La carrière de marbre Missisquoi reprend du service
La carrière de marbre Missisquoi, qui a mis Philipsburg sur la carte au siècle dernier, reprend du service. Le nombre d’emplois générés par la reprise des activités et la quantité de pierre extraite du gisement n’ont évidemment rien à voir avec ceux des belles années, mais les débuts n’en sont pas moins prometteurs.
Le Parlement canadien, la Cour suprême du Canada, le Château Frontenac, l’École des Beaux-arts de Montréal, l’édifice de la Sunlife, la Basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré, le Musée royal de l’Ontario et la majorité des édifices gouvernementaux provinciaux (Toronto, Edmonton, Halifax, Charlettetown, etc.), ont au moins une chose en commun. Ces immeubles à l’allure imposante ont tous eu recours à du marbre de la carrière Missisquoi, à Saint-Armand, comme pierre décorative.
Les nombreuses variétés de marbre extraites du site de Saint-Armand ont été utilisées dans un grand nombre d’édifices publics et privés partout au Canada, principalement pour la décoration intérieure, mais aussi comme pierre à bâtir et comme pierre à monument (socle du monument Louis-Hippolyte La Fontaine, Mémorial de la guerre à Philipsburg).
La carrière de la compagnie Missisquoi Marble and Stone Corporation a été exploitée de façon presque continue entre le début des années 1900 et la fin des années cinquante, soit de 1905 à 1962. La qualité du gisement et la situation géographique du site (à moins d’une heure de Montréal et à quelques kilomètres de la frontière canado-américaine) ont contribué au succès de l’entreprise.
La Missisquoi Marble opérait à l’époque la plus importante carrière de marbre au Canada et était la seule à posséder les installations permettant de transformer un bloc de marbre brut en fines tranches pour l’industrie. On y dénombrait près de 300 employés (excavation minière, transformation et pose).
«La carrière Missisquoi était considérée comme l’une des trois plus importantes de l’est de l’Amérique du Nord avec celles de la Vermont Marble et de la Georgia Marble», signale Jean-Nil Bouchard, responsable de l’exploration et du développement chez Polycor. Inc.
Reprise des opérations
Omya Saint-Armand, actuel propriétaire de la carrière Missisquoi, a loué la partie sud du gisement à Polycor Inc. en 2006. Le producteur de carbonate de calcium se réserve la partie nord du site pour combler d’éventuels besoins.
Polycor Inc. se spécialise depuis 1987 dans l’extraction et la transformation de la pierre naturelle. Cette entreprise, dont le siège social est situé à Québec, possède plus de 25 carrières et cinq usines de fabrication. Elle produit 1,5 M de pieds cubes de blocs bruts chaque année.
«Trois ou quatre de nos carrières fonctionnement à longueur d’année. Les autres opèrent de façon intermittente, selon la demande», indique M. Bouchard.
À Saint-Armand, les neuf employés de Polycor Inc. découpent le marbre en blocs à l’aide d’un câble diamanté (scie à diamants).
«L’opération est menée de façon quasi chirurgicale et tient compte des particularités de la pierre. Il n’est pas question ici d’utiliser de la dynamite», ajoute M.Bouchard.
Les blocs de calcaire microcristallin (marbre) extraits de la carrière Missisquoi sont par la suite hissés sur des plateformes et vendus à des compagnies spécialisées dans la restauration des édifices publics ou acheminés à des usines de sciage pour être transformés en tranches ou en tuiles (carreaux).
«Dans les belles années de la Missisquoi Marble, le marbre de couleur gris pâle à gris foncé – connu sous le nom de Missisquoi – était particulièrement en demande. De nos jours, il existe un gros marché pour le Wallace au niveau de la décoration résidentielle (cuisines et salles de bain) et la décoration commerciale (halls d’entrée, ascenseurs, toilettes des hôtels et édifices publics). Il s’agit d’un marbre de couleur noire dont le lignage rappelle un peu celui du bois», précise M. Bouchard.
Les employés de Polycor Inc. partagent leur temps entre la carrière Missisquoi (sept à neuf mois par année) et celle de Havre-Saint-Pierre, au gré de la demande. À l’heure actuelle, la quantité de pierre extraite du site de Saint-Armand ne dépasse guère quelques centaines de mètres cubes (de 500 à 600 tonnes) par an, mais ce n’est qu’un début…
«La relance d’une carrière est un long processus. Il faut comprendre que le marbre de Saint-Armand revient dans le décor après une absence de 40 ans. Il faut rebâtir le marché, relancer les architectes spécialisés dans la restauration des édifices patrimoniaux», explique l’employé de Polycor Inc.
Ce dernier attribue également la faible demande à l’augmentation des coûts d’énergie, la force du dollar canadien et la baisse des exportations vers l’Asie.
Avec une réserve de marbre pouvant satisfaire à la demande pour une période 50 à 100 ans, Polycor Inc. fonde de grands espoirs sur la carrière de Saint-Armand.
Le marbre de la carrière Missisquoi d’un océan à l’autre
Le marbre extrait de la carrière de Saint-Armand a servi à la décoration intérieure de nombreux édifices publics et privés partout au Canada.
Montréal
Magasin Eaton
Gare Windsor
Université McGill
Université de Montréal
École des Beaux-arts
Édifice de la Sun Life
Québec
Château Frontenac
Université Laval
Basilique Ste-Anne-de-Beaupré
Chapelle Mgr Laval
Bureau de poste
Édifice Bell Téléphone
Ottawa
Parlement canadien
Édifice de la Confédération
Cour suprême du Canada
Château Laurier
Hôtel de ville
Gare Union
Toronto
Parlement de l’Ontario
Banque de Toronto
Édifice de la Canada Life
Édifice du Globe & Mail
Hôpital Sunny Brook
Musée royal de l’Ontario