Distillerie La Chaufferie: lorsque les astres s’alignent 

AFFAIRES. Qu’ont en commun une bachelière en communication, un avocat et un globe-trotter? À première vue, rien ne semble présager une future équipe du tonnerre, et pourtant! Le destin a joué ses cartes comme un expert du poker, avec les mystères qu’on lui connaît, et a réuni trois camarades qui n’avaient rien pour s’entendre. Il en a fait des acolytes qui ont réussi à lancer un projet qui a suscité l’intérêt du publique. Le Granby Express a profité de la sortie de leur nouveau produit, une eau de vie à base de prunes qu’ils ont nommée Maître Pierre, pour recueillir les témoignages du trio atypique.

Chacun de leur côté, les protagonistes de cette histoire ont évolué en ne sachant rien de la route qui se pavait devant eux. Bryan Furlong est avocat et avait le rêve fugace de créer une distillerie dans une ferme sur son terrain, où il pourrait accueillir sa clientèle. Après mure réflexion, l’idée de recevoir la clientèle dans sa résidence lui semblait quelque peu… envahissante. Son projet nécessitait donc un peu de réflexion supplémentaire. 

Vincent Van Horn était aux Îles Caïmans quand l’idée de créer un alambic portatif, monté sur une charrette, lui est venue à l’esprit. D’ailleurs, les Caïmaniens lui apprenaient comment distiller de l’alcool. De retour au Québec, son projet s’est avéré plus compliqué qu’il n’y paraissait. Les permis pour se trimbaler avec son alambic, la vente d’alcool sur demande, etc. Toute la logistique entourant la mise en place de son entreprise semblait dure à surmonter. M. Van Horn s’est, en quelque sorte, retrouvé aussi face à un cul-de-sac.  

   

Claudia Doyon travaillait dans un pub et suivait – et suit toujours à ce jour – constamment des formations en mixologie. Le mélange des arômes, le sens du goûter, qu’est-ce qui peut se mixer et avec quoi… ce côté de la production d’alcool lui parle davantage que le fait de la consommer en soi. Aussi, elle était responsable de l’établissement où elle travaillait. De son côté, l’angle est plus à prendre par la façon de joindre ses fonctions et les imbriquer à ses  domaines qui sont la communication et la mixologie.

L’étincelle qui crée la magie

« C’est impossible de travailler avec quelqu’un quand il y a un »clash« de valeurs. Le travail c’est une grosse partie de nos vies, alors il faut qu’on se rejoigne quelque part. Nous, on veut être proche des producteurs, on veut toucher le grain qu’ils produisent. Personnellement, je fais aussi de la cueillette, ce qui me permet de comprendre, un peu plus, la réalité de nos fournisseurs. »

C’est le canevas que Mme Doyon et l’équipe de La Chaufferie se sont donné, afin de créer une proximité avec leurs partenaires, qui sont d’ailleurs tous du Québec. Or, au-delà de la philosophie de l’entreprise, ce qui impressionne dans cette aventure, ce sont les conjectures qui ont permis à nos trois collaborateurs de se retrouver sur le même chemin.

M. Van Horn est revenu des Îles Caïmans avec son projet, mais comme susmentionné, un alambic portatif était très compliqué à mettre en place. C’est à ce moment qu’il parle à un de ses amis, de son ambitieux projet. Ce dernier s’avère être un proche de Bryan Furlong et introduit le projet de l’avocat – lancer une distillerie – à Vincent Van Horn. Peu de temps après, les deux hommes se rencontrent: 

« Lorsqu’on s’est rencontré, après quelques verres on a eu une vision commune de notre distillerie. On s’est retrouvé à visiter le bâtiment actuel. Dès que nous sommes entrés, c’était clair que le projet allait se réaliser ici. Alors, on a tout mis en marche! »

La distillerie maintenant lancée, il manquait une stratégie pour le bar. Comment accueillir les gens pour que leurs produits soient exposés et reconnus? C’est à ce moment que la dernière « pièce au puzzle » s’est placée… par un de ces purs hasards dont seul le destin sait les faire.

Le triumvirat se complète

« Bryan – le cofondateur de La Chaufferie Bryan Furlon – est venu souper avec Pat, et moi je suis un peu »germaine« , mes collègues ne plaçaient pas les verres aux bonnes places. À mon avis, les choses doivent toujours être replacées aux mêmes endroits, c’est comme ça qu’un service est efficace. Alors, je me rappelle que les gars étaient assis derrière le bar et Bryan a dit »c’est de ça qu’on a de besoin, quelqu’un d’efficace!« Quelqu’un qui met de l’ordre dans le service, en bref. »

C’est le souvenir que la responsable des relations publiques, Claudia Doyon, a de la première rencontre qu’elle a eu avec les propriétaires de La Chaufferie

Le copropriétaire, Vincent Van Horn, est aux côtés de sa collègue et écoute son récit en tirant sa barbe, flanqué d’un sourire qui en dit long. Un sourire qui exprime un bon souvenir qui, de toute évidence, est un moment crucial de la formation de cette équipe hors du commun. Voilà! Le trio qui allait mener à bien cet holisme qu’est le tout, commerce, distillerie, bar et le partenariat avec les agriculteurs qui fourniraient la matière première, était enfin en place pour que La Chaufferie, dans sa forme connue aujourd’hui, prenne forme.

Si aujourd’hui l’aventure s’avère-t-être un beau succès, l’histoire a bien failli ne jamais commencer. Ouverte en pleine première vague de COVID-19, l’équipe a dû savoir faire preuve d’innovation:

« Je me souviens que lorsque la COVID a commencé, tout le monde craignait le virus, avec raison, car on ne le connaissait pas. Alors, on a »viré les alambics à l’envers« et on a fait du Purell! Les voitures arrivaient dans le stationnement et on leur lançait des bouteilles de désinfectant par la fenêtre côté passager. »

Un souvenir qui ne laisse pas indifférent M. Van Horn.

La Chaufferie se trouve dans un des bâtiments de l’ancienne usine de l’Imperial Tobacco et fait profiter ses clients de l’aspect rustique de l’endroit. Endroit, qui regorge d’histoire et de passion transmise par les artisans qui y oeuvrent.