Granby: hausse significative du salaire des élus

MUNICIPAL. Le conseil municipal de Granby souhaite voir la rémunération de ses dix conseillers bondir de 17,5 % et celle du maire, Pascal Bonin, grimper de 15 %. L’augmentation, jugée nécessaire par la majorité des élus, a été taxée de «nettement exagérée» par le seul qui s’y est opposé, Jean-Luc Nappert.

Un avis de motion a été donné lundi soir lors de la séance régulière du conseil ; le nouveau règlement modifiant le salaire des élus devrait quant à lui être adopté lors de la prochaine réunion, le 5 mars. La rémunération totale des conseillers passerait ainsi de 34 402 $ à 40 423$ et celle du premier magistrat, de 104 160$ à 119 784 $. Cette décision s’appliquerait de façon rétroactive au début de l’année.

Tenant également compte du Guide sur la rémunération des élus municipaux publié par l’Union des municipalités du Québec (UMQ), cette proposition résulte d’une analyse des salaires offerts par onze villes aux populations comparables. Selon le classement effectué, le maire de Granby, qui obtenait le huitième meilleur salaire du groupe, mettrait désormais la main sur le troisième, tout juste ceux de Drummondville et de Mirabel. Les conseillers passeraient, quant à eux, du huitième au quatrième rang des administrations municipales étudiées. Notons qu’une indexation annuelle de base de 2 % sera aussi applicable dès 2019.

Quand impopulaire rime avec nécessaire 

Le maire de Granby, Pascal Bonin, estime que le conseiller Nappert a fait une intervention «politique» qui visait à s’assurer que «le salaire des élus ne passe pas comme une lettre à la poste».

Le président du comité des finances, le conseiller Jocelyn Dupuis, est conscient que cette décision risque d’être impopulaire au sein de la population, mais estime qu’elle doit être prise afin d’assurer un certain rattrapage. «Nous savons très bien que l’opinion publique va être très, très sévère envers nous. Augmenter notre rémunération, c’est une tâche ingrate et c’est nous seuls qui peut le faire», a-t-il lancé.

Le conseiller du district neuf, Robert Vincent, estime quant à lui que cette majoration sera salutaire à long terme. «Si l’on veut avoir des jeunes, si l’on veut avoir des nouvelles idées, il faut que ce soit attrayant. Je ne dis pas qu’on veut être les premiers, mais on veut […] avoir un salaire décent par rapport à la population que l’on dessert et au travail qui se fait  […]», a-t-il plaidé.

Nappert y renonce

Ayant demandé le vote et ayant été le seul à s’opposer à cette augmentation, le conseiller du district deux, Jean-Luc Nappert, a défendu être mal à l’aise depuis que le sujet a été traité pour la première fois en séance préparatoire, il y a environ trois semaines. Ce dernier avait plutôt proposé à ses confrères et consœurs d’adopter une hausse de 5 %. Parce qu’il juge qu’elle est  «nettement exagérée», l’élu a pris la décision de renoncer à son augmentation de 17,5 %. «Il faut être conséquent. Je vous fais part que je prendrai les mesures pour qu’elle soit versée à différents organismes de la région», a-t-il fait savoir.

Ce dernier a d’ailleurs énuméré plusieurs causes entre qui ou à qui cette somme pourrait être versée, par exemple soit la Fondation pour la sauvegarde du territoire des écosystèmes du territoire de la Haute-Yamaska (SÉTHY), la Fondation Ma Vie En Main et la Fondation Gérard-Bossé. Ce dernier a néanmoins fait savoir son intention de conserver l’ajustement annuel de 2 %.

Une question de «politique»

Admettant qu’il aurait aimé voir le conseil municipal prendre position de façon unanime, le maire, Pascal Bonin, juge que l’opposition de M. Nappert contribue en quelque sorte à «dévaloriser le travail des élus» et est «politique plus qu’autre chose». Rappelant que l’augmentation de 2,5 % votée en 2014 n’avait permis aucun rattrapage salarial comparativement aux villes de taille similaire et que Granby avait plutôt glissé dans le palmarès depuis, ce dernier juge que la proposition de son collègue n’aurait rien réglé. «Proposer 5 % et de ne rien bouger, c’est de prendre le problème et de le donner à un conseil municipal futur. Ça s’appelle pelleter par avant, ça s’appelle rien faire», a-t-il lancé lors de la séance.

«Le but de l’intervention, c’était que le salaire des élus ne passe pas comme une lettre à la poste», ajoute-t-il. Il a souligné que M. Nappert, qui affirme vouloir être fidèle à ses convictions, a refusé la hausse salariale sans toutefois mettre une croix sur son allocation de transition, une prime qu’il avait pourtant dénoncée lors de la dernière campagne électorale.

S’il est conscient que cette décision risque d’être critiquée par les Granbyens et Granbyennes,  Pascal Bonin la juge essentielle. Il va dans le même sens que Robert Vincent, jugeant qu’un salaire plus élevé contribuera à attirer des talents prometteurs autour de la table du conseil. Le tableau comparatif des villes et des salaires qui a mené à cette prise de décision devrait être disponible sur le site web de la ville dès mardi (www.ville.granby.qc.ca).