Les grandes villes gagnent des emplois, les régions rurales en perdent

ÉCONOMIE. Les grandes villes du Québec mettent la main sur la majeure partie des nouveaux emplois alors que les municipalités rurales et les agglomérations de moins de 10 000 habitants voient disparaître les leurs. Le président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM), Jacques Demers, en conclut que la croissance économique des dernières années ne s’est pas étendue aux régions.

Reprenant les données de l’Institut de la statistique du Québec, la FQM rappelle que 80 % des emplois créés en 2016 et plus de 60 % des emplois créés en 2017 l’ont été dans la région métropolitaine de Montréal.

Statistique Canada nous apprend par ailleurs qu’il s’est créé plus de 265 000 emplois dans les milieux urbains depuis 2012 alors que les régions rurales et les petites localités ont vu disparaître 48 300 emplois sur leur territoire. Une baisse de 4,6 %.

«Entre décembre 2015 et décembre 2017, soit la période durant laquelle la croissance de l’emploi au Québec a été la plus marquée, les municipalités desservies par la Fédération ont perdu 23 00 emplois. On peut donc dire que si le Québec a connu une hausse importante du nombre d’emplois, cette croissance ne s’est pas étendue aux régions», indique le président de la FQM et préfet de la MRC de Memphrémagog, Jacques Demers.

Entre 2011 et 2016, le nombre d’emplois a notamment baissé de 0,7 % dans les MRC de Brome-Missisquoi et du Haut-Richelieu, de 1,3 % en Haute-Yamaska et de 1,6 % dans Rouville.

Il est également intéressant de noter que le nombre de chômeurs a diminué du quart (de 81 900 à 61 000 individus), entre 2012 et 2017, dans les régions rurales et les petites agglomérations.

«Le vieillissement de la population (et le non-remplacement des travailleurs âgés qui quittent pour la retraite) entraîne une baisse de la population active. Ça explique pourquoi le taux de chômage baisse en même temps que le nombre d’emplois disponibles diminue», précise M. Demers.

Renverser la vapeur

En région, la pénurie de main-d’œuvre pose problème à certaines entreprises qui doivent recruter des employés dans les grands centres et les transporter jusqu’à leur lieu de travail, avant de les ramener chez eux en fin de journée.

Selon la FQM, on doit multiplier les efforts pour attirer des familles, des travailleurs autonomes, des travailleurs immigrants et des entrepreneurs étrangers à la campagne et dans les petits centres.

«L’augmentation de l’immigration en région constitue une partie importante de la solution, non seulement dans la ville centre, mais également dans les plus petits centres de population. Un soutien gouvernemental approprié aux différentes instances de développement local et région, qui font un travail remarquable pour attirer la main-d’œuvre et les entreprises en région, est également nécessaire», indique l’auteur d’une note économique rendue publique par la FQM le mois dernier.

Le président de l’organisme abonde dans le même sens et rappelle que la revitalisation des régions passe par l’arrivée de nouveaux citoyens qui consomment les produits et utilisent les services disponibles sur place..

«La survie de plusieurs petits établissements commerciaux (épiceries, dépanneurs, stations d’essence, etc.) en dépend», insiste M. Demers.

Ce dernier préconise par ailleurs une «politique agressive de décentralisation de l’administration publique» vers les villes centres, les petites agglomérations et les municipalités rurales.

«Pourquoi ne pas sortir les fonctionnaires des grands centres et les amener en région?», lance-t-il.