Dénombrement en itinérance: le CIUSSS répond aux critiques

ITINÉRANCE. Granby sera, avec Sherbrooke, la seule ville du territoire du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de l’Estrie-CHUS dont les rues seront sillonnées dans le cadre du dénombrement pancanadien des personnes sans-abri, dans la nuit du 24 au 25 avril prochain. Le réseau de la santé a tenu, jeudi matin, à faire le point sur cette initiative, qui a fait l’objet de nombreuses critiques à ce jour.

Tout le monde compte, prévu simultanément dans onze régions du Québec, vise à dénombrer, dans un premier temps, le nombre d’individus devant composer avec une situation d’itinérance visible. Les résultats de ce portrait ponctuel devraient être dévoilés, à l’échelle provinciale, dès l’automne prochain.

En conférence de presse, les responsables de ce projet au sein du réseau de la santé régional ont tenu à préciser que l’obtention de données quantitatives n’est que la première étape de ce grand processus. «On est d’accord que si on ne faisait qu’un dénombrement, on n’irait pas loin. La qualité de la démarche qui est faite simultanément dans toutes les régions du Québec, c’est qu’elle sera suivie de trois autres étapes […]», explique Charles Coulombe, responsable de la coordination intersectorielle en itinérance pour le territoire du CIUSSS.

On cherchera aussi à documenter l’itinérance cachée à l’aide d’un questionnaire, l’utilisation des divers services sur le territoire ainsi que les différentes trajectoires qui ont mené les individus concernés vers la rue. Le tout aboutira à la publication, en 2020, d’un portrait quantitatif beaucoup plus large produit par Québec.

Chez nous, le Groupe actions solutions pauvreté (GASP) avait déploré, le mois dernier, le fait que les chiffres, dévoilés seuls et deux ans avant le portrait provincial, marqueraient les esprits. «C’est certain qu’on va associer d’autres données qualitatives dont on dispose déjà à la sortie publique des données du dénombrement, parce qu’on sait que ce n’est pas complet en soi», assure M. Coulombe. Le GASP, qui jugeait le procédé imparfait, avait aussi

défendu que le dénombrement ne permettrait pas de saisir l’ampleur du phénomène de l’itinérance, qui se veut davantage ponctuelle en Haute-Yamaska que dans les grands centres urbains comme Montréal.

Une réponse volontaire

L’idée que l’initiative contribue à stigmatiser davantage des citoyens déjà marginalisés fait également partie des critiques qui ont été adressées depuis l’annonce de la tenue du dénombrement. M. Coulombe ne croit pas qu’il y aura là un problème. «C’est une façon de procéder qui peut très bien ne pas être stigmatisante et se faire dans le respect. De toute façon, ça se fait de façon tout à fait volontaire. Les personnes […]qui ne veulent pas répondre au questionnaire n’auront pas à le faire», précise-t-il.

Il en va de même pour les ressources ciblées pour faire remplir lesdits questionnaires gouvernementaux. Craignant de briser un lien de confiance avec les gens avec lesquels elles interviennent, les travailleuses de rue d’Impact Haute-Yamaska ont choisi de ne pas y prendre part, une situation que le CIUSSS dit comprendre. Elles ne sont pas les seules, dans la région sanitaire de l’Estrie, à avoir pris cette décision, confirme le réseau.

Notons qu’en plus des rues et d’autres lieux ciblés, le centre de traitement des dépendances l’Envolée de Shefford ainsi que les diverses ressources en hébergement temporaire seront également visités les 25 et 26 avril.

Des bénévoles recherchés

Une trentaine de bénévoles sont recherchés afin de prendre part, sur le territoire de Granby, au dénombrement dans les rues le 24 avril en soirée et dans les ressources durant les deux jours suivants. Les volontaires devront se rendre disponibles afin de préalablement recevoir une formation d’environ une heure. Les personnes intéressées peuvent s’inscrire au www.msss.gouv.qc.ca.

Notons que les participants doivent être âgés de 16 ans et plus pour sillonner les rues, mais que ceux âgés de 14 à 16 ans pourront œuvrer au quartier général le soir du dénombrement. Il est prévu que celui-ci soit érigé au Cégep de Granby.