Granby: zone de turbulence chez Protec-Style

ÉCONOMIE. Promis à un bel avenir, l’entreprise Protec-Style, de Granby, traverserait une période difficile. Spécialisée dans la création de textiles innovants à base d’asclépiade (ou soie d’Amérique), la PME n’aurait pas opéré son usine de transformation de la rue Bernard de l’été, a appris GranbyExpress.

Une porte d’usine verrouillée, un stationnement désert et une ligne téléphonique toujours occupée. De l’extérieur, les activités de Protec-Style semblent tourner au ralenti comme l’a constaté GranbyExpress lors de son passage à l’édifice de la rue Bernard, la semaine dernière.

En entrevue avec GranbyExpress, le directeur général de Granby Industriel, Patrick Saint-Laurent, s’est dit tourmenté par la situation actuelle entourant les opérations de Protec-Style.

«Est-ce que c’est préoccupant? Évidemment.» «Je suis très transparent et très honnête, je n’ai pas d’information. J’ai des questions à leur poser (aux responsables l’entreprise) et je veux savoir: ont-ils besoin de notre aide?», a déclaré M. Saint-Laurent.

Lancée dans les locaux du Centre d’innovation et de technologies industrielles de Granby (incubateur industriel) il y a quelques années, Protec-Style semblait vouée à connaître le succès avec la commercialisation de la fibre traitée issue de l’asclépiade.

«Protec-Style a démarré ici (dans l’incubateur industriel) et quand elle est partie, il y avait une quinzaine d’emplois», a tenu à rappeler M. Saint-Laurent. «Est-ce temporaire ou contextuel (le ralentissement des activités)? Je suis un peu préoccupé.»

Même si l’incertitude plane sur Protec-Style, le DG de Granby Industriel croit encore au potentiel et aux vertus de l’asclépiade. «Avec cette plante indigène, ils ont découvert des créneaux et des propriétés» pour en faire notamment des vêtements isolants et des absorbants pétroliers que la Garde côtière utilise.»

Investisseurs recherchés
Contactée par TC Media, la présidente de Protec-Style, Janique Scott, confirme que l’entreprise doit trouver du financement pour la viabilité de l’entreprise.

«Il faut dire qu’il y a énormément de demandes pour le produit de l’asclépiade, confirme Janique Scott, présidente de Protec-Style qui gère les Industries Encore 3 (une usine de première transformation basée à Saint-Tite). Mais nous avons besoin de faire des investissements importants et nous sommes à la recherche de financement. Il y a d’un côté les Industries Encore 3 et Fibre Monark (qui commercialise les technologies développées par Protec-Style). Il s’agit d’une première mondiale, et ce sont de grosses entreprises qui ont besoin de beaucoup de financement. Nous sommes à l’étape de passer d’une ligne pilote à une ligne industrialisée. Pour les Industries Encore 3, la seule raison qu’il n’y a pas d’activité, c’est que l’extraction de l’année passée est terminée, et nous sommes en attente de la prochaine récolte.»

Les différents paliers gouvernementaux ont été sollicités par l’entreprise pour des demandes de financement.
Toutefois, Mme Scott avoue qu’il doit y avoir des avancées technologiques importantes pour que la fibre de l’asclépiade, la soie d’Amérique, soit de bonne qualité. «Cette année, nous avons été heureux de constater que la récolte est là. C’est maintenant prouvé que la production de la plante se fait.C’est au niveau des techniques d’extraction qu’il y a beaucoup de chemin à faire. Nous avons la technologie dans nos usines pour faire l’extraction de la fibre propre, à taux d’humidité X. L’obtention de contrats qui permettra la viabilité de l’entreprise est directement liée à la qualité de la fibre.»

Les Industries Encore 3 s’attendaient à recevoir 200 hectares de récolte de l’asclépiade, mais Mme Scott est toujours en attente de cette confirmation par la Coopérative Monark, sise à Saint-Tite. «On avait demandé 200 hectares cette année.»

Mme Scott affirme que les défis étaient grands depuis les débuts pour le démarrage des trois entreprises (Encore 3, Fibre Monark, et Protec-Style). «On a dû monter la structure de la matière première jusqu’au produit fini. C’est un vrai tour de force, et c’est important que les gens le sachent.»

Avec la collaboration de Patrick Vaillancourt