La Brasserie Vrooden ferme le robinet de la bière
PRODUCTION. PRODUCTION. La pandémie et la surpopulation de microbrasseries au Québec auront finalement eu raison des activités brassicoles de la Brasserie Vrooden. Après six ans d’opération, l’entreprise d’Hervé Gagnon et de Carol Duplain cesse sa production de bière afin de se concentrer sur le Makgeolli ; un vin de riz très prisé en Corée du Sud, et sur le développement d’un saké ; une boisson alcoolisée japonaise.
«C’est un changement de vocation. Au niveau de la bière, la pandémie a changé les conditions du marché, mais il y a d’autres facteurs. En 2016, nous étions la 119e microbrasserie à faire son entrée selon notre numéro de permis de la Régie (des alcools, des courses et des jeux). Aujourd’hui, ils (brasseurs) sont certainement 350 et d’ici les 12 prochains mois, ça va dépasser les 400 (microbrasseries). Il y a eu une explosion de microbrasseries et une explosion de l’offre ; ce qui fait que la compétition est féroce pour les marchands et les détaillants», a expliqué Hervé Gagnon en entrevue.
Selon le brasseur granbyen, la crise sanitaire est venue aussi changer la donne dans le secteur de la bière artisanale avec la modification de la règlementation. «Ces changements ont permis aux broue-pubs, qui brassent sur place et qui ont un restaurant, d’embouteiller et de distribuer leurs produits (…). Quand on regarde tous les efforts que l’on met et qu’-est-ce qu’il reste au bout de la semaine, le jeu n’en valait plus chandelle», a laissé entendre M. Gagnon.
Pour réussir dans le marché de la bière de microbrasserie, un brasseur doit minimalement dégager 30 % de ses revenus grâce à sa communauté, soutient notre interlocuteur. Or, la PME de la rue Simonds Sud n’a jamais atteint cet objectif. «J’ai 51 ans et mon associé à 52 ans. On n’a pas de relève et à un moment donné, il fallait prendre une décision (…). Le nombre de fois où des clients de Granby sont arrivés en nous disant : on ne savait pas que ça existait. C’est sûr qu’on a une part du blâme à prendre de notre côté dans le sens qu’on n’a -peut-être pas fait assez de publicités et de marketing.»
Devant ces constats, le duo Gagnon-Duplain a plutôt fait le choix de liquider ses équipements de production de bière aux Brasseurs du Moulin, une microbrasserie établie à Beloeil. Quant aux stocks de bière évalués à environ 9000 litres, ceux-ci ont été vendus à la chaîne de boutiques Tite Frette qui les écoulera dans les prochaines semaines. Pour les habitués du salon de dégustation du Vrooden, celui-ci sera ouvert jusqu’au samedi 3 septembre.
«On est un peu déçu de la fin. On aurait bien aimé continuer, mais le marché n’était pas au rendez-vous», a confié M. Gagnon.
La makgeolli et le saké
Après les bières allemandes et les produits sans alcool, Vrooden se concentrera maintenant sur la production d’un vin de riz ; le Makgeolli, commercialisé sous la marque Geonbae. Fait à base de riz, de blé et d’eau, cette boisson s’apparente au Saké ; ce produit très prisé par les Japonais. Pour l’heure, les deux brasseurs granbyens sont toujours en attente d’une décision de la Société des alcools du Québec (SAQ) afin de l’offrir aux consommateurs québécois.
«On s’attend d’avoir sous peu le feu vert de la SAQ pour expédier nos 1400 bouteilles (…). Pour le saké, on est en train de le développer», a laissé entendre Hervé Gagnon. «On espère que ça va être le début d’une nouvelle aventure fructueuse.»
Par ailleurs, une personne verra à la production du Makgeolli et du saké. En effet, l’autre actionnaire de Vrooden, Carol Duplain, poursuivra les opérations. De son côté, Hervé Gagnon relèvera un nouveau défi professionnel bien qu’il demeure toujours impliqué dans l’entreprise. «Pour moi, la microbrasserie, c’est fini.»