Élections fédérales: une campagne conservatrice invisible dans Shefford

ÉLECTIONS. Au moment de publier ces lignes, il reste trois jours à la plus longue campagne électorale de l’histoire canadienne. En 75 jours, la candidate du Parti conservateur dans Shefford, Sylvie Fontaine, n’a présenté aucun engagement. Rien.

Dans un échange courriel avec un membre de son équipe identifié comme responsable des communications, nous avons posé la question: «Madame Fontaine est-elle une candidate poteau?» Si la réponse est «non», nous avons offert à Sylvie Fontaine une entrevue de fond pour lui donner l’occasion de présenter son programme pour la région. Elle a décliné notre offre.

Chronologie d’une campagne invisible

Mai: candidature officielle

La candidature de Sylvie Fontaine sous la bannière conservatrice a été annoncée par voie de communiqué en mai 2015. Les élections ont été officiellement déclenchées le 2 août. Ce fut ensuite le silence complet jusqu’au 18 septembre.

18 septembre: unique conférence de presse

Le 18 septembre, Sylvie Fontaine accueille les médias dans son bureau de campagne, rue Cowie, pour parler de finances publiques. Il s’agit du seul et unique rendez-vous médiatique de sa campagne. Elle défend le bilan du gouvernement de Stephen Harper et présente les grandes lignes du plan économique de sa formation politique. Aucun engagement local n’est annoncé.

29 septembre: unique communiqué de presse

Onze jours plus tard, le 29 septembre, la candidate publie son seul et unique communiqué de presse de la campagne. Une missive à propos du retrait de la citoyenneté canadienne aux individus reconnus coupables de terrorisme. Il s’agit d’un communiqué de presse national du Parti conservateur dans lequel elle insère son nom à l’endroit indiqué.

Cette pratique est courante dans les autres formations politiques, sauf qu’on retrouve habituellement des positions personnelles à l’échelle locale. Ce qui n’est pas le cas.

29 septembre: malaise au premier «débat»

La seule sortie publique de la candidate conservatrice a eu lieu le 29 septembre lors du «débat» organisé par l’organisme d’affaires Génération Avenir. Les quatre candidats de Shefford étaient présents, mais n’avaient pas le droit de s’interpeller.

Ils répondaient tour à tour à des questions qui leur avaient été envoyées à l’avance. Malgré cette préparation, Sylvie Fontaine a très mal paru sur plusieurs enjeux alors qu’elle semblait perdue et hors sujet, créant un malaise dans la salle.

6 octobre: refus d’un vrai débat

Sa performance à la rencontre de Génération Avenir explique peut-être le refus de Sylvie Fontaine de participer au seul véritable débat organisé par la Chambre de commerce Haute-Yamaska et région. Son refus force l’annulation de l’événement.

Cette vitrine aurait pu lui permettre de débattre de ses convictions devant environ 300 citoyens sur place et quelques milliers d’autres grâce à la télédiffusion de MAtv.

Les organisateurs avaient pourtant déplacé la date du débat pour l’accommoder.

Sylvie Fontaine a tenté de se justifier en rejetant la faute sur le refus de son adversaire néodémocrate avant d’admettre qu’elle était «plus à l’aise de parler aux électeurs un à un».

6 octobre: cacher son invité d’honneur

Alors que l’association locale annonce depuis près d’un mois la venue du candidat vedette Gérard Deltell à Granby, celui-ci se cache des médias. Le 6 octobre, Justin Trudeau débarque au même endroit où les conservateurs ont prévu se rassembler. En réaction, le parti déplace la visite dans un lieu tenu secret! Gérard Deltell et Sylvie Fontaine déclinent tous les deux nos demandes d’entrevue.

Trois jours plus tard, un représentant national du PCC nous enverra trois photos via Twitter pour prouver la visite de M. Deltell à Granby. Il semble que les deux candidats aient rencontré quelques industriels et des citoyens aux Galeries de Granby.

9 et 13 octobre: ignorer le communautaire

À deux reprises, Sylvie Fontaine a ignoré les appels du milieu communautaire. Alors que tous les candidats se sont prêtés au jeu, elle a refusé de répondre au questionnaire du Groupe actions solutions pauvreté (GASP). «Ça dénote une faible préoccupation pour les gens en situation de pauvreté sur le territoire», se désole le coordonnateur Nicolas Luppens.

Cette semaine, la candidate a récidivé en refusant de rencontrer les représentants de la Corporation de développement communautaire (CDC). Ces organismes voulaient connaître les engagements des candidats envers les citoyens les plus vulnérables de la société.

«On nous a dit qu’elle voulait se concentrer sur les rencontres directes avec les électeurs. Pourtant, en 30 minutes seulement, elle avait l’occasion de rencontrer 30 électeurs qui représentent des centaines d’autres personnes dans les organismes de la région», a déploré le directeur général de la CDC Sylvain Dupont.