Des fêtes nationales en péril? 

FÊTE NATIONALE. Les célébrations de la Saint-Jean-Baptiste s’amorcent dans quelques heures un peu partout dans la région. Derrière le travail de centaines de bénévoles toutefois, un vent d’inquiétude gronde quant au futur des activités. Et les alertes lancées sur la scène nationale au cours des derniers jours résonnent jusqu’ici, a constaté Granby Express.

Les nombreuses fêtes de cette année réussissent tant bien que mal à absorber les contrecoups d’une baisse des budgets de 300 000 $ qui affecte les 20 régions de la province. Plusieurs craignent toutefois que le ciel bleu tourne au gris pour l’an prochain. «Les gens du Mouvement national des Québécoises et Québécois (MNQ) ont puisé dans les surplus cette année. L’an prochain, il n’y en aura plus, mais la coupure de 300 000 $ y sera toujours. Ça va faire mal aux plus petits projets, on amputera presque le quart de leur budget», constate Jean-Yves Langlois, coordonnateur à la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) Richelieu-Yamaska.

«Les activités sont gratuites, mais il faut payer nos professionnels, nos artistes, notre matériel. Il y a des frais minimums à débourser. Certes, le privé contribue, mais pas à la même hauteur que le public. On demande que le Québec, peu importe le gouvernement, accepte de donner 0,50 $ par habitant», renchérit Luc Perron.  

Les déclarations du premier ministre Couillard, qui révélait que le climat d’austérité était loin de se dissiper, n’ont rien fait pour rassurer les responsables de la région quant aux programmations des prochaines années. «Il faut craindre énormément. Le gouvernement ne considère pas la Saint-Jean-Baptiste de la même façon que nous la percevons. Les Québécois, nous aimons fêter. Il faut faire en sorte qu’au-delà de la fête nationale, qui remonte tout de même à 1834, on continue de forger notre culture québécoise», avance Luc Perron, le président de la SSJB Richelieu-Yamaska. Ce dernier rapporte que le budget provincial consacré cette année à la Saint-Jean-Baptiste a été ramené au niveau de 2008.   

Une pétition de 181 noms, rappelant la 181e Saint-Jean-Baptiste, a été déposée par la SSJB au cours des derniers jours. L’initiative régionale dénonçant les coupures, regroupe quelques figures du monde politique granbyen, dont le maire Pascal Bonin, le conseiller Serges Ruel. Le directeur du Cégep de Granby Sylvain Lambert y a également apposé sa signature.  

Fête régionale

Granby a obtenu le titre de fête régionale en 2015, ce qui lui confère un statut particulier, avec plus de visibilité notamment. Le support financier du MNQ est plus important, alors que les organisateurs ont reçu un coup de pouce de 13 000 $, au-delà des 5000 $ maximum alloués en temps normal.

«Pour nous, il n’y a eu aucun impact cette année, dans le sens que nous avons reçu le même montant que ceux qui étaient désignés fête régionale en 2014. J’imagine par contre qu’il y aura une incidence l’an prochain, relate Mathieu Saint-François, coordonnateur de la Fête nationale à Granby. On dit toujours qu’il faut faire plus avec moins et c’est ce que nous allons continuer de faire. On fait tout pour que ce soit le plus accessible.»

Contrairement aux autres villes situées en périphérie, le montant octroyé par le MNQ pèse moins lourd dans la colonne budgétaire des festivités granbyennes. «Oui, j’ai des craintes, comme tout le monde qui se fait couper dans tous les services, mais je n’ai pas l’impression que ça influera grandement sur nos activités. Ce sera à nous de nous forcer un peu plus pour aller chercher des revenus autonomes.»

Le budget total de la fête nationale de Granby se chiffre cette année à 93 000 $. La Ville de Granby demeure le principal bailleur de fonds en assumant environ 70 % de cette somme. Pour les deux jours de festivités, le cap des 20 000 visiteurs devrait être dépassé, selon le souhait des organisateurs.       

Ce qu’ils ont dit…

Mathieu Saint-François, coordonnateur de la fête nationale à Granby

«Beaucoup de gens continuent de donner une couleur politique à la fête. Mais ça demeure la fête des Québécois, qu’ils soient nés ici ou pas, peu importe la race ou la religion.»       

«La programmation est diversifiée, elle s’est bonifiée avec le temps. Les gens, dont beaucoup de familles, viennent faire des activités, au lieu de boire un coup. Le fait qu’il y ait beaucoup d’activités et non un seul soir de show et de party aide en ce sens. C’est une bonne chose, ça évite les débordements.» 

Luc Perron, président de la SSJB Richelieu-Yamaska

«Ce qui est le plus à craindre, c’est que c’est une fête qui mobilise des milliers de personnes. C’est une fête citoyenne qui doit demeurer publique et non pas devenir à la remorque du privé.» 

Jean-Yves Langlois, coordonnateur à la SSJB Richelieu-Yamaska

«Nous sommes pas mal inquiets, à savoir si les prochaines fêtes auront la même ampleur.»