Des fraises cultivées en hiver pour Le Roi de la Fraise
AGRICULTURE. Le prochain roi de la fraise, c’est assurément Johannie Maynard. La jeune femme de 34 ans, troisième génération d’agriculteurs, est à l’origine du projet ambitieux de la ferme située à Saint-Paul-d’Abbotsford et qui consiste à cultiver des fraises en serres en plein hiver. Par ailleurs, les amoureux des fraises pourront savourer les premières récoltes dès le mois d’avril.
Gino Maynard, propriétaire de la ferme Le Roi de la Fraise, caressait cette idée de développement depuis une dizaine d’années, mais c’est lorsqu’il a commencé à planifier le transfert futur de sa ferme à sa fille Johannie qu’il a décidé de se lancer en sa compagnie dans l’aventure de la fraisiculture en serre. «C’était une idée que j’avais depuis longtemps, mais je n’ai pas eu le guts de m’y lancer. Je vais avoir 60 ans l’année prochaine et il y a beaucoup de choses à apprendre, c’est un projet de jeunes», s’amuse-t-il.
Aujourd’hui, même si M. Maynard plane autour du projet et apportant son aide à sa fille lorsque c’est nécessaire, il n’hésite pas à répéter avec fierté qu’il s’agit du projet de Johannie, son «petit bébé». «J’ai laissé le plein contrôle des serres à Johannie. C’est elle qui a fait les recherches sur les procédures et les minerais. Si elle s’en sort et qu’elle réussit dans ce projet, je n’aurais pas peur de lui transférer le reste de la ferme plus tard», souligne le propriétaire.
Johannie et son père ont installé deux serres sur le terrain de la ferme et qui sont présentement destinées à la culture des fraises. L’objectif des agriculteurs est de récolter les premiers petits fruits dès le mois d’avril. Pour le Roi de la Fraise, il s’agit d’une bonne façon de fidéliser sa clientèle en rendant disponible des produits de saison à l’année, et d’attirer une nouvelle clientèle avant l’entame officielle de la saison au mois de juin avec l’ouverture du kiosque. De plus, la serriculture permettra aux producteurs d’étirer leur saison automnale déjà populaire avec les fraises d’automne, les citrouilles et les pommes.
De plus, chez le Roi de la Fraise, que ce soit pour la production en champs ou la serriculture, l’utilisation des pièges et du fauchage manuelle est toujours privilégiée à la place des produits. Pour les fraises, ces dernières puisent leurs engrais minéraux dans l’eau qui irrigue les fraisiers suspendus dans la serre. «Ce qu’on veut faire, c’est assurer un produit de qualité et je pense que notre clientèle le voit. On essaie de tout faire pour ne pas mettre de produits», explique Mme Maynard.
Toute une aventure
Alors que l’aventure des serres a officiellement démarré cette année avec la production de fraises, la famille Maynard a l’impression d’avoir vécu toutes les péripéties possibles depuis son lancement dans ce périple il y a quelques années. Dès le départ, alors que la famille Maynard attendait une subvention de quelque 65 000 $ du gouvernement pour démarrer le projet, celle-ci s’est toute de suite heurtée à une certaine lourdeur administrative qui ne s’arrangeait pas en pleine période pandémique. «Il y a un mot qu’il faut répéter tout le temps ici, c’est patience», explique Gino Maynard.
Gino et Johannie Maynard pensaient probablement que le plus dur était fait après l’installation des serres, mais d’autres problèmes sont rapidement apparus, menaçant de ce fait même toutes les jeunes pousses de fraises. Problème de température et de fournaise mal connectée, météo non clémente, etc., la famille Maynard, qui souhaitait avoir une ligne électrique pour la serre séparée de la ferme, a même dû se débrouiller avec un électricien pour avoir de l’électricité vu qu’Hydro-Québec n’est jamais passée pour procéder à cette installation. «On n’avait pas le choix de bricoler et de se débrouiller, on n’aurait pas eu d’électricité sinon. Il faut toujours s’adapter», lâche Johannie Maynard.
«C’est dans n’importe quel projet, on essaie de penser à tout, mais ça peut arriver des oublis. C’est pour ça qu’il faut toujours s’adapter, mais c’est un beau défi et je suis contente de voir que les plantes ont survécu», note la jeune agricultrice et mère de deux enfants.
Au bout du compte, avec tous les ajustements, les hausses de prix et l’ajout d’équipements (comme des panneaux de contrôle), l’installation des deux serres aura couté pas loin de 200 000 $ au Roi de la Fraise. Un chiffre, certes conséquent, mais qui constitue un investissement pour le futur. «Il y a un avenir dans les serres. Déjà, cet été, on va cultiver des légumes à l’intérieur, surtout ceux qu’on n’est pas capable de produire en champ à cause des chevreuils qui viennent tout manger. Ça va nous permettre d’avoir une récolte, et d’assurer une production différente à l’année », a mentionné l’agricultrice.
Les producteurs annonceront prochainement la disponibilité de leurs fraises sur leur page Facebook Le Roi de la fraise.