c’est une belle porte d’entrée», conclut Guillaume Brochu.