Il y a 40 ans, les Jeux olympiques à Bromont

HISTOIRE. Il y a quarante ans, le moteur sportif du monde entier tournait autour de Montréal, qui accueillait alors les Jeux olympiques d’été. À moins d’une centaine de kilomètres de la métropole, Bromont, vieille d’une douzaine d’années, tenait les épreuves d’équitation au centre équestre olympique. Retour sur une période fertile en souvenirs.

Rien d’acquis

Avant même que s’amorcent les deux années de préparation du site qui accueillerait la prestigieuse compétition, il était loin d’être acquis que le volet équestre des Jeux olympiques allait avoir lieu à Bromont. Montréal s’était vu accorder l’organisation des Jeux en mai 1970. Dès la fin des Jeux de Munich, en 1972, un comité, dans lequel se trouvait Roger Deslauriers, se forme dans l’intention d’attirer le volet équestre à Bromont.

La Ville posait sa candidature deux ans plus tard, en avril 1974. La Fédération équestre internationale (FEI) penchait alors à l’unanimité vers Saint-Lazare. «Le site de Saint-Lazare se prêtait bien aux compétitions équestres d’envergure à cause de son sol sablonneux. Lors de la préparation de la présentation, nous insistions pour offrir quelque chose qui ne s’était pas vu ailleurs. Il a fallu travailler fort», raconte M. Deslauriers.

C’est ainsi que le comité élabore un segment de piste d’un peu plus d’un kilomètre, et de dix mètres de large, préparé à la hâte juste à temps pour la visite du prince Philip, alors à la tête de la FEI, qui sera accueilli à bras ouverts par Roland Désourdy, le fondateur de Bromont.   

«Nous étions en train de nous faire battre par Saint-Lazarre. Nous avons donc préparé cette piste en une soirée, de 19h jusqu’à 2h du matin. Il y avait environ 80 camions dix roues un peu partout», se remémore M. Deslauriers.

En mai 1974, Bromont gagne son pari. Allait ensuite se mettre en branle un imposant chantier évalué à l’époque à 4,5 M$, qui débouchera sur la construction d’écurie, de pistes, d’estrades pouvant recevoir 20 000 personnes et d’aires de stationnement. «Le parc équestre n’existait pas du tout, en fait c’était une swompe», image M. Deslauriers. 

L’euphorie

L’aventure olympique se traduit par onze jours de compétitions et voit défiler en tout 310 athlètes provenant d’une vingtaine de pays. Certains jours, jusqu’à 50 000 spectateurs envahissent le site.

Le cross-country du concours complet demeure l’épreuve la plus courue, une popularité soutenue entre autres par la présence de la princesse Anne.    

«La frénésie on s’en rappelle très bien, relate Diane Potvin, guide touristique et employée du Centre culturel Saint-John. Mes parents avaient la maison au coin de la rue Shefford et de Gaspé. Beaucoup de la circulation se faisait par cet endroit, incluant l’imposante sécurité.»    

Dans la foulée des attentats aux Jeux de Munich, pas moins de 450 hommes sont déployés pour assurer le bon déroulement des événements, peut-on lire dans l’ouvrage Bromont, cinquante années de réalisations, de Mario Gendron.  

Pauline Quinlan, quelque 22 ans avant qu’elle obtienne un premier mandat à la mairie de Bromont, replonge dans ses souvenirs. «C’est un moment assez marquant. C’était l’euphorie, nous étions très fiers. D’être en contact avec ces athlètes, c’était formidable.»

«On sentait que c’était fait avec nous et parmi nous», résume Mme Potvin.

Michel Vaillancourt enlève la médaille d’argent

Si le concours complet a attiré son lot de visiteurs, l’un des moments les plus marquants demeure l’inattendue médaille d’argent de Michel Vaillancourt au saut d’obstacles. Le cavalier devenait le premier Canadien à remporter une médaille individuelle en sports équestres aux Jeux olympiques. La victoire du Québécois fera sensation auprès des médias. «Les cris de joie des gens d’ici ont fusé. Le Québec démontrait qu’il pouvait faire de bonnes choses dans cette discipline», se remémore Pauline Quinlan, qui était dans les estrades lors de l’exploit.

Legs

Quatre décennies plus tard, l’héritage des Jeux olympiques de 1976 se mesure entre autres en infrastructures sportives. Le Centre équestre olympique, haut lieu des compétitions, est l’hôte d’épreuves de calibre international.    

Bromont mise sur un aréna, construit dans la foulée du passage des Jeux et qui servait de cafétéria pour les athlètes, tandis que la cinquantaine de logements se trouvant tout près les hébergeaient.  

«Les Jeux ont mis Bromont, qui était une toute petite ville à l’époque, sur la map au niveau international», de conclure Roger Deslauriers.

Et c’est sans compter toute la relève générée par la victoire de Michel Vaillancourt, incluant les Mario Deslauriers, Éric Lamaze et Alain Vaillancourt. 

Visite royale

Parmi les spectateurs du concours complet se trouvait la famille royale britannique, venue admirer les performances de la princesse Anne. La reine Elizabeth II s’était déplacée en famille, avec ses trois fils. Des banderoles aux couleurs des anneaux olympiques avaient été installées le long des rues de Gaspé et sur Shefford notamment. La famille royale avait loué une maison privée sur la rue Champlain.  

Certains se rappellent la cérémonie religieuse à laquelle elle a assisté, avec une centaine d’invités, dans l’ancienne église anglicane, devenue depuis le centre culturel St-John.     

«Tout était fait dans la sobriété, elle était parmi la foule et a pris le temps de saluer les gens. Elle représentait quand même la chef de l’Église anglicane, et pour la petite église de Bromont, c’était quelque chose d’imposant», décrit Diane Potvin.      

«La participation de la princesse Anne, c’était une belle carte de visite pour nous», relate Roger Deslauriers.   

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