Des perroquets en pleine liberté
SOCIÉTÉ. Est-ce que vous avez déjà eu la chance d’observer le vol de quatre perroquets dans les régions de Bromont et de Granby? Si vous les apercevez, évitez de les nourrir ou de les attraper, posez-vous plutôt et profitez du spectacle, car ces volatiles aux couleurs étincelantes sont loin d’être sauvages et sont les compagnons de Geneviève Charest, une passionnée qui souhaite par-dessus tout sensibiliser la population quant aux besoins de ces grands oiseaux.
Geneviève Charest, directrice et fondatrice de deux écoles privées de la région (École Montessori à Bromont et l’École Les Jeunes Explorateurs à Granby), a toujours eu l’éducation à cœur, mais sa passion première est clairement tout ce qui touche les perroquets. Cette passion lui a été notamment transmise par son grand père qui a œuvré dans le monde de l’aviculture. Déjà petite, Geneviève Charest voulait sauver tous les poussins qui finissaient broyés ou asphyxiés, et faisait par la même occasion ses premières expériences d’éducation en vol libre avec certains des oiseaux familiaux.
Ceci dit, chez les Charest, au-delà du monde aviaire, l’altruisme est également une histoire de famille. En effet, alors que la sœur jumelle de Geneviève a plutôt œuvré à Calcutta avec Mère Térésa et que sa mère, quant à elle, a ouvert un orphelinat au Myanmar, Geneviève, pour sa part, a décidé de s’impliquer davantage pour les perroquets. « J’ai vite compris qu’on ne pouvait pas sauver tout le monde. Cela dit, je ne suis pas un sanctuaire pour perroquets, mais je tente d’aider un oiseau à la fois dans la limite de mon temps et de mes capacités », a-t-elle expliqué.
Aujourd’hui, Geneviève Charest, connue sous le nom de Geneviève de Bromont dans la communauté, partage sa vie avec quatre aras et un gris d’Afrique (Paco, Bora, Bamboo, Vermeer et Mon Amour). Ces derniers crèchent dans une voilière la nuit, et durant le jour, ils arpentent les cieux de la région en toute liberté. Par ailleurs, pour s’assurer de leur sécurité et suivre leur trajet, Mme Charest a commencé à les suivre par l’entremise d’un système GPS nouvellement acquis. «C’est un animal de compagnie qui ne devrait pas en être un », a lâché la principale intéressée. «Les gens veulent posséder leur animal de compagnie et veulent être aimés par lui, alors que c’est l’inverse chez le perroquet. Moi je dis toujours que je ne possède pas mes oiseaux, je les accueille et je tente de répondre à leurs besoins», a-t-elle ajouté.
«Les perroquets ne sont pas des bibelots»
D’après Geneviève Charest, il y a encore beaucoup de méconnaissance entourant le perroquet, qui est souvent « apprivoisé » comme on le fait avec une perruche. «Cette mode de nourrir l’oiseau à la main pour l’apprivoiser existe depuis longtemps dans le monde des perroquets, mais c’est une totale aberration dans la mesure où ça dénature complètement le perroquet», a plaidé Mme Charest. «Le perroquet ne s’apprivoise pas, il s’imprègne à l’humain. Il ne sait pas qu’il est un perroquet, parce qu’il pense appartenir au groupe social dans lequel il est, et ça fait en sorte qu’ils peuvent développer de gros problèmes de comportements.»
Pour Mme Charest, aucune condition de captivité ne répond aux besoins des perroquets, et c’est pour cette raison qu’elle les laisse à l’air libre pour «tenter de leur offrir une vraie vie de perroquets, dans les limites du possible». Internet étant souvent un lieu de conflits d’idéologies où la critique est vive entre passionnés, Geneviève Charest se contente plutôt d’éduquer, d’inspirer et d’aider à faire naître le désir d’offrir de meilleures conditions de vie aux perroquets en captivité. «Antoine de Saint-Exupéry disait : « Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas les hommes et femmes pour leur donner des ordres… Si tu veux construire un bateau, fais naître le désir de la mer »», a simplement mentionné la directrice d’école.
Aujourd’hui, le souhait le plus profond de Mme Charest est de faire bouger les choses au Québec pour la cause des perroquets. «Nous sommes plusieurs à souhaiter des lois plus sévères et l’obligation d’obtenir un permis de détention pour les perroquets avec de nouvelles lois assurant la sécurité et le bien-être pour leur vie en captivité », a-t-elle mentionné. «Il n’y a aucune cage qui peut convenir à un grand perroquet et répondre à ces besoins avec la longévité qu’ils ont, c’est une totale aberration qu’on puisse posséder ce genre d’animaux. Je ne comprends pas qu’on protège le lion et la gazelle, mais qu’on ne fait pas ça pour les grands aras.»
L’animal le plus abandonné
Alors que les perroquets de la dame semblent aujourd’hui vivre le bonheur absolu, Paco et Mon Amour ont traversé de grandes épreuves avant de retrouver leur joie de vivre. Paco (mâle) a dû apprendre à voler tard alors que Mon Amour (femelle), qui vivait avant dans des conditions très précaires dans son ancienne vie, s’est tellement mutilée qu’elle ne peut même plus voler aujourd’hui. «Je vois tous les jours des perroquets se promener de famille en famille et qui finissent par faire du picage ou être très malheureux dans des conditions de captivité inacceptables», a fait savoir l’amoureuse des perroquets.
«S’il y a une chose que j’ai comprise dans la vie, c’est que l’ignorance est la cause de bien des souffrances et négligences», a-t-elle conclu.
Aujourd’hui, Geneviève de Bromont accompagne plusieurs familles à travers le monde à bien répondre aux besoins de cet animal social et à la longévité impressionnante. Si vous voulez en savoir plus sur l’initiative de Mme Charest et connaitre l’histoire fascinante de ses compagnons volants, rendez-vous sur sa page Facebook, Geneviève de Bromont.